Accueil > Antifascisme - Antiracisme > Ethnicisation, racisation : constructions « théoriques » du racisme. > « Race », racisation, racialisation, racisme > Le MRAP, statut, liens entre différence et indifférence . C Delarue

Le MRAP, statut, liens entre différence et indifférence . C Delarue

mercredi 4 octobre 2017, par Amitié entre les peuples

Le MRAP, statut, liens entre différence et indifférence .

Contribution

Le MRAP (cf statut) est « une association laïque qui a pour objet de lutter contre le racisme, c’est-à-dire toutes discriminations, exclusions, restrictions ou préférences, injures, diffamations, provocations à la haine ou aux violences, à l’encontre d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur appartenance ou de leur non-appartenance, réelle ou supposée, à une prétendue « race », une ethnie, une nation, une culture ou une religion déterminées ».

Ce premier paragraphe (qui n’épuise pas son objet) est à rapprocher de l’article 225-1 du Code de Procédure pénale français qui considère comme une discrimination « toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, etc, etc, (longue liste de critères - 1), de leur appartenance ou de leur non appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée.

La formule « de leur appartenance ou de leur non appartenance, vraie ou supposée » relativise les identités pour porter le regard sur celui ou celle qui juge autrui. On notera après d’autres qu’il s’agit plus avec cette formule de poser un droit à l’indifférence qu’un droit à la différence. Il ne s’agit pas de savoir si c’est exact que la personne soit ou non de telle culture ou de telle religion mais de savoir s’il y a eu volonté de discriminer ou d’insulter (de façon raciste). C’est l’intention de l’agresseur qui est jugé et non l’identité de l’agressé.

Pour revenir au MRAP, on dira qu’il ne s’agit pas d’une association de défense de victimes (même si le MRAP prend évidemment la défense de victimes) mais une association citoyenne de refus du racisme en France. Nous voulons un pays et un monde sans racisme ni xénophobie . Il s’agit pour tous et toutes de vivre ensemble, libres et égaux, dans un pays sans racisme et donc de combattre le racisme.

Le MRAP est, à l’image de la culture dominante du pays (sur ce point), une association dite « color-blinded » qui non seulement ne nomme pas les Noirs et les Blancs (car cela produit l’effet contraire de celui recherché : la racisation) mais qui de plus ne met pas l’accent sur les différences. Ces différences existent sous le terme de « diversité » et ne sont donc nullement niées (sauf la « race ») mais elles ne sont pas exaltées, sacralisées, fétichisées. Ce qui ne signifie pas effacement, écrasement, banalisation et uniformisation par les haineux des différences car ces différences sont une richesse . Mais elles ne doivent pas nous éblouir (ou le contraire) au point de ne plus voir le commun.

« Double regard » (C Delarue - 2) qui voit certes la (ou les) différence(s) mais aussi le commun, et qui insiste surtout à voir la dignité humaine derrière la ou les différence(s). La thèse de « double regard » porte sur la dialectique entre la multiplicité des différences humaines visibles ou non (supposées), dont certaines forment identité et communauté d’appartenance, et l’irréductibilité fondamentale de tout être humain à un groupe d’appartenance . Cette irréductibilité vaut juridiquement y compris contre celui ou celle qui se déclare radicalement différent « par nature » . Le « double regard » relève aussi, en pratique, d’un exercice éducatif qui vaut pour une femme sexy, pour une personne handicapée ou pour une croyante voilée ou autre exemple car ce qui est perçu l’est bien (richesse et diversité) mais n’est pas l’essentiel : dignité on l’a dit mais aussi, liberté, égalité, fraternité et laïcité.

On peut concevoir des limites à certaines différences qui imposent une symbolique forte à autrui (pour protéger les mineurs par exemple). C’est le débat démocratique qui décide de ces exceptions. Il ne faut pas confondre non plus une différence avec une possible marque de soumission à un dispositif ou appareil autoritaire . Les différences à respecter le sont réellement que si choisies librement, donc non imposées .

Lorsqu’il s’agit de culture on ne va pas la ou les figer en bloc homogène car on va aussi mettre l’accent sur la diversité interne, sur les évolutions historiques, sur des tendances contradictoires qui surgissent . Dans toute culture des tendances sont progressistes et d’autres réactionnaires . Mais les différences existent et peuvent être une richesse mais néanmoins l’accent est mis sur la commune humanité .

Les enseignants du MRAP insistent à tout niveau pour aller derrière l’apparence des êtres, sans vouloir banaliser ces apparences (diversité textile et corporelle) pour maintenir la dignité de chacun ; tout comme un scientifique cherche à aller derrière l’apparence des choses pour trouver une vérité.

Christian Delarue - MRAP Rennes

1) Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques sur le fondement de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de la particulière vulnérabilité résultant de leur situation économique, apparente ou connue de son auteur, de leur patronyme, de leur lieu de résidence, de leur état de santé, de leur perte d’autonomie, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur capacité à s’exprimer dans une langue autre que le français, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une Nation, une prétendue race ou une religion déterminée.

Le même paragraphe est reproduit pour les personnes morales

2) La théorie du « double regard » de C Delarue - Amitié entre les peuples
http://amitie-entre-les-peuples.org/La-theorie-du-double-regard-de-C