Accueil > Entente entre les peuples > Peuple-nation - peuple-classe > Peuple-nation, peuple-classe, bas-peuple > LE PEUPLE-CLASSE COMME CADRE D’ALLIANCES POUR L’ALTERNATIVE !

LE PEUPLE-CLASSE COMME CADRE D’ALLIANCES POUR L’ALTERNATIVE !

mercredi 3 novembre 2010, par Amitié entre les peuples

LE PEUPLE-CLASSE COMME CADRE D’ALLIANCES POUR L’ALTERNATIVE !

Quelques repères sont utiles à la compréhension de cette position. Il importe de ne pas les prendre pour des absolus : des hypothèses plus que des thèses. Evitons le dogmatisme mais avançons néanmoins des vérités dérangeantes quoique provisoires .

 Quelques distinctions préalables.

L’alternative systémique n’est pas la simple alternance gouvernementale et institutionnelle.

La transformation sociale, telle qu’elle est ordinairement comprise, ne recouvre pas l’ensemble de ce que l’on nomme émancipation humaine, du moins dans la mesure ou la première - la transformation sociale - porte plus les institutions publiques (pas seulement certes) alors que les pratiques d’émancipation sociale et humaine entendent modifier aussi les structures de la société civile et les clivages associés ainsi que l’individu situé mais il n’y a pas de séparation stricte dans la mesure ou l’Etat intervient constamment dans la société civile. Il y a besoin d’un changement social et environnemental d’ensemble et d’une articulation entre transformation sociale et émancipation.

La transformation sociale n’est pas non plus la même chose qu’une transformation socialiste notamment du point des vue des alliances de classes engagées et du point de vu des changements opérés au sein de l’appareil d’ Etat. Par exemple, une politique keynésienne menée par un PS français hégémonique à gauche sortira nécessairement du cadre de la défense des intérêts du peuple-classe pour une alliance avec une fraction de la bourgeoisie et au dépend d’une partie du peuple-classe et ce à partir de l’idée qu’il y a un bon capital, le capital productif, et un mauvais, le capital financier.

Autres repères utiles :

Dans une perspective altermondialiste et d’inspiration néomarxiste il s’agira de combiner prise en compte des rapports sociaux (classisme et genre) et analyse stratificationniste qui évoque des « couches sociales » : pauvres, modestes, moyennes, aisées et riches (le dernier décile).

La notion de prolétaire peut y être importante selon les usages. Mais cette catégorie de prolétariat est revisitée et discutée : on n’échappe pas ici à une définition plus complexe que sa réduction aux seuls ouvriers ni à l’inverse de son extension trop large aux cadres supérieurs (petite-bourgeoisie salariée ?), ni de la seule prise en compte du rapport de production (le prolétaire est aussi face au marché payant des biens et services) . Les prolétaires sont à rapprocher de la notion de peuple-classe entendue comme cadre d’alliance afin d’éviter deux travers : d’une part l’hypothèse trop basse du solo mortifère des prolétaires entendu comme ouvriers et petits employés ou l’hypothèse trop haute d’un cadre trop englobant qui place les dits prolétaires sous la coupe de la bourgeoisie via la notion vague de « peuple » ou de nation. Ce positionnement est issu de la notion de FUO (front unique ouvrier).

Il importe donc pour nous de relier prolétaires et peuple-classe : « Classes populaires » ? : Recherche prolétaires et peuple-classe désespérément.
Autre problème d’alliance : La petite-bourgeoisie et le peuple-classe.

L’idée d’aller vers l’écosocialisme n’est pas nécessairement évoquée par tous bien que ce soit notre perspective. La question écologique devrait alors y être mieux intégrée. Celle des revenus y est très présente. Une société avec beaucoup de services publics gratuits ou à très bas tarifs poserait autrement la question des revenus. C’est un point important à signaler ici.

A titre d’exemple prenons, trois textes précédemment publiés sur le thème de la domination globale et de sa libération . Les notes y sont ici supprimées. Les deux premiers textes - plus importants - sont sous un pdf joint. Le thème de l’égalité y est en arrière-plan.

* Le dévoilement des dominations globales

* Les deux alliances de couches sociales au sein du peuple-classe à renforcer

* Baisser les revenus des uns, augmenter les salaires des autres

I. LE DÉVOILEMENT DES DOMINATIONS GLOBALES

http://www.france.attac.org/spip.php?article10262

* 1 - Dévoilement vers le haut

* 2 - Dévoilement vers le bas

* 3 - Le peuple-classe peut-il devenir le sujet de l’altermondialisme ?

Dans le maêlstom des dominations multiples écrasants la majorité des humains il importe de pointer les dominations globales des dominations sectorielles. Ces dernières ne sont pas qualitativement négligeables ou secondaires. Simplement elles frappent pas les mêmes individus. Il s’agit du sexisme, du racisme, du classisme, de l’emprise excessive du religieux sur l’Etat et la société, des résidus de relations coloniales (postcolonialisme),etc.

S’agissant des dominations globales deux ordres de dévoilement critiques apparaissent : les dispositifs abstraits (Jean-Marie VINCENT) et derrière eux la classe dominante (Monique et Michel PINCON-CHARLOT). Ce dévoilement se poursuit de façon complémentaire avec la notion de peuple-classe (Christian DELARUE). Dernière question : La fonction critique et rassembleuse de la notion de peuple-classe peut-elle en outre nommer le sujet porteur du projet altermondialiste ?

1 - Dévoilement vers le haut.

* Les dispositifs abstraits sont de nature technico-juridiques . Ils sont une rationalisation et une instrumentalisation du savoir scientifique et technique érigé en dispositif normatif « d’en-haut ». L’instrumentalisation se dédouble en un montré et un caché . Ce qui est valorisé donc montré relève de la rentabilité, du résultat de la performance et ce qui est caché dans la machine (le plus souvent) c’est le contrôle unilatéral des « faisant fonction » des dominants sur les dominés. Ces dispositifs ont pour particularité de surplomber les humains dans une relation fétichiste : élévation du non-humain et rabaissement de l’humain . La marchandisation accroit ce phénomène . Le marché des biens et services ou celui de la force de travail vient renforcer ce fétichisme devant lequel une fraction des humains doit s’agenouiller comme devant un Dieu.

* La bourgeoisie est la classe dominante sous le capitalisme. C’est d’abord une classe sociale au sens ou elle est classe en soi et classe pour soi . En ce sens on peut dire qu’elle est la seule classe sociale organisée dans la défense unie de ses intérêts et notamment le maintien et l’accroissement de son capital économique (richesse financière) et de ses autres pouvoirs sociaux, relationnels, symboliques (prestige). Elle réunie de façon très forte, très soudée des industriels, des hommes d’affaires, des banquiers, de vieille souche ou de récente extraction, des grands exploitants agricoles, des hauts fonctionnaires, des membres de l’Institut, des généraux… Monique Pinçon-Charlot affirme qu’elle est collective et même collectiviste à son profit.

* Sous ces deux aspects, la domination capitaliste porte sur la nature et sur le peuple-classe. Les vecteurs de la domination capitaliste au profit de la classe dominante forme système . Il s’agit de la régression démocratique accélérée, les privatisations en chaine, le dépérissement des services publics, et en contrepoints la marchandisation généralisée, le libre-échange. L’appropriation privée des moyens de production orientée vers l’obtention infinie du profit ne cesse de promouvoir ce qui relève de la valeur d’échange contre la valeur d’usage, etc. Le système capitaliste peut se transformer mais son but reste de ne jamais cesser de produire de la plus-value. En somme changer constamment pour rester à l’identique sur sa logique.

2 - Dévoilement vers le bas.

Parler du peuple-classe. Le peuple-classe n’est pas vraiment une classe sociale proprement dite . Il rassemble par opposition à la classe dominante la diversité des dominés. La notion de peuple-classe a été mobilisée en rapport distinctif avec le peuple-nation mais dans une double fonction de dévoilement. Son rôle a été de montrer vers le haut une classe dominante bourgeoisie maintenant mais aussi couche bureaucratique jadis. En ce sens, le peuple-classe n’est jamais que le peuple diminuée de la classe dominante. Le second dévoilement porte sur l’oubli des résidents étrangers n’ayant pas de droit de vote.

Le peuple-classe est plus large que le prolétariat avec sa définition complète qui porte sur l’épuisement du salaire mensuel en fin de mois (1 ). Le peuple-classe rassemble la quasi totalité du salariat, une large fraction des indépendants (payants, artisans, petits commerçants) mais aussi le petit-patronat. On comprends que le peuple-classe est une notion qui rassemble des couches sociales qui peuvent avoir des intérêts divergents surtout si l’on y intègre le patronat des petites entreprises qui exploite parfois aussi férocement que le grand la force de travail salariée. Cet ensemble large de peuple-classe a une frontière mobile mais qui ont pour caractéristique de ne pas être riche.

3 - Le peuple-classe peut-il devenir le sujet de l’altermondialisme ?

Ceux-d’en bas n’ont pas d’existence car pas de nom (sauf celui de multitude dont l’emploi est très lié à la thèse d’Empire d’A Négri et M Hardt ). Parler de peuple-classe revient à nommer les non-riches par rapport aux très très riches, donc à donner nom à ceux d’en-bas. Ce n’est pas négligeable . La question suivante est : peut-il être le nom du nouveau sujet porteur de l’autre monde possible et nécessaire ? Certainement pas en mode exclusif, en mode dominant et excluant des autres problématiques. C’est une leçon des nombreux débats menés dans ATTAC ou dans les Forum altermondialistes.

Eu égard à la prise en charge de la diversité des dominés la notion ne peut intervenir que dans un discours ou un projet qui articule de façon dialectique l’unité et la diversité. On peut penser l’alternative comme la convergence des alternatives. On peut espérer que les émancipations se combinent et se déploient parallèlement. Mais l’histoire réelle montre plutôt des décalages temporels.

Il y a aussi des luttes de classes sans classe. Pendant plusieurs années les fonctionnaires de base ont menés des luttes qui concernaient tout autant leur statut que le service public. D’autres couches sociales, tel les paysans ont mené des luttes contre l’agriculture productiviste.

Il y a aussi des luttes dont la portée émancipatrice n’est pas évidente. On peut dire que chaque lutte a son ambivalence, car elle est travaillée pour être maintenue dans le cadre de l’existant à savoir la recherche de la production pour le profit mais aussi tendue pour sortir du cadre existant.

Pour autant on ne saurait oublier de noter que le peuple-classe est une notion universalisable valable en Europe, en Amérique latine comme en Chine ou en Corée. Même là ou l’on évoque des peuples au sens ethnique il est toujours possible d’évoquer un peuple-classe. Reste que la notion s’adapte difficilement dans certaines situations. Dans quelle mesure peut-on parler de peuple-classe palestinien, dans la mesure ou celui-ci est un peuple qui aspire en quelque sorte à devenir peuple-nation ?

II. LES DEUX ALLIANCES DE COUCHES SOCIALES au sein du peuple-classe à renforcer

http://www.france.attac.org/spip.php?article10263

* Présentation d’une nouvelle vision stratificationniste de la société française

* Les deux alliances fondamentales

Le peuple-nation distingue la bourgeoisie nationale et internationale du peuple-classe qui lui en outre intègre les résidents étrangers extracommunautaires. Toute pensée démocratique se doit aujourd’hui plus encore qu’au siècle passé d’intégrer ces résidents étrangers car les migrants sont devenus un phénomène mondial massif sans commune mesure avec le phénomène observé il y a 20 ans.

La notion de peuple-classe pose un cadre d’alliance interne car il s’agit d’une proto-classe, d’une classe en puissance hétérogène, très divisée. La bourgeoisie est très unie pas le peuple-classe. Penser la convergence des intérêts et l’unification sur un commun malgré les différences existantes procède donc d’une analyse et d’une stratégie.

Quelles couches sociales ? Quelles alliances ? Comment ?

1 - Présentation d’une nouvelle vision stratificationniste de la société française.

Cette approche n’exclue pas une compréhension en terme de lutte de classe. Ces approches sont complémentaires.

A ) Quelques repères

D’après les chiffres donnés par le magazine L’expansion de sept 2009 « spécial cadre » on repère la grille des salaires de deux catégories distinctes celle des dirigeants et celle des cadres du secteur privé. Deux tranches de rémunération moyenne brute sont clairement perceptibles.

On voit :

 toute la palette des directeurs (18 types recensés ) payés entre 85 000 euros et 150 000 euros par an .

 les ingénieurs et cadres plus « modestement » payés entre 35 000 à 45 000 euros par an.

B ) La hiérarchie sociale : par ordre décroissant nous trouvons 4 couches sociales :

4 - LES NANTIS : Ils sont dans la zone entre peuple-classe et bourgeoisie ; ce sont les dirigeants de sociétés anonymes. Il gagnent de 8500 euros à des sommes exorbitantes. Ils sortent rapidement du peuple-classe pour passer dans la classe bourgeoise, celle la plus collectiviste qui est prêt à tout pour défendre ses intérêts, ses privilèges et ses pouvoirs.

3 - LES TRAVAILLEURS AISES : ils appartiennent au peuple-classe. Ce sont les cadres, les indépendants et le petit patronat. Ils gagnent entre 3200 et 5000 euros. Ils gagnent beaucoup moins que les riches, les nantis.

2 - LES PROLETAIRES : Ils épuisent leur revenu mensuel en fin de mois ou pour les « plus aisés » arrive à épargner modestement. Ils gagnent tous moins de 3000 euros par mois. La zone frontière du prolétariat tourne entre 2800 et 3200 euros par mois selon les situations, les modes de vie et les lieux de vie.

1 - LE SOUS-PROLETARIAT : Ils gagnent moins que le smic.Ils peuvent travailler et être pauvre. C’est la honte des pays riches. Chaque matin en se levant il est bon d’y penser pour agir.

2 - Les deux alliances fondamentales.

La première est à renforcer impérativement mais la seconde permet le succès du projet d’émancipation globale (txt ci-dessus)

A) L’alliance impérieuse

Il s’agit d’améliorer le sort de ceux-d’en-bas disposant de quasiment rien à moins de 3000 euros par mois. Il faut alors travailler à l’union des sous-prolétaires et des prolétaires Cela passe par des revendications concernant l’accès au travail, l’accès au revenu décent, une certaine fiscalité protectrice des moins de 3000 euros par mois, une possibilité de ne pas rester coller à vie au smic pour monter vers le double ou le triple dans la seconde partie de sa vie.

B) L’alliance du succès

Il s’agit d’unir les prolétaires avec les « travailleurs aisés ». Les revendications à poser vise à faire reporter au-dessus du « seuil hédonistique » (4500 euros par mois) le paiement de la redistribution primaire (salariale) et secondaire (fiscale)

III - Baisser les revenus des uns, augmenter les salaires des autres.

Eléments plus précis et plus discutables pour une politique salariale et fiscale de classe, vers plus d’égalité et de solidarité.

Il s’agit de mener une politique salariale et fiscale qui s’appuie sur les considérants politiques dégagés précédemment en I et II ci-dessous. Le texte 1 constitue le cadre général, le texte 2 est lui une théorisation intermédiaire. La question du contenu du patrimoine immobilier et mobilier n’y est pas intégré pour mieux dégager l’orientation proposée mais il est évident qu’il importe de prendre en compte.

Le texte III est à écrire collectivement, notamment sur des prérequis tels que la nécessité de prendre des mesures pour réduire les taxations sur la consommation, et donc à terme abolir la TVA. Mais certaines taxes méritent d’être maintenues. C’est au débat démocratique de trancher sur la base d’une discussion ouverte et argumentée. De même, on va ici faire l’impasse sur la présence ou non de service public alors qu’il s’agit d’une différence de situation très importante entre deux pays qui par ailleurs peuvent avoir une distribution des revenus similaire. C’est là un fait avéré, démontré.

Passons à des rudiments qui fournissent la ligne d’une politique de classe en matière de pouvoir d’achat.

1 - Pour les nantis (revenus mensuels supérieurs à 8500 euros) : réduction des revenus, plus forte fiscalisation. Recherche internationale des prédateurs économiques financiers.

2 - Pour les travailleurs aisés (entre 3000 et 5000 euros par mois) : blocage des revenus, fiscalité moyenne.

3 - Pour les prolétaires (moins de 3000 euros) : Augmentation des salaires de tous et et toutes pour les moins de 2600 euros. Très faible imposition des revenus.

4 - Pour les sous-prolétaires : Aucune imposition, forte augmentation de salaire.

Christian Delarue