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La vie des idées / Une révolution trahie ? L Dakhli

mardi 26 février 2013, par Amitié entre les peuples

Une révolution trahie ?

Sur le soulèvement tunisien et la transition démocratique
par Leyla Dakhli , le 19 février

La révolution en Tunisie s’est-elle retournée contre elle-même, portant au pouvoir un parti peu enclin à défendre les libertés individuelles ? Le processus démocratique est-il définitivement enterré ? La réalité, montre Leyla Dakhli, est bien plus complexe, et si trahison il y a, elle réside dans l’incapacité de la classe politique tunisienne à prendre en compte la demande de justice sociale.

XX

Le soir du 14 janvier 2011, un homme seul criait sur l’avenue Bourguiba : « Ben Ali hrab ! » (Ben Ali s’est enfui), célébrant ainsi la stupéfiante victoire d’une révolution. Dans ce cri, il fallait entendre l’admiration pour le peuple, l’amour pour la liberté, la tristesse pour les morts. Il était seul, dans le noir, sur cette avenue qui quelques heures plus tôt était envahie par la foule en colère. C’était un avocat, un de ces nombreux avocats qui soutinrent la révolte de toutes leurs forces.

Le 8 février 2013, plus de deux ans plus tard, c’est un autre lieu de la capitale, son principal cimetière, qui est envahi par la foule, une foule triste et enragée, venue accompagner un autre avocat révolutionnaire, Chokri Belaïd, devenu un opposant virulent, assassiné devant son domicile.

Entre ces deux moments, le peuple tunisien n’est pas sorti fêter sa liberté, ni crier sa colère d’une seule voix. Alors que les mobilisations se poursuivaient continûment dans le pays, une forme de déception, de découragement s’est installée. Depuis la révolution, pas une semaine ne se passe sans mobilisation, grèves, voire émeutes (dans certaines villes comme Le Kef, Sidi Bouzid, Siliana ou Gafsa, les affrontements avec les forces de l’ordre sont monnaie courante). Le sentiment d’une révolution trahie coexiste à présent avec le constat, visible, que le processus révolutionnaire est encore en cours. Comment expliquer ce paradoxe ?

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