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La formation de la conscience du peuple-classe.

mercredi 4 août 2010, par Amitié entre les peuples

La formation de la conscience du peuple-classe.

La conscience d’appartenir au vaste cercle du peuple-classe est rare.

Elle émerge contre l’identité nationale quand les défauts de la politique de diversion ou de bouc émissaire des gouvernants sont visibles. Les masques tombent alors. Il y a bien les résistances pour lâcher les perceptions anciennes longuement intégrées, mais l’idée d’un peuple « social » se forme face à une minorité de grands possédants.

La notion, a défaut du terme, a émergé en 2005 face aux élites accrochées à la défense du projet de Traité constitutionnel européen (TCE). Cette conscience d’appartenance s’est réaffirmée plus difficilement en 2007 face à N Sarkozy, du moins chez celles et ceux qui ont clairement vu et refusé sa « politique de classe ». C’est que Sarkozy n’a pas tenu des propos similaires à Warren Buffet (1) mais il a donné des signes clairs de proximité avec la haute bourgeoisie (2).

L’idée de peuple-classe émerge quand qu’apparait une fracture béante entre 95 % de la population d’un pays et sa classe dominante bénéficiaire d’une politique de classe. La couche moyenne doit avoir alors le sentiment d’un déclassement social, d’une prolétarisation. Le sentiment n’est pas toujours objectivement vérifié. Il s’appuie néanmoins sur des connaissances réelles sur l’évolution du partage de la valeur ajoutée (M Husson) ou sur la répétition d’information sur les très très riches de ce monde. En ce cas les couches moyennes basses entre le salaire moyen et 3000 euros cessent de se sentir au-dessus du « bas-peuple », terme ancien qui désignerait aujourd’hui les RMIstes et les SMICards ou les ouvriers et les employés.

Ce qui brouille la perception tient à la multiplicité des appartenances . Joue dans la modernité le sentiment d’appartenir à d’autres cercles humains. La conscience de classe n’a pas disparue mais elle s’entend subjectivement de façon diverse : appartenance au monde des travailleurs salariés mais la distinction du privé ou du public apparait bien souvent pour compliquer sinon brouiller le jeux des appartenances. Les travailleurs indépendants sont eux plus individualistes. Ils peuvent néanmoins défendre des intérêts catégoriels ou professionnels différents du salariat ou du capital. Et certains d’entre eux peuvent avoir le sentiment d’appartenir au peuple-classe qui vit des conditions matérielles très en-deçà des riches bourgeois. La conscience d’appartenir à un genre ou un sexe (homme ou femme) peut se rajouter à d’autres consciences comme celle de subir fréquemment la discrimination raciste.

La notion de peuple-classe apparait naturellement à la conscience
lorsque les élites politiques travaillent très visiblement pour eux et
pour la classe dominante et non pour l’intérêt du peuple-classe dans ses diverses composantes. Lorsque cette visibilité fait défaut cette notion de peuple-classe tend à s’effacer au profit du peuple-nation.

La ruse du sarkozysme - qui tient dans sa « politique de la rupture » - est de combiner affichage de proximité avec la bourgeoisie et
stigmatisation d’une fraction de peuple-classe
. La politique de "bouc
émissaire" masque l’existence du peuple-classe à ceux qui en font parti
dans sa diversité. N Sarkozy ou d’autres membres de son gouvernement
vont montrer du doigt, sur la base de la généralisation abusive, une
fraction du peuple qui se comporte mal : fonctionnaires en grève,
population d’origine étrangère soupçonnés de délinquance fréquente,
professions libérales trichant avec l’impôt, agriculteurs trichant avec
les subventions, etc. Ces stigmatisations sont aussi efficace
que la politique de diversion vers des activités secondaires tel le
foot. Le sport comme la religion est un puissant dérivatif des problèmes
politiques quotidiens.

Il y a cependant une différence importante à souligner : les « politiques de la haine » ne s’arrêtent pas à un discours stigmatisant fort nuisible ; tôt ou tard un volet répressif s’y ajoute. Les droits humains sont alors bafoués. La fin de ce mois de juillet 2010, comme suite aux évènements de Grenoble et d’autres concernant les Gens du voyage atteste de la capacité de nuisance de Sarkozy contre les droits égaux pour tous et toutes et sa tendance a vouloir créer un droit d’exception. L’extrême droite n’a plus qu’à reprendre la charge sarkozienne pour forger une unité nationale sécuritariste entre les riches et le peuple contre une fraction de ce dernier. Tous les ingrédients d’une dérive autoritaire et répressive sont là.

La France républicaine de la liberté et de l’égalité devra manifester sa réprobation dès la rentrée de septembre. La date du 4 septembre est avancée en plus de celle du 7 septembre pour les retraites.

Christian Delarue

1) Warren Buffet, une des plus grande fortune mondiale a déclaré que sa classe sociale menait la guerre et qu’elle l’avait gagné.

2) A peine élu il est allé se détendre sur le yacht d’un milliardaire. Cela n’était qu’un symbole. Sa politique de classe aurait plutôt comme nouveau marqueur le bouclier fiscal des riches.