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La démocratie selon Guy Hermet

dimanche 8 août 2021, par Amitié entre les peuples

La démocratie selon Guy Hermet

Il ne s’agit là que de quelques citations. Guy Hermet a écrit aux PUF en 1983 « Aux frontières de la démocratie ». J’en reproduis quelques passages que j’ai déjà mobilisé ici ou là depuis plus de 30 ans.

Dans son « avant propos » on y trouvait l’idée de « démocratie réellement existante » (que j’ai reprise dans ATTAC) : « la démocratie existant dans nos pays- et seule »existante« -n’a jamais cessé de se caractériser à la fois par son élan libérateur et par sa dimension censitaire, dans l’acception juridique puis symbolique du terme. » Plus loin Guy Hermet cite Maurice Duverger : « La démocratie possède deux faces comme Janus (cf son livre de 1972), celle de la domination oligarchique toujours sous-jacente et celle de l’avancée politique du plus grand nombre » mais Guy Hermet défend plus le maintien d’une tension que le souci d’émancipation démocratique avec plus d’intervention des citoyens et citoyennes dans la chose publique alors qu’il admet qu’ils et elles sont « confinés dans une participation subalterne ». Il prend acte comme d’une convergence du fait et du droit positif de « la résistance opposée par les élites de toutes espèces à l’intervention du plus grans nombre dans les affaires publiques »

Dans « La logique du libéralisme » (page 13) il note que « la liberté revendiquée par les libéraux n’est pas égalitaire mais discriminatoire » . Les libéraux en matière de démocratie font plus confiance au marché qu’au peuple, à fortiori de la plèbe. Le privilège électoral suppose des lumières que la plèbe n’a pas. La démocratie libérale fonctionne à l’exclusion d’une manière ou d’une autre et c’est tout l’ouvrage qui est à mobiliser.

L’étude du bonapartisme par Guy Hermet laisse entrevoir la permanence d’un courant dit « libéral-autoritaire » chez les élites capitalistes soucieuses d’un arbitrage ferme entre bourgeoisie et peuple-classe. Guy Hermet note « la persistance d’un tempérament bonapartiste dans la sensibilité politique française ». Ce courant libéral-autoritaire - libéral en économie pour les chefs d’entreprise et autoritaire contre le peuple mobilisé - peut parfaitement se montrer « moderniste » sur diverses questions qui ne touchent pas les intérêts supérieurs des classes possédantes et dominantes. Il peut user aussi, si besoin, d’un populisme plébiscitaire.

Face au mouvement ouvrier marxiste montant est apparu un réel paternalisme de protection sociale pour les ouvriers et paysans, paternalisme social qui a pour formule très évocatrice de l’Etat-Providence : « tout pour les travailleurs, rien par les travailleurs ». La formule qui sonne hypocrite sur son premier propos (tout pour les travailleurs) dit bien la vérité sur son second propos (rien par les travailleurs) dans la mesure ou les élites paternalistes s’opposent très nettement aux aspirations des gauches radicales à la démocratisation et à la socialisation mais elle montre l’existence un courant historique à volet social certes bien mesuré au sein des droites et ce en lien avec la doctrine sociale de l’Eglise opposée au maintien de la misère et de la pauvreté, ce qui ne choque pas les autres courants de droite . Cette doctrine sociale de l’Eglise va s’opposer à celle calviniste qui réhabilite, elle, l’enrichissement et le profit avec la charité comme complément nécessaire et refuse surtout la justice sociale comme dimension collective réduisant les inégalités sociales.

Christian Delarue