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La pseudo-naturalité des inégalités économiques de la droite Christian Delarue

mercredi 14 octobre 2020, par Amitié entre les peuples

La pseudo-naturalité des inégalités économiques de la droite

Face à un discours de droite mais aussi de centre gauche (soit donc ce qui constitue le bloc social dominant) qui voit les inégalités économiques comme naturelles et éternelles il importe de rappeler que l’on peut politiquement agir et soit les réduire soit les accoître . Le politique c’est bien ce choix toujours possible en économie . Et le critère continue de distinguer la droite qui les accroit de la gauche qui les réduit fortement, ce qui favorise la cohésion sociale et la justice sociale .

Pour la droite, il ne reste que le caritatif et parfois une conception très réduite du social puisqu’elle prône difficilement des mesures minimales, juste pour les plus pauvres qui font des efforts, tout le reste de la population devant rester soumis aux forces impitoyables du marché avec le darwinisme social qui l’accompagne (les forts gagnent et les faibles sont marginalisés et disparaissent).

Cela signifie donc que si ces inégalités économiques augmentent c’est qu’elles sont politiquement et socialement construites (en France et ailleurs) depuis la "thatchérisation du monde » et plus encore avec la pandémie du COVID 19 qui a vu les riches plus riches et une masse importante dans le monde et en France de pauvres plus pauvres. (cf Oxfam)

Ces inégalités économiques ne sont pas une sorte de « plainte française » face à une soit-disant « acceptation des inégalités aux Etats-Unis » qui pourtant ont vu l’émergence jadis de la critique du 1% prédateur via le « we are the 99% » !

Il en est de même de la naturalisation de la mise en concurrence grandissante des individus et des entreprises sur la planète. Ce phénomène, souvent nommé « concurrentialisme » , est daté puisque la « mondialisation du capital » (F Chesnais 1994) sous ses différentes formes (financière, productive, échange marchand) est une dynamique historique qui s’est accrue et qui porte des effets socialement néfastes pour chaque peuple-classe, néfaste puisqu’il faudrait, pour ceux et celles qui la juge fatale, suivre la pente droitière des salaires toujours plus bas et des temps de travail toujours plus élevés qu’elle impose plutôt que la réguler et d’y mettre des bornes favorables au monde du travail face au capital.

Cela suppose d’entreprendre des déconnexions du marché mondial avec par exemple des nationalisations et socialisations d’entreprises (production du médicament, autoroutes, etc ), avec aussi des dispositifs de sécurité sociale conçus comme des biens communs à protéger des privatisations et de l’étatisation (défense de la cotisation sociale et de la démocratie sociale), avec de véritables services publics dégagés des logiques privatives et marchandes.

Christian Delarue

La thatchérisation du monde et l’extrême-droite économique : un trajet vers la ploutocratisation du monde. Christian DELARUE - Amitié entre les peuples
http://amitie-entre-les-peuples.org/La-thatcherisation-du-monde-et-l-extreme-droite-economique

Combattre les inégalités en période de Covid-19 - Oxfam France
https://www.oxfamfrance.org/financement-du-developpement/combattre-les-inegalites-en-periode-de-covid-19/

De Romaric Godin cet extrait :

Il ne faut cependant pas oublier que les inégalités ont beaucoup augmenté depuis les années 2000 dans l’Hexagone, c’est-à-dire au moment où les politiques néolibérales ont été appliquées avec davantage de force. Avant la crise de 2008, le coefficient de Gini a redépassé le niveau de 0,3 pour la première fois depuis le début des années 1980. Globalement, si la croissance des inégalités en France a été réelle au cours des années 2000, elle est restée plus limitée que dans la plupart des autres grandes économies avancées. Cela crée parfois un problème de perception : vue de l’étranger, la France apparaît comme très égalitaire, mais au sein de la société française, la croissance passée des inégalités a été fortement ressentie.

En France, la fiscalité redistributive est un élément important de la lutte contre les inégalités de revenus. Avant impôt, le système économique français est plutôt générateur d’inégalités. Le coefficient de Gini de 2014 se situe avant impôt parmi les plus élevés (0,51) de l’OCDE, au niveau des États-Unis. Après impôt, ce coefficient passe à 0,292, contre 0,39 pour les États-Unis. Dès lors, toute attaque de la progressivité de l’impôt se traduit mécaniquement dans une augmentation des inégalités dans notre pays. Or, depuis le début des années 1990, l’impôt est de plus en plus proportionnel et de moins en moins progressif, avec la mise en place de la CSG et les différentes réformes de l’impôt sur le revenu, notamment. Il s’ensuit dès lors mécaniquement un effet moins correcteur des inégalités.

Le problème de la France réside toutefois moins dans les inégalités de revenus que dans les inégalités de patrimoine. C’est d’ailleurs un des points essentiels sur lequel Thomas Piketty insiste dans son ouvrage. Le patrimoine français demeure très mal partagé historiquement. La part du patrimoine détenue par les 1 % les mieux dotés a reculé jusqu’au milieu des années 1980, à 15,6 % du total, jusqu’à 23,4 % en 2014. Parallèlement, les 50 % les moins bien dotés passent de 9,7 % en 1988 à 6,4 % aujourd’hui. Cette évolution négative s’est faite alors même que la France avait un impôt sur la fortune. Si la France a tenté de limiter le creusement des écarts de revenus, elle a échoué sur le plan des inégalités de patrimoine. Et la politique actuelle du gouvernement Philippe, centrée sur les baisses d’impôts et qui a réduit l’impôt sur la fortune et les revenus du capital, tout en réformant le marché du travail, ne pourra que conduire à une augmentation des inégalités.

Les inégalités, trait commun du capitalisme néolibéral - RG
https://www.mediapart.fr/journal/international/110919/les-inegalites-trait-commun-du-capitalisme-neoliberal