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La charge d’A Bidar sur la violence du Ramadan

mardi 29 juillet 2014, par Amitié entre les peuples

La charge justifiée d’Abdennour Bidar sur la violence répressive du Ramadan

La lapidation (évoquée dans l’article mais pas ici) n’ est que la pointe extrême de l’islam, celui des fondamentalistes

Source de l’article : http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/08/30/la-lapidation-preuve-extreme-de-la-logique-de-violence-de-l-islam_1404384_3232.html

Extrait :

Prenons l’exemple le plus actuel, celui du mois de ramadan qui s’est ouvert le 11 août. Evidemment, nous paraissons ici au plus loin de l’affaire de la lapidation, et aujourd’hui en France l’on n’entend guère de critiques sur cette pratique du jeûne. Au contraire, s’est installée sur la question une sorte de consensus angélique. Nous aurions là un événement « entré dans la vie et ancré dans le calendrier de la nation » et nos médias semblent incapables de faire autre chose que de célébrer la convivialité, la solidarité, le caractère festif de cette période.

Soit, mais qui soulignera en contrepartie le caractère violent de ce jeûne totalexigé de la part de tout pratiquant pubère du matin au soir pendant un mois entier ? De nombreux musulmans éludent la question en prétendant que, pour l’individu qui a la foi et qui est entouré d’autres musulmans solidaires dans leur jeûne, celui-ci est facile.

Comment peut-on avoir l’inconscience de prétendre cela ? Jeûner toute la journée, sans avoir même le droit de boire un peu d’eau, et ce pendant un douzième de l’année, constitue un exercice de privation radical et relève d’un ascétisme religieux de haut niveau que rien ne justifie d’ordonner à l’ensemble d’une communauté. La tradition n’exempte de cet effort supérieur que les malades, les femmes enceintes ou en période de menstruation et les voyageurs.

Mais force reste à la loi totalitaire qui ne reconnaît aucun droit au choix personnel : seul est reconnu comme vrai musulman celui qui jeûne. L’orthodoxie d’institution - les dignitaires - et l’orthodoxie de masse - le corps communautaire - exercent là sur les comportements une double surveillance et censure.
Il n’y a peut-être pas de commune mesure entre la pratique ignoble de la lapidation des femmes et celle du ramadan. Mais il y a entre elles ce rapport que le discernement doit savoir établir entre une radicalité générale et l’un de ses excès les plus extrêmes. Ici et là, ce qui se manifeste est une violence infligée à la personne humaine au nom de la religion. L’islam n’a pas commencé de dénouer le rapport qui unit la violence et le sacré.

Chacune de ses pratiques en porte la marque infamante, à des degrés certes très divers mais toujours repérables. Les cinq prières quotidiennes exigées à heure fixe ? Une violence morale faite au jugement personnel d’un être humain qui pourrait prétendre choisir les moments qu’il veut consacrer à sa vie spirituelle. Le pèlerinage à La Mecque ? Une violence symbolique et politique par laquelle l’islam mondial est maintenu inféodé à la tutelle du wahhabisme saoudien.

Il ne s’agit pas de condamner ces pratiques rituelles - jeûne, prière, pèlerinage - en tant que telles. Elles peuvent offrir un support efficace au besoin éprouvé par tel individu de mener une vie spirituelle (étant bien entendu que celle-ci peut aussi seconduire hors de tout champ religieux).

Mais qu’est-ce que les musulmans attendent pour les déclarer libres ? Contrairement à l’objection courante, cela n’atomiserait pas la communauté, mais la ferait passer de l’état clos de l’uniformité à l’état ouvert de la diversité. Et contrairement à une autre objection, cela ne détruirait pas l’autorité de Dieu, mais obligerait chaque conscience à aller chercher cette voix divine dans sa propre intériorité. Enfin, cela permettrait à l’islam de sortir de sa logique générale de radicalité et de violence dont la sentence de lapidation contre laquelle nous nous insurgeons aujourd’hui n’est qu’un extrême.

Si cette culture religieuse de l’islam ne change pas, elle continuera de se déconsidérer aux yeux du monde. Car de tels excès monstrueux ne peuvent évidemment pas surgir n’importe où et il serait trop facile de les considérer comme des phénomènes n’ayant - selon la formule consacrée par les bien-pensants -« rien à voir avec l’islam ». Ils ne sont que la grimace la plus affreuse d’une religion qui passe son temps à se caricaturer elle-même. « Qui bene amat bene castigat », qui aime bien châtie bien.

Abdennour Bidar, professeur de philosophie en classes préparatoires à Sophia-Antipolis

1) in La lapidation, « preuve extrême de la logique de violence de l’islam »

http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/08/30/la-lapidation-preuve-extreme-de-la-logique-de-violence-de-l-islam_1404384_3232.html