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La rafle du Vel d’Hiv un crime antisémite impardonnable - Mémorial 98

lundi 18 juillet 2022, par Amitié entre les peuples

La rafle du Vel d’Hiv un crime antisémite impardonnable

par Mémorial 98

Le 80e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv se déroule dans un contexte particulier.
D’une part la campagne présidentielle de Zemmour, portée par l’empire médiatique de Bolloré, a replacé au devant de la scène la propagande pro-Pétain du chef de Reconquête.
Depuis 2014, date de la parution de son livre Le Suicide français, il ne cesse de défendre le mythe d’un maréchal sauveur de Juifs français. Il passe ainsi sous silence les persécutions et déportations de ces derniers, notamment des enfants nés en France et avalise l’idée que la déportation des Juifs « étrangers » était licite voire souhaitable, au nom de la « Préférence nationale ».
Cette campagne immonde s’est déroulée dans les suite d’une vague de propagande antisémite prenant pour appui et prétexte la pandémie du Covid.
Des étoiles jaunes ont été brandies par les opposants organisés à la vaccination. Ils ont osé dénoncer un « pass nazitaire ».
Face à cette vague de négationnisme et de complotisme antisémite, diverses mobilisations se sont déployées, contre Zemmour et sa propagande mais aussi pour rétablir la vérité historique.

Les rescapé-es ont multiplié les témoignages.
De nombreux historiens-nes ont publié des textes et livres individuels et collectifs et ont assuré de nombreuses interventions.
C’est la cas notamment de Laurent Joly qui a poursuivi son travail de fond sur Vichy ( voir son entretien avec Memorial 98) jusqu’à aboutir à son ouvrage fondamental doublé d’un film

La rafle du Vel d’Hiv est la plus vaste opération d’arrestation de Juifs pendant la Seconde guerre mondiale en Europe occidentale, pour laquelle le régime de Vichy avait mobilisé la police française.

En effet les Allemands ont ordonné la livraison de dizaines de milliers de Juifs afin de les massacrer dans les camps de la mort et ont délégué l’ensemble du travail de rafle à la police française de Vichy, commandé par René Bousquet. Celui-ci porte la responsabilité de cette rafle ainsi que de celle de Marseille mais n’a jamais été jugé. Après la guerre il fut réintégré dans les appareils financiers et politiques les plus élevés, devenant l’ami de François Mitterrand qui le recevait régulièrement.
Ainsi les raflés du Vel’ d’Hiv’ n’ont rencontré aucun soldat ou policier allemand, mais uniquement ceux de la police et de la gendarmerie de Vichy.
D’autres rafles avaient précédé celle-ci, dont celle du 20 août 1941.

Puis le 7 juin 1942, le port de l’étoile jaune entre en vigueur pour les Juifs de la zone occupée et ce dès l’âge de 6 ans. Il s’agissait ainsi pour les nazis de désigner et stigmatiser la population juive.

Les 16 et 17 juillet 1942, à Paris 12884 Juifs furent arrêtés par la police française jusqu’à la fin de l’opération le 17 juillet à 13 h. Les fiches des « absents » lors de la rafle restent dans les commissariats et des équipes spéciales font des visites régulières pendant plusieurs semaines, comme l’indique l’historien Laurent Joly dans son livre « L’ État contre les Juifs » ( voir ici notre entretien avec l’auteur)

Au total le nombre de raflé.e.s jusqu’au 20 juillet est de 13152.
1129 hommes, 2916 femmes et 4115 enfants sont enfermés dans l’enceinte sportive du Vélodrome d’Hiver. Les conditions sont effroyables, comme en témoignent les rescapé.e.s

Les raflés du Vel d’Hiv’ prennent la route de l’extermination

A partir du Vel d’Hiv’, les couples sans enfants et les célibataires (1989 hommes et 3003 femmes) sont internés au camp de Drancy.
Du 19 au 22 juillet, les familles du Vél’ d’Hiv’ sont quant à elles transportées dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande (Loiret) gérés par l’administration française.
Adultes et adolescents sont alors déportés en premier, par 4 convois entre le 31 juillet et le 7 août 1942.

Le sort des enfants

Brutalement séparés de leurs parents, environ 3000 enfants en bas-âge sont laissés sur place dans une affreuse détresse. Les parents ont été rapidement déportés vers Auschwitz, alors que les nazis n’ont pas encore donné leur réponse quant au sort des enfants.

La période durant laquelle les enfants internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande ont vécu séparés de leurs parents déjà déportés est décrite par les témoins comme un des moments les plus insupportables. Âgés de 2 à 15 ans, ceux-ci restent seuls durant plusieurs semaines. Désorientés par l’absence de leurs parents et vivant dans des baraques inadaptées à la présence d’enfants, ils vivent dans des conditions d’hygiène catastrophiques. Huit d’entre eux meurent durant cette période.

Dès le 6 juillet 1942, Theodor Dannecker, gradé SS en charge de la déportation des Juifs de France , avait informé son supérieur à Berlin, Adolf Eichmann : « Le président Laval a proposé que, lors de l’évacuation des familles juives de zone non occupée (sous responsabilité du régime de Vichy) les enfants de moins de 16 ans soient emmenés aussi. Quant aux enfants juifs qui resteraient en zone occupée, la question ne l’intéresse pas » (voir notamment Sarkozy jette aux orties la reconnaissance de la participation de la France à la Shoah
Sarkozy et le Front National : une liaison dangereuse et aussi en rapport avec le score maintenu du Front National Le Pen s’en prend aux enfants, dans la lignée de Laval )

Le 13 août 1942, les services d’Eichmann décident que les enfants doivent également être déportés : ils sont alors transférés vers Drancy et, de là, embarqués dans les convois partant pour Auschwitz entre le 17 et 31 août 1942. Aucun d’entre eux n’est revenu.
En France, 11458 enfants juifs furent déportés et massacrés. D’autres enfants furent cachés et sauvés
À ce jour, Serge Klarsfeld a identifié un seul enfant de moins de 16 ans déporté en 1942 et revenu vivant.

Le tabou de la responsabilité de Vichy

La responsabilité écrasante du régime de Vichy dans les déportations des Juifs de France est restée longtemps un sujet tabou,

Enfin, c’est seulement en 1995 lors de la cérémonie commémorative de la rafle du Vel’ d’Hiv en juillet que Jacques Chirac reconnut publiquement que les autorités françaises avaient accompli l’irréparable, en déclarant notamment : « Manquant à sa parole, elle (la France) livrait ses protégés à leurs bourreaux. »
Une partie de la droite a rejeté cette prise de position, soit ouvertement , soit en attaquant la « repentance » comme Sarkozy à plusieurs reprises, soit en défendant ouvertement Pétain comme Eric Zemmour, également candidat à la présidentielle de 2022.
Marine Le Pen a elle aussi mis en cause la responsabilité de Vichy lors de la campagne présidentielle de 2017.
Ce fut hélas aussi le cas de Jean-Luc Mélenchon, suivant en cela la ligne mensongère de son mentor Mitterrand, ami de Bousquet dont il a fait retarder le procès.

Nous rendons hommage à Pierre Arpaillange, ancien garde des Sceaux sous Mitterrand (1988-90)
C’est lui qui a déclenché une procédure judiciaire contre Bousquet
Dans ce dossier, Pierre Arpaillange s’est opposé à François Mitterrand et à son ministre Georges Kiejman, qui appliquait les consignes présidentielles.
Mitterrand a tout fait pour le procès de Bousquet, qui était son ami et son allié, ne se tienne pas.
Malgré ce blocage, le 25 septembre 1990, Arpaillange transmit des instructions écrites au procureur général près la cour d’appel de Paris afin de requérir des poursuites contre Bousquet. Malgré cette décision courageuse, Bousquet échappa à tout jugement car il fut abattu le 8 juin 1993 par un certain Christian Didier.

Hommage aux Justes

La police et la gendarmerie française, la hiérarchie préfectorale ont donc pris une part très importante dans le fichage et la traque des Juifs, y compris des enfants .

A l’inverse, des milliers d’enfants juifs, séparés de leurs parents, ont été cachés dans des familles ou dans des institutions, notamment religieuses, souvent sous de fausses identités mais aussi moyennant une rétribution. La médaille des Justes reconnaît les personnes qui firent tout ce qu’elles purent pour soustraire des enfants, mais aussi des familles entières, aux arrestations. La France compte à ce jour 2740 “ Justes parmi les nations ”. Des milliers d’enfants ont aussi été sauvés par des associations juives, notamment l’OSE (Oeuvre de Secours aux Enfants). Certains seront adoptés, d’autres grandiront dans des orphelinats, d’autres enfin gagneront la Palestine sous mandat britannique et le foyer national juif en devenir.

Hommage à des personnages qui ont montré leur humanité et leur détermination dans l’enceinte même du Vel d’Hiv. Il s’agit bien sûr des infirmières et assistantes sociales qui, telle Annette Monod-Leiris, se sont engagées dans l’aide concrète, mais aussi des pompiers du capitaine Pierret.
Ils étaient une demi-douzaine de pompiers a peine, et ont réellement fait dérouler les lances, passé des heures à distribuer de l’eau, et recueilli à eux seuls des centaines de messages qu’ils sont allés poster incognito le lendemain depuis des points différents de Paris, pour ne pas éveiller les soupçons de l’administration. Il y a eu plus. Un des pompiers qui était alors en congé s’appelait Ruben. Il était juif et le capitaine Pierret à envoyé le prévenir à son domicile, en lui recommandant de ne pas se représenter à la caserne. Ce jeune pompier juif a pu fuir avec sa mère en Espagne.
Pierret est aussi entré en résistance, fournissant les plans des installations militaires allemandes de Paris aux alliés.

Suite sur :
http://www.memorial98.org/2022/07/rafle-du-vel-d-hiv-un-crime-antisemite-impardonnable.html