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La définition de la nation par Staline est non politique et non marxiste. C Delarue

jeudi 9 février 2012, par Amitié entre les peuples

La définition de la nation par Staline est non politique et non marxiste.

On se réfère encore à propos de la nation à la définition de Staline, sans le nommer parfois, y compris à gauche, y compris même dans l’altermondialisme. Il y a de bonnes raisons mais aussi des mauvaises.

L’article de Joseph Staline, intitulé Le marxisme et la question nationale (publié en 1913), expose bien une pensée marxiste sur la question nationale, une pensée d’ailleurs critiquée par d’autres courants se réclamant aussi du marxisme. Mais ce qui est généralement retenu de Staline à propos de la nation est sa définition de base. Elle est à critiquer mais, soyons honnête, elle ne résume pas la pensée de Staline.

1 - Rappel de la définition communément retenue de la nation par Staline.

« La nation est une communauté humaine, stable, historiquement constituée, née sur la base d’une communauté de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique qui se traduit dans une communauté de culture... seule la présence de tous les indices pris ensemble nous donne une nation ». Yves Lacoste (1) dit d’elle qu’elle est digne d’une définition d’un dictionnaire. Ce point de vue est aussi à critiquer. On ne saurait lui trouver des vertus pédagogiques.

2 - Double critique de cette définition.

 La première critique à porter est, à mon sens, qu’il s’agit d’une définition trop exclusivement culturelle. Ce n’est une bonne définition que de ce point de vue. Car par ailleurs il faut noter qu’elles est dépourvue de toute référence à une « communauté politique ». Pour le dire autrement, cette définition ignore la nation « démos » au profit de la nation « ethnos ». Rien n’est dit non plus de la laïcité (le « laios »). Ce volet laïque n’a d’ailleurs guère été développé par Staline et ses successeurs.

 La seconde critique est de dire qu’est non marxiste. Mais ce n’est exact que dans la mesure ou l’on s’en tient à cette seule définition. Or on trouve quand même des développements sous la définition. On trouve notamment chez Staline des thèses sur les minorités nationales ou sur l’autodétermination des nations qui ne se comprennent pas avec la seule lecture de cette définition car les rapports entre classes sociales y sont introduits. Le problème qui subsiste chez J Staline est son inscription dogmatique dans une vison « étapiste » de l’histoire : d’abord la révolution bourgeoise ensuite la révolution socialiste. Il entérine ainsi le reflux de la révolution. Dans la même veine, J Staline est le théoricien du « socialisme dans un seul pays ». Là encore, il en est venu à figer dans la théorie le reflux de la révolution mondiale de l’après 1917 et il s’est privé d’une conception marxiste plus dialectique, plus ouverte, plus holistique. Un marxiste « thermidorien » peut-il être encore marxiste ?

3 - Ouvertures

 A Gramsci : la notion de bloc hégémonique

 La notion de fécondation pour aller vers le socialisme : le peuple-classe derrière la nation.

Derrière le peuple, le peuple-classe.

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1565

La fécondation des catégories politiques abstraites : Peuple, République, Nation, Démocratie...

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1792

Christian Delarue