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La richesse, la valeur et l’inestimable, Fondements d’une critique socio-écologique de l’économie capitaliste, par Jean-Marie HARRIBEY

dimanche 5 mai 2013, par Amitié entre les peuples

La richesse, la valeur et l’inestimable, Fondements d’une critique socio-écologique de l’économie capitaliste, par Jean-Marie HARRIBEY

Les Liens qui libèrent, 2013

Présentation et le sommaire sur ce pdf :

http://harribey.u-bordeaux4.fr/travaux/ouvrages/livre-richesse.pdf

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Résumé et présentation

La richesse est le trou noir de ladite science économique. Se réduit-elle à la valeur économique des marchandises produites par le capitalisme ? Pour sortir de la crise du capitalisme mondial, inédite par son ampleur et par son double caractère social et écologique, faut-il procéder à une fuite en avant productiviste ? La théorie économique dominante ne sait pas répondre à ces questions parce qu’elle assimile la valeur d’usage à la valeur d’échange, parce qu’elle postule que l’accumulation infinie du capital est porteuse de bien-être et parce qu’elle est persuadée que les forces libres du marché conduisent à l’optimum et l’équilibre pour la société.

Ce livre propose une critique sociale et écologique de l’économie capitaliste contemporaine en effectuant un retour sur l’économie politique, d’Aristote à Smith et Ricardo, et sur sa critique radicale accomplie par Marx : le travail est le seul créateur de valeur économique, et cette valeur acquiert une reconnaissance sociale à travers l’échange monétaire, que celui-ci soit marchand ou non marchand. Il s’ensuit que le travail effectué dans les services collectifs non marchands est éminemment productif, définissant un premier champ de la richesse autre que marchande. Mais ce dernier n’est pas le seul : s’ajoutent aussi celui des richesses naturelles et celui qui concerne toutes les formes non monétaires de la socialité.

On comprend alors la stratégie néolibérale consistant à repousser toujours plus loin les frontières qui séparent le monétaire du non-monétaire et le marchand du non-marchand pour agrandir constamment les premiers termes de ces deux binômes. Services publics, protection sociale, ressources naturelles, connaissances sont voués à sortir de l’espace du bien commun, utilisé à des fins non lucratives, pour entrer dans celui de la valorisation du capital. Toutes les instances internationales s’activent aujourd’hui pour donner un prix à la nature, aux services qu’elle rend, non pas pour mieux protéger celle-ci et pérenniser ceux-là, mais pour les faire entrer dans l’orbite du calcul économique de la rentabilité. De la même manière, ces institutions se sont emparées du thème de la définition de nouveaux indicateurs de richesse, afin d’additionner ce qui n’est pas additionnable, ignorant que tout ne relève pas de l’économique, poussant même jusqu’à réduire au même dénominateur valeur économique et valeurs éthiques.

Ainsi, la richesse ne se réduit pas à la valeur, la valeur d’usage ne se réduit pas à la valeur d’échange. Et ce qui est mesurable monétairement ne couvre pas ce qui est inestimable : sur notre planète et dans la vie des sociétés, il existe des registres incommensurables entre eux. La prétention de l’économie dominante est de penser pouvoir les agréger. L’ambition de ce livre est de refonder une critique théorique pour contribuer à réduire l’emprise de la création de valeur destinée au capital, à promouvoir celle qui est sans but lucratif pour répondre à des besoins sociaux, et à respecter les équilibres naturels qui sont sources de richesses indispensables à la vie. Là où le domaine du marchand se termine commencent celui du non- marchand et celui de la gratuité. Là où le travail productif aliéné recule s’ouvre la possibilité d’un travail productif de richesse collective.

Un ouvrage qui, déconstruisant la notion de valeur dans l’histoire économique, ouvre des perspectives novatrices dans la manière d’appréhender le rôle de l’économie dans nos sociétés.

Table des matières

Introduction : La valeur n’égale pas la richesse 7 1) Des transformations économiques contemporaines 8 2) Des ruptures épistémologiques 13

Première partie : Un débat resté longtemps ouvert 19

Chapitre 1 : Le problème posé par l’économie politique 23 1. La place du travail dans la conception de la richesse 24 1) Du travail commandé au travail incorporé 25 2) Qu’est-ce que le travail productif ? 27

2. Ricardo ou cette « obscure clarté » 34 1) La valeur-travail au sens strict ? 34 2) Une énigme non résolue 36

3. L’épistémologie de l’économie politique 38 1) La rareté 38 2) La monnaie 44 3) Les prétendues lois économiques 48

Chapitre 2 : La critique et le dépassement de l’économie politique 53 1. La critique de l’économie politique 54 1) Le double caractère de la marchandise 54 2) Le fétichisme de la marchandise et de l’argent 58

2. La valeur et les rapports sociaux 60 1) Le capital est un rapport social 61 Encadré : Intensité du travail et productivité du travail 62 2) Le statut de la force de travail 63

3. Le travail productif et l’accumulation du capital 67 1) Retour sur le travail productif 68 Schéma : Typologie de la richesse sociale 70 2) Circuit du capital et circuit monétaire 73

4. Profit et rente 80 1) La rente différentielle de Ricardo 80 2) Les différents types de rente chez Marx comme fractions de la plus-value 82 3) Rente et capitalisme néolibéral 83

5. La théorie de la valeur et la crise 85 1) Crise de production et de réalisation de la valeur 85 2) Le capital fictif 87

Chapitre 3 : La loi de la valeur en débat 91 1. Les valeurs et les prix de production chez Marx 92 1) La solution de Marx à l’énigme de Ricardo 92 2) De nouvelles questions 93

2. De la valeur au prix, la fin d’un débat ? 95 1) La réponse insuffisante inaugurée par Sraffa 96 2) Le théorème marxien fondamental 99 3) La redéfinition du salaire 100 4) La prise en compte du capital fixe 102 5) La valeur est monétaire 104

Schéma : La théorie de la valeur-travail reconsidérée 106 6) Le travail, unique substance commune aux marchandises ? 111

3. La critique de la critique de l’économie politique 115 1) Un mode de production parle-t-il d’économie ? 116 2) La thèse de la substance de la valeur : du substantialisme au naturalisme ? 124 3) Que retenir de cette longue discussion étalée sur un siècle et demi ? 130

Deuxième partie : Disparition de la valeur et évanescence de la richesse : de la vacuité néoclassique aux nouvelles fausses pistes 133

Chapitre 4 : La vacuité néoclassique sur la richesse et la valeur 137 1. Des prix sans valeur 138 1) L’impossible mesure de l’utilité 138 2) L’équilibre optimum introuvable 143

2. Sans théorie de la valeur, pas de théorie du profit ni du capital 145 1) Le déni de la plus-value 145

 D’où vient le profit ? 146

 À quoi sert le profit ? 146 2) La fonction de production et la notion de capital 154

Chapitre 5 : La valeur de la nature 158 1. Des valeurs sans prix ou l’impossible économie néoclassique de l’environnement 159 1) La nature n’a pas de valeur économique intrinsèque 160

 Additionner ce qui ne peut l’être ? 161 Encadré : L’analyse coûts-avantages et autres méthodes 162 - Mesurer l’utilité de la nature ? 164 Encadré : La valeur des chauve-souris, des abeilles et de la forêt 166 - Des méthodes d’ évaluation de l’ inestimable ? 169 - Mesurer la valeur du stock de la nature et celle des flux qui en sont issus ? 170 - Modéliser la substitution du capital à la nature ? 177

2) L’impasse néophysiocrate 182

2. La tentative vaine de valorisation marchande d’une richesse non économique 185 1) La gestion de la nature ne peut relever d’un ordre marchand 186 Schéma : La soutenabilité faible 187 2) Des méthodes d’évaluation sans fondement réel 190 3) Le prétendu prix de la vie 192 Encadré : Le projet Yasuni-ITT 195

3. Pour un retour critique à la critique de l’économie politique 195 1) L’économie politique au milieu du gué 196

2) La critique de l’économie politique confrontée à l’écologie 199 - Le métabolisme 200 - La soutenabilité 202 - Le dépassement de l’opposition entre anthropocentrisme et écocentrisme à travers l’idée de co-évolution humaine et naturelle 203

3) La nature sujet de droits ? 206

Chapitre 6 : L’économie de la connaissance et la valeur 212 1. Les mutations de la production et de l’accumulation capitalistes modifient-elles la source de la valeur ? 214 1) Une erreur sur le concept de valeur ? 216 2) Une confusion entre valeur et conditions de la valeur ? 223 3) Une confusion entre valeur et loi de la valeur ? 226

2. Les mutations de la production et de l’accumulation capitalistes modifient-elles la nature des rapports sociaux ? 229 1) Le travail est toujours matériel 230 2) La fétichisation du savoir 235 3) La fétichisation du capital et de la finance 241 4) Appropriation du savoir par le capitalisme ou crise du capitalisme ? 243

Troisième partie : Redéfinir la richesse et la valeur 247

Chapitre 7 : Le travail, la valeur, la monnaie, le marché et la crise 251 1. La nature sociale de la monnaie 252 1) La monnaie versus la valeur ? 252

Encadré : La valeur et les retraites 256 2) La monnaie expression ultime du désir ? 265 3) Un rapport social sans classes ? 271

2. Le travail et la monnaie comme rapports sociaux 276 1) Une nouvelle articulation entre richesse et valeur ? 277 2) Valeur et capitalisme 278 3) Le travail, catégorie anthropologique et/ou historique ? 281 4) Rapports sociaux, lutte des classes et monnaie 283

3. Du travail à la monnaie, au marché et à la crise 290 1) L’effondrement d’une fiction 291 2) Le marché après le capitalisme ? 293

 Le marché ne produit pas les normes 294 Encadré : La fiscalité écologique 297 - Marché et planification écologique 299

Chapitre 8 : Le débat sur la mesure de la richesse et de la valeur 303 1. Des conceptions biaisées de la valeur et de la richesse 309 1) En confondant richesse et valeur, utilité et valeur... 309 2) ... On est conduit à tout monétariser 311

2. Les conditions du bien-être et de la qualité de la vie 315 1) Quelle place pour le non-marchand dans une perspective de bien-être ? 316 2) Les multiples dimensions du bien-être ramenées à du capital ? 319

Encadré : De quelques problèmes méthodologiques 321 3) Que faut-il penser des indicateurs de bonheur ? 329

3. L’hypothèse intenable de la substituabilité entre les diverses sortes de « capitaux » pour fonder la soutenabilité 330 1) Additionner pour substituer 330 2) Vers un nouvel indicateur fétiche ? 337 3) L’économie toujours dominante ? 341 4) Hors des sentiers battus des indicateurs 343

Chapitre 9 : Vers de nouvelles conceptions de la richesse, de la valeur et de leur partage

347 1. Croissance de la richesse et développement humain 348 1) Éléments de débat sur l’alternative décroissance-développement 349 - Qu’est-ce que la décroissance ? 349 - Quelle transition ? 354 Encadré : Sur le découplage de l’utilisation de la nature par rapport à la croissance 357 - De la productivité ? 359 2) Essai de catégorisation des rapports entre croissance et développement 362 Graphique : Richesse et valeur entrelacées 363

2. Le travail productif dans la sphère non marchande 365

1) Lesdits prélèvements obligatoires sont des suppléments obligatoires en situation de sous- emploi 368 2) Mise en discussion de la thèse du travail productif dans la sphère non marchande 370

 Élargir le concept de valeur ? 371 - Abandon du concept de force de travail ? 372 - La production de revenu ? 373 - La monnaie, passerelle entre travail et lien social 375 - Du travail productif, de la monnaie et des rapports sociaux 383

3) Les trois moments de l’économie monétaire de production : anticipation, financement et paiement 387

3. Les biens publics, les biens collectifs et les biens communs 390 1) La conception économique traditionnelle se révèle trop étroite 392 2) Le néo-institutionnalisme et le droit de propriété 394 3) Le rôle des formes d’auto-organisation collective 395 4) L’oubli des rapports sociaux 397 5) Essai de méthodologie comparative 400

 Premier problème : distinguer le caractère des biens et leur mode de production et/ou

de gestion 400 - Deuxième problème : faire de la non-exclusion une décision 401 - Troisième problème : rejeter une conception naturaliste 401 Schéma : Les biens publics/collectifs/communs en trois dimensions 402

4. De la richesse et la valeur à la justice sociale 405 1) Économie et justice 406 2) Du travail abstrait et de la valeur à la justice sociale 414

 Le faux problème de la réduction du travail complexe en travail simple 416 - Théorie de la valeur-travail et justice 419 - La répartition du produit du « travailleur collectif » 423

 Valeur, division internationale du travail et justice 424 3) Vers la gratuité pour l’égalité et la sobriété 428 - Qu’est-ce que la gratuité ? 429 - La construction sociale de la gratuité 429 - La gratuité n’a pas de prix 430 - Le temps n’a pas de prix 431

Conclusion  : Le prix des choses et les choses de prix : richesse et valeur sens dessus dessous 433 1) Richesse et valeur, deux espaces partiellement conjoints, partiellement disjoints 436 2) De l’incommensurabilité 439 3) Du statut de la valeur fondée sur le travail 442

Annexes 451 Annexe au chapitre 1 : L’énigme de Ricardo 453

Annexe au chapitre 2 455 1. L’analyse du circuit 455 2. Le taux de profit 458

Annexes au chapitre 3 460 1. Les prix de production et la marchandise-étalon de Sraffa 460 2. La double égalité marxienne 462 1) Présentation de Duménil et Foley 463 2) Présentation de Lipietz 464 3. Comment passer de Sraffa à Marx ? 466 3.1. Formulation 467

 Sraffa 467

 Marx 467 3.2. Application numérique 469 - Sraffa 469 - Le passage au système de Marx 474 3.3. Généralisation : du travail au travail réalloué 479 3.4. La prise en compte du capital fixe 480

Annexe au chapitre 5 : L’élasticité de substitution entre les facteurs de production 484

Annexes au chapitre 7 486 1. Exploitation de la force de travail et taxe écologique 486 2. Le choix entre les instruments économiques de gestion de la nature 487

Annexes au chapitre 9 491 1. Le bouclage macroéconomique d’un système marchand et non marchand 491 Schéma : Le circuit capitaliste 495 2. L’échange de quantités de travail 496

Bibliographie 499 T able 537

http://harribey.u-bordeaux4.fr/travaux/ouvrages/livre-richesse.pdf