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Le bon protectionnisme, c’est celui du peuple-classe ! C Delarue

mercredi 25 mars 2009, par Amitié entre les peuples

Le bon protectionnisme, c’est celui du peuple-classe !(1)

Protectionnisme contre libre-échange, un débat biaisé.

Le débat est (re)lancé dans ATTAC à propos des « alternatives au libre échange ». Les économistes du Conseil scientifique d’ATTAC ont immédiatement « sorti » leurs contributions. D’autres sont aussi intervenus . Il y a déjà eu des échanges entre Bernard Cassen et Michel Husson ou Jacques Sapir et Pierre Khalfa (voir liens en note) . L’introduction pour un débat élargie a été menée par Geneviève AZAM. Cette courte note n’est certainement pas exhaustive.

Le libre-échange c’est une protection cachée des profits.

ATTAC ne se dit pas protectionniste alors que l’association s’oppose au libre-échange de l’OMC. Cette Organistation Mondiale du Commerce défend le libre-échange par la « suppression des obstacles tarifaires et non tarifaires aux échanges ». Ce faisant l’OMC entend placer l’ensemble du nouvel ordre économique social et politique sous la logique du marché et donc sous la coupe des grandes multinationales. Ce que conteste le mouvement altermondialiste qui milite pour la réhabilitation du politique et des citoyens : ALENA en 1994, AMI en 1997, etc.

ATTAC se bat aussi contre les Accords de Partenariat Economique - APE - qui sont imposés aux peuples-classe des pays ACP (Afrique-Caraïbes -Pacifique) par les dirigeants de l’Union Européenne car ces accords opère une spoliation des sociétés transnationales de la Triade (ou les FMN du Nord).

Pourquoi ne pas se dire protectionniste ? C’est Geneviève AZAM qui précise : « Dans le libre-échange nous ne contestons pas l’échange mais la mise en concurrence ». Le concurrentialisme impose la lutte commerciale entre acteurs de force très inégale, entre le loup et la poule ! Le libre-échange s’analyse in fine comme une protection cachée des profits des grandes entreprises pour répondre à la crise de rentabilité du capital. C’est ce protectionnisme-là qu’il faut faire sauter ! Or le protectionnisme national n’a pas cet objectif.

Le contraire du libre-échange c’est le protectionnisme... mais pour qui ?

Si le débat fait rage c’est surtout autour du pour ou contre le protectionnisme national. Et là, soudainement, on semble oublier le capitalisme dont le terme était imprononçable il y a peu ainsi que la lutte des classes laquelle lutte n’existe pas qu’au sein d’un pays, d’une nation. Il n’y a plus dans ce débat que le marché, les Etats et les sociétés transnationales. Or la crise du capitalisme néolibéral met en accusation non seulement la marchandisation généralisée mais aussi la finance libéralisée ainsi que l’appropriation privée, le tout faisant pression pour la restriction des salaires, de l’emploi, des protections sociales, des systèmes solidaires de santé et de retraites afin d’augmenter les profits, ceux des entreprises nationales et transnationales mais surtout ceux de grands actionnaires.

On comprend que la protection doit être ciblée.

C’est les peuples-classe du Sud mais aussi du Nord qu’il faut protéger des minorités riches prédatrices. Les peuples-classe doivent pouvoir se protéger des oligarchies financières et plus largement des bourgeoisies, ce qui suppose des ruptures multiples mais des pouvoirs d’information et de décisions démocratiques sectorielles. Le protectionnisme sans adjectif, celui ou tous les chats sont gris, protège « la nation » et derrière cette « union sacrée » la petite minorité d’en-haut et le cas échéant certaines couches sociales du peuple-classe. Ce qui ne signifie pas s’opposer à des nationalisations offensives, bien au contraire. La généralisation de la gestion publique des biens publics s’oppose à la généralisation marchande. Elle favorise la protection des écosystèmes ainsi dégagés des logiques marchandes.

Marchandise ou rente financière ?

Jean-Marie Harribey pose la question : Pourquoi les multinationales auraient-elles besoin absolument du libre-échange si elles n’avaient développé leur investissements partout dans le monde, développement permis par la levée de tous les obstacles à la circulation des capitaux ?

Il faut réintroduire la logique de l’accumulation du capital comme principe premier et ne pas lui substituer le libre-échange. Poser le libre-échange comme premier c’est penser le capitalisme comme étant sous dominante commerciale et non sous dominante financière. Poser le libre-échange comme grand combat c’est réduire la portée du combat à mener et adopter une stratégie simpliste. Poser comme premier le libre échange c’est l’élever au titre de projet de société (comme le capitalisme) ce qu’il n’est pas. Il n’est qu’un moyen. « Libre-échange et protectionnisme » est donc un débat qui ne s’effectue pas sur notre terrain (François Chesnais). Ils ne sont dit Jean Tosti que les deux facettes d’une même lutte pour conquérir des parts de marchés

Christian Delarue
ATTAC

1) Les frontières du peuple-classe

Quelques contributions sur le débat libre-échange / protectionnisme :

Oui au protectionnisme par Christophe RAMAUX

http://www.politis.fr/Oui-au-protectionnisme,174.html

CONTRE LA PROLIFÉRATION DU COMMERCE INTERNATIONALInventer ensemble un « protectionnisme altruiste »

http://www.monde-diplomatique.fr/

Que protège le protectionnisme ? Michel Husson

http://www.pressegauche.org/

Le retour du protectionnisme Ignorants ou faussaires ? Jacques Sapir

http://www.monde-diplomatique.fr/

Réponse de Pierre KHALFA
Un tabou et un totem, le rapport entre le capital et le travail
A propos d’un article de Jacques Sapir

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?page=article_impr&id_article=13245