La croissance, c’est comme le peuple, un mot valise. C Delarue
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La croissance, c’est comme le peuple, un mot valise.
Les politiques comme les journalistes usent abondamment de "mot-valise" . Il en va du terme "croissance" comme du terme "peuple". Les deux grands mots de la période. Mais s’agit-il à propos du peuple, dans tel ou tel discours, du peuple-nation, d’un peuple ethnique, du peuple démocratique, du peuple-classe ? Le Pen n’est pas ici Sarkozy et encore moins JL Mélenchon. S’agit-il, avec le cheval de bataille de Hollande, de la croissance de la valeur d’usage ou de la valeur marchande ? ATTAC dans un récent communiqué (1) signale à raison que "la croissance en soi n’est aucunement un gage de progrès social et encore moins environnemental". Il ne sert à rien de dire Croissance, croissance, croissance comme on a pu dire Europe, Europe, Europe !
Croissance : s’agit-il d’augmenter simplement la croissance des profits des firmes multinationales en espérant benoîtement des retombées pour le peuple-classe et les générations futures ? Cette croissance est-elle bridée, transformée ou "libérée" ? S’exerce-t-elle dans un cadre "concurrentialiste" européen ou dans le cadre de la liberté des marchés et de la liberté d’entreprendre ou, troisième voie à explorer, avec intervention pour y introduire des normes sociales et environnementales ? Dans ce cas on pourrait parler d’ "altercroissance différenciée", ATTAC n’étant ni pour la croissance ni pour la décroissance (2).
La croissance est-elle une réponse à la question de la dette ? ATTAC : "La croissance n’est par ailleurs en rien suffisante pour résorber les dettes publiques. Quant à l’émission d’euro-obligations, si ceux-ci devaient être souscrits sur les marchés financiers, ne règlerait pas le problème. Aujourd’hui, les alternatives sont claires : d’une part, engager une réforme fiscale de grande ampleur et de l’autre sortir les États de la dépendance des marchés financiers en leur permettant d’emprunter directement à la BCE à des taux faibles pour financer la transition écologique et sociale. Mais il faut pour cela une vraie volonté politique !"
Avec la croissance, s’agit-il enfin de promouvoir les "politiques de grands travaux inutiles et imposés" à savoir par exemple les mega-constructions de type Aéroport de Notre Dame des Landes ? Ne faut-il pas au nord de Nantes une alter-croissance respectueuse des équilibres sociaux et environnementaux ? Autre exemple de méga-construction productiviste : Vouloir casser un stade de foot qui répond aux besoins populaires (Parc des princes) pour construire un méga-stade en vu d’une coupe du monde qui ne durera que quelques jours ? La croissance sert parfois d’alibi à la folie mégalomaniaque de certains richissimes entrepreneurs. D’où la résistance des fractions vigilantes des peuples-classe.
Christian DELARUE
1) Rencontre Angela Merkel-François Hollande : la croissance pour quoi faire ?
2) ATTAC : Ni pour la croissance ni pour la décroissance.
