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La lutte contre l’islamophobie n’est pas là pour protéger le Coran ou Mahomet mais les Musulmans « ordinaires ». C Delarue

jeudi 3 novembre 2011, par Amitié entre les peuples

La lutte contre l’islamophobie n’est pas là pour protéger le Coran ou Mahomet mais les Musulmans « ordinaires ».

On ne saurait invoquer valablement l’islamophobie pour protéger le blasphème du Coran ou de Mahomet mais seulement pour les Musulmans insultés ou discriminés, pas les radicaux.

Ce matin, j’entends un journaliste dire (1) que l’islamophobie a été inventée par les mollahs. C’est en débat mais il semble bien que ce soit faux. Certes depuis le 11 septembre 2001 les islamistes de divers courants ont usé de ce terme. Mais la notion existait auparavant (2). Elle s’est distinguée peu à peu de « l’islamistophobie » (le terme serait de Daniel Pipes) qui porte lui contre l’islamisme et les musulmans radicaux.

1 - Eléments de débat et enjeux d’une position.

Aujourd’hui les musulmans radicaux veulent étendre la portée de la notion d’islamophobie. Ils veulent empêcher la critique d’un certains nombre de pratiques concernant les privations de liberté en matière politique et de mœurs (volontarisme sexo-séparatiste par exemple) mais aussi le blasphème contre le Coran et Mahomet. De l’autre côté la droite abonde dans la critique . Ce qui immanquablement provoque une réaction « campiste » . Ainsi l’article de Cpolitic » Charlie Hebdo : A qui profite le crime ?pose la question - A qui profite cet incendie ? (Il cite Guéant, Hortefeux, etc.... ) et aussi l’autre question : A qui ne profite pas cet incendie ? Il cite alors les musulmans amalgamés. Sortons du face à face campiste en se plaçant du côté des très nombreux musulmans progressistes contre les musulmans radicaux.

En France, depuis fin 2003, après un grand débat avec des spécialistes, c’est le MRAP qui a surtout mobilisé cette notion non sans débats internes. L’usage du terme fut même suspendu un temps ! Son intitulé laissaient entendre qu’il devenait interdit de critiquer ou conspuer (blasphème) l’islam. Il a donc fallu circonscrire la notion. Pour le MRAP l’islamophobie ne s’exerce que dans le cadre des textes de lois qui définissent la provocation et l’injure raciste en fonction des origines ou de l’appartenance religieuse. Ce qui est visé c’est le racisme contre les musulmans par la religion elle-même.

A noter que le MRAP a diffusé deux communiqués de presse portant contre les intégrismes (ce qui est rare). Lire le premier : « Le MRAP solidaire des victimes de tous les intégrismes ».

2 - Pourquoi ne pas employer alors « musulmanophobie » ?

C’est que la stigmatisation des musulmans passe parfois par une critique du Coran ou de la religion qui est nettement attribuée non pas aux radicaux mais à tous les musulmans. Le « nettement » est objet d’interprétation. Ce fut le cas du philosophe R REDEKER. Outre son inscription dans la thèse du « choc des civilisations » la critique de son texte est le lien fait avec les musulmans. Le procédé peut être identique par film. Un islamophobe s’est fait connaitre par une vidéo - Fitna ( ) - ou il montrait des islamistes menaçants et vociférants dans un premier temps avant de dire à la fin que tous les musulmans venant en Europe étaient des islamistes. Cette vidéo est in fine musulmanophobe mais elle passe d’ailleurs plus par une « islamistophobie » qu’une islamopphobie.

3 - Quid de la critique de l’islam ?

Le contenu du Coran prête à de nombreuses critiques sur sa conception des femmes, des autres croyants, etc. De plus, de façon générale, ce livre n’a pas à être fétichisé ni par les athées, ni par les associations antiracistes. Le blasphème est possible et légal. Il est même parfois nécessaire quand le fétichisme religieux s’affiche de trop, se répand. Il s’opère alors une sorte d’équilibration des dynamiques en présence. On pourrait peut-être chercher à savoir - c’est une hypothèse - si il y a un rapport de cause à effet entre la sécularisation progressive d’une religion et la baisse de l’usage du blasphème (ou l’inverse).

Cependant, la dégradation ou « désacralisation » du Coran ou de Mahomet ne doit pas viser les musulmans. Les choses sont simples : les humains qui croient ont le droit au respect, sauf lorsqu’ils mettent en pratique certains préceptes offensifs contre la démocratie, la laïcité ou contre les femmes ou les homosexuels ou les mécréants. Par contre les fétiches ne sont aucunement respectables. Pour valoriser la dignité humaine on peut même penser qu’il est bon de les rabaisser comme tous les dispositifs abstraits qui surplombent les humains (Jean-Marie Vincent).

4 - Quid du lien entre le contenu de l’islam et les musulmans.

On trouve ici 4 grandes positions.

1 - Certains en profitent de la critique de l’islam pour la rabattre sur les musulmans. cf Robert Redeker. C’est de l’islamophobie, du racisme.

2 - D’autres demandent qu’ils renient ce livre

3 - D’autres encore qu’ils modifient ce livre

4 - D’autres enfin estiment que c’est peine perdu car la majorité des musulmans ne pratiquent pas ce qui est écrit.

Ici il y a une subdivision repérable :

 Les thèses qui sous couvert de protéger les musulmans (cf à la « communauté musulmane ») protègent aussi les musulmans radicaux, les islamistes.

 Ceux qui distinguent les musulmans tolérants extrêmement majoritaires en Europe des islamistes ou des intégristes.

5- Pas de mise en communauté possible !

Il convient de refuser une pensée culturaliste et essentialiste qui enferme tous les musulmans dans une appartenance réelle ou imaginaire ou dans une entité figée.

Il en va ici des musulmans comme des catholiques, des protestants ou des juifs , on trouve de tout allant des plus réactionnaires aux plus progressistes. Un sondage du magazine La Vie indiquait il y a peu que 41 % des catholiques étaient de droite. La tendance « théologie de la libération » combinant Jésus et Marx est très minoritaire. Néanmoins les catholiques sont divers politiquement, socialement et culturellement. Il en est de même des musulmans et des juifs.

Christian DELARUE

Texte complété le 4/11/2011

1) A propos de l’attaque de Charlie Hebdo qui n’est pas un journal islamophobe.

2) par exemple en juillet 1997 dans « Marseille ou le mythe vacillant de l’intégration » par Dominique Pons.
Dans le Dictionnaire des racisme, de l’exclusion et des discriminations l’origine remonte à 1930 avec Etienne DUBET.

http://www.monde-diplomatique.fr/1997/07/PONS/8843

3) FITNA, un film islamophobe, anti-musulmans
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article64146