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La quadruple dérive de la psychiatrie - Rencontre d’Olivier LABOURET - C DELARUE

samedi 4 août 2012, par Amitié entre les peuples

LA QUADRUPLE DERIVE DE LA PSYCHIATRIE

Rencontre d’Olivier LABOURET , médecin-psychiatre, vice-président de l’Union syndicale de la psychiatrie.

en 2009 (note modifiée en 2012).

Petit débat entre des réflexions issues de l’antiracisme et de la montée des violences policières, du retour de l’autoritarisme et d’autres plus d’ordre syndical et l’expérience de l’auteur - qui vient de publier chez Eres (sept 2008) La dérive idéologique de la psychiatrie (1) - sur la psychiatrisation contemporaine. Plus les problèmes sont politiques, économiques et sociaux et plus s’affirme un discours individualisant, psychologisant et culpabilisant débouchant sur la médicalisation et l’exclusion. Cette déculpabilisation du néolibéralisme a poussé Olivier LABOURET à s’engager dans ATTAC.

Son ouvrage critique UNE QUADRUPLE DERIVE :

L’auteur qui défend in fine une éthique de la psychiatrie et qui pense qu’une autre psychiatrie est possible (et nécessaire) pointe préalablement quatre grandes dérives :

1 - Dérive individualiste et « psychologique »

2 - Dérive scientiste, comportementaliste, et eugénique

3 - Dérive marchande, gestionnaire et managériale

4 - Dérive sécuritaire prétotalitaire

 Le renforcement de l’individualisme par une explication psychologique, voire médicale, univoque des conflits relationnels et socio-politiques ;

 L’emprise de plus en plus forte des explications scientistes de la souffrance morale, du comportementalisme à la neurobiologie et à la génétique, avec le spectre d’une sélection sociale des individus en fonction de capacités prétendument innées, bref le retour à peine voilé d’un eugénisme qu’on croyait enterré depuis la Libération ;

 Une orientation purement gestionnaire de la politique des soins, sélectionnant les patients selon des critères de rentabilité, et risquant de transformer les soignants en exécutants d’une stratégie managériale d’entreprise ;

 Une dérive sécuritaire accéléré de la politique psychiatrique, à travers des lois autoritaires qui se sont succédé ces dernières années et qui voient l’Etat actuel soucieux de psychiatriser toutes les formes de délinquances, de déviance et finalement de simple défaillance.

L’auteur remarque (p176) que « le comportementalisme et le scientisme avalisés par une grande partie de la psychiatrie instituée, et soutenue par les intérêts de l’industrie pharmaceutique, l’ordre ultralibéral conditionne la soumission des individus par la peur ».

Ce livre vient au bon moment faire faire le lien entre les analyses plus globales sur le sécuritarisme et d’autres lectures de philosophie critique comme Souffrances sociales d’Emmanuel Renault (auteur en 2000 du Mépris social) ou sur La lutte pour la reconnaissance d’Axel Honneth qui viennent en contrepoint des discours légitimant la « banalisation du mal » (formule de C Dejours).

Christian Delarue

1) La dérive idéologique de la psychiatrie est publié chez Eres (sept 2008 - 220 pages) et a pour sous-titre : Quand le Président se prend pour un psy c’est la France qui devient folle !

Voir : La Dérive Idéologique de la Psychiatrie - Attac France

http://www.france.attac.org/archives/spip.php?article11541