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LUTTES DES PEUPLES-CLASSE & ALTERMONDIALISME

mercredi 23 mai 2012, par Amitié entre les peuples

LUTTES DES PEUPLES-CLASSE & ALTERMONDIALISME

L’importante diversité des appartenances et la toute aussi grande diversité des engagements altermondialistes.

Voici la conclusion d’une étude de 2008 de François POLET intitulée : Les nouveaux dilemmes de l’altermondialisme. CETRI

http://www.cetri.be/spip.php?article928

Nous l’avons vu, l’arbre altermondialiste cache une forêt de rationalités politiques indissociable de la multiplicité des acteurs et des courants de pensée qui s’identifient à la lutte contre la mondialisation néolibérale et se rencontrent dans les manifestations alter. Cette rencontre, inimaginable il y a une vingtaine d’années, est à la fois le résultat de la fuite en avant de la logique financière du capitalisme mondial – qui a réussi a liguer contre lui des milieux sociaux et culturels que beaucoup de choses séparent traditionnellement (des syndicalistes aux environnementalistes, des tiers-mondistes aux défenseurs des droits de l’homme) – et de l’émergence de nouvelles manières de créer de l’espace commun, de s’impliquer dans des actions collectives communes, sans écraser les identités particulières.

L’expression « un autre monde est possible », bannière officielle du forum social mondial, n’a pas été choisie par hasard : elle est suffisamment large, vague diront certains, pour que des organisations ayant des lectures discordantes de la mondialisation néolibérale et du traitement à lui donner se rassemblent dans un même espace. Suivant les réseaux, la mondialisation actuelle est envisagée tantôt comme l’émancipation du capitalisme vis-à-vis des contraintes politiques et sociales des Etats-nations, tantôt comme le projet géopolitique néo-impérialiste des nations industrialisées, tantôt comme l’imposition par les pays riches de règles commerciales inéquitables… et appelle tantôt à mettre la priorité sur le renforcement des Etats-nations, tantôt sur la mise en place d’une architecture internationale contraignante et démocratique, tantôt sur la construction d’un front du Sud, tantôt sur l’investissement dans l’ « ici et maintenant » avec les communautés locales contre la double domination des bureaucraties et des marchés mondiaux…

Cette convergence au sein des forums sociaux et des campagnes contre l’AMI, l’OMC, le G-8 et la guerre, a enrichi les perceptions et les cahiers de revendications des uns et des autres sans pour autant permettre a une tendance d’imposer sa lecture et ses priorités aux autres. Après dix années d’altermondialisme, force est de constater que le lissage des orientations ou l’alignement des priorités que certains espéraient et que d’autres craignaient, n’a pas eu lieu. Que du contraire, les évolutions de ces dernières années – crise du consensus de Washington et déclin des institutions internationales les plus libérales, campagnes officielles contre la pauvreté et le réchauffement climatique, montée en puissance des pays émergents, expériences latino-américaines se réclament du socialisme du 21e siècle, traité constitutionnel européen, etc. –, en complexifiant le scénario mondial, ont à la fois attisé certaines des tensions qui traversent l’espace altermondialiste et estompé la frontière qui le sépare des courants réformateurs présents au sein de la CNUCED ou du PNUD influencés par les travaux de Joseph Stiglitz, Jeffrey Sachs ou Amartya Sen.

La fragile coexistence de cette diversité de sensibilités est-elle appelée à durer ? Difficile de prévoir si et quand les tensions qui caractérisent les rapports entre ses différentes composantes atteindront un point de rupture. Ce qui est certain par contre, c’est que la volonté, minoritaire au sein de l’altermondialisme, d’amener l’ensemble du « mouvement » à adopter un agenda politique clairement défini, si elle devait s’imposer, déboucherait sur la dissolution de la dynamique telle que nous la connaissons aujourd’hui.

http://www.cetri.be/spip.php?article928