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La mouvance altermondialiste pro « classes sociales les plus dépossédées »

dimanche 17 janvier 2016, par Amitié entre les peuples

La mouvance altermondialiste pro « classes sociales les plus dépossédées ».

Au sein de l’altermondialisme existe une mouvance qui, sans refuser le soutien au peuple-classe 99% d’en-bas (people class of 99%), s’intéresse plus au sort des couches modestes et pauvres, soit aux travailleurs et travailleuses précaires « collé(e)s » au smic ainsi qu’aux chômeurs, français ou non (résidents étrangers sur le territoire national) vivant des minimas sociaux.

Pour cette mouvance, les travailleurs et travailleuses des 29% sous le 1% d’en-haut (grosso modo) sont en emplois stables et avec une carrière permettant d’augmenter progressivement son pouvoir d’achat avec les années, disont entre 28 ans et 62 ans. Fonctionnaires (B ou A) ou non, ces travailleurs, plutôt satisfaits de leur situations, ne mèneraient pour l’essentiel que des luttes surtout corporatistes de préservation des conquêtes sociales, et très secondairement des luttes qui seraient de l’intérêt de l’ensemble du peuple-classe 99%.

Ici, en ce dernier sens, sont visées le peu de luttes en défense du service public gratuit ou à très bas tarif qui bénéficie(rait) à toutes les couches sociales du dit peuple 99% d’en-bas multicolore, service public que les affairistes et autres financiers veulent absolument casser et privatiser quand c’est possible. Sont visées aussi le peu de luttes en faveur d’une nouvelle RTT à 30 ou 32 heures hebdomadaires qui partagerait le travail entre tous et toutes.

En conséquence, cette mouvance « alter » pro « classes sociales les plus fragiles ou les plus dépossédées » privilégie la revendication du revenu inconditionnel mais cette dernière est loin de faire l’unanimité. Très loin. Pour de nombreux altermondialistes la perspective reste que « tout un chacun(e) doit, sauf exception, participer à la production de l’existence sociale » et donc travaille (soit comme salarié, soit comme indépendant) mais sans aucun doute plus sobrement que ne le veut la tendance « travailliste » contemporaine dominante. C’est qu’il y a là forte contradiction, grosse lutte de classe. Les patrons, volontiers favorables à un retour aux 39 heures (hyper-travaillisme), sont mieux écoutés de l’oligarchie que l’ensemble des travailleurs qu’ils soient modestes ou « moyens », « du rang » en tout cas.

Perspectives

L’altermondialisme ne semble avoir, malgré des désaccords (écologie, etc) d’autres perspectives que de s’allier aux syndicats de travailleurs du public ou du privé pour trouver une solution progressiste à la misère et au déclassement social du moment. Surtout si la tendance est à l’accroissement de la dureté des conditions de travail et de vie.

Dans l’immédiat, il s’agira de refuser le prolongement de l’Etat d’urgence du Président Hollande afin de conserver des marges de manoeuvre pour la probable agression de la finance et des créanciers - à l’image de ce qui s’est produit en Grèce - contre le peuple-classe 99% français.

Et en ce sens la criminalisation des syndicalistes pratiquant la séquestration (sans surcroit de violence) ou déchirant fortuitement et malheusement une chemise (à un homme pas à une femme) est inquiétante. Nous allons vers un régime politique bonapartiste qui refuse la lutte des classes. Un tel régime oligarchique-autoritaire se préoccupe durement de l’exploitation de la force de travail de ceux qui travaillent (travaillisme) et se montre indifférent du malheur des pauvres et des modestes.

Christian DELARUE

ATTAC et CADTM