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La crise du capitalisme financier ou la finance contre l’humanité

samedi 17 mai 2008, par Amitié entre les peuples

La crise financière qui couvait depuis le mois d’août 2007 a éclaté et elle ressemble comme une sœur aux nombreuses crises qui se sont succédé depuis vingt-cinq ans. En même temps, elle présente des traits nouveaux qui ne doivent pas être dissimulés derrière l’écran de fumée d’une « fraude ».

par Attac France

Partie du secteur immobilier et des quartiers pauvres des banlieues étasuniennes, cette crise a gangrené peu à peu le secteur bancaire et financier. Il est possible que ses péripéties ne soient plus dans quelques semaines directement sous le feu de l’actualité, mais elle est profonde et elle aura des conséquences sur chacun d’entre nous. C’est pourquoi nous devons nous en saisir, pour anticiper ses conséquences et agir pour désarmer la finance.

L’engrenage
Dans une période où la croissance économique américaine est tirée par l’endettement, les banques américaines ont octroyé des prêts à des ménages de plus en plus modestes pour qu’ils accèdent à la propriété de leur logement et à la consommation : c’était le marché à haut risque, dit du subprime. Prêteurs comme emprunteurs pariaient sur la hausse des prix de l’immobilier qui semblait n’avoir pas de fin. Ainsi, les hypothèques prises par les banques leur garantissaient de pouvoir récupérer leur mise avec bonus et les ménages escomptaient un accroissement de leur richesse.
Entre temps, les banques avaient « titrisé » les hypothèques, c’est-à-dire les avaient vendues sur les marchés financiers. Ces nouveaux titres financiers se trouvaient donc introduits et mélangés avec d’autres dans les portefeuilles gérés par tous les fonds de placement à caractère spéculatif ou les banques elles-mêmes. Le problème est né lorsque, après le retournement du marché de l’immobilier, les détenteurs de ces titres ont souhaité les liquider alors que plus personne n’en voulait. On est entré dans une crise dite de liquidité, aucun acteur du système financier ne trouvant les sommes dont il avait besoin, chacun redoutant que les fameux titres de plus en plus pourris, disséminés on ne sait où, occupent une place trop grande dans le total de ses actifs.

Un système incapable de s’auto-réguler
Pour faire face à cette crise de liquidité, les principales banques centrales ont, depuis l’été dernier, prêté des centaines de milliards de dollars et d’euros aux banques ordinaires ; et la Banque centrale des États-Unis a baissé à plusieurs reprises son taux d’intérêt directeur, alors que la Banque centrale européenne s’y refusait. Cela n’a pas suffi à calmer l’angoisse grandissante des acteurs financiers, et notamment des banques, qui, à l’approche de la fin de l’année 2007, voyaient avec terreur l’heure de vérité arriver : à combien s’élèveraient les pertes dues aux placements gangrenés par les subprimes ? On parle de plusieurs centaines de milliards de dollars. C’est la raison de la chute des bourses en janvier 2008.

Un système qui cannibalise les salaires et la protection sociale
Avec la liberté de circuler accordée aux capitaux et la déréglementation des marchés financiers ont proliféré des nouveaux produits financiers et des fonds spéculatifs de toute espèce : leur seul objectif est de produire de la plus-value boursière, dont la croissance à long terme est assurée par celle de la plus-value réelle, dans les entreprises, permise par une pression croissante sur les salaires. Ces fonds voraces ont besoin de drainer des sommes toujours plus importantes, d’où la volonté de détruire les systèmes de retraites et d’assurance maladie pour capter l’épargne des salariés. Dans une crise boursière, aucune richesse réelle ne « part en fumée » puisque seule la bulle fictive s’effondre et que la perte d’un spéculateur est le gain potentiel d’un autre. En revanche, la récession économique qui s’ensuivra peut-être sera payée par les travailleurs, les ménages endettés et les populations du monde les plus fragiles. La vérité sur le capitalisme financier est là, toute nue. Un système qui veut assurer 15 ou 20 % par an de rentabilité aux actionnaires et qui prétend se passer de toute régulation publique, en confiant la planète à la loi du marché, est mortifère.