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L’urgente lutte antiraciste doit accompagner les autres luttes de libération. C Delarue

vendredi 21 avril 2017, par Amitié entre les peuples

L’urgente lutte antiraciste doit accompagner les autres luttes de libération.

La lutte antiraciste figure souvent comme la cinquième roue du mouvement d’émancipation, les deux roues motrices correspondant souvent à la lutte des classes populaires face à la finance., aux grandes banques et assurances. Depuis quelques décennies, il est relativement admis et reconnu, outre les luttes sociales des travailleurs salariés, la pertinence des luttes féministes et de celles laïques (plus la laïcité que les féministes sans doute). Ajoutons les luttes démocratiques contre l’oligarchisation tant au niveau national que continental (Union européenne), les luttes contre l’impérialisme et le colonialisme, celles pour l’éco-socialisme (écologie sociale), celles contre les intégrismes religieux qui avancent sous couvert de « retour du religieux ».

 En métropole

Une telle reconnaissance majoritaire de la laïcité - plus que du féminisme -pour positive qu’elle soit ne va d’ailleurs pas sans instrumentalisation par certaines forces politiques dont le FN de Mme Le Pen mais aussi de la droite de Fillon, qui n’hésite pas à se rapprocher de Sens commun, groupuscule réactionnaire, fort peu féministe et fort peu laïque sauf contre les musulmans. Quand on s’attaque à ce que l’islam et les musulmans peuvent porter comme danger totalitaire (cf le livre de M Fillon), il importe aussi de critiquer - ou, à minima de ne pas faire alliance avec - les autres intégrismes religieux, ici celui catholique.

Les conservateurs s’accommodent des inégalités en tout genre, les réactionnaires veulent eux approfondir les inégalités au lieu de les résorber. Ils veulent donc le contraire des progressistes tendus eux vers la réalisation de l’égalité.

 En Guyane (cf Appel ci-dessous)

Le peuple-classe de Guyane revendique tous les éléments matériels et moraux de la dignité et de la justice sociale. Combattre le racisme issu du colonialisme et de la situation actuelle particulière va nécessairement avec d’autres combats. On voit ,du fait des violences et de l’insécurité élevée, qu’il y a besoin de police mais assurément d’une autre police que celle - que l’on souhaite minoritaire- qui a violé par des matraques électriques l’anus de personnes noires de peau (ou blanches).

Ce besoin de sécurité face à la violence ne peut être réglé uniquement par la présence policière. Il faut que les plus démunis puissent boire (pas d’eau potable partout) manger, s’instruire, se déplacer, se soigner convenablement. Trouver un logement et un emploi aussi et surtout. C’est pourquoi il importe, au plan économique et social, pour la satisfaction et la réalisation des droits sociaux qui bénéficient surtout aux classes sociales populaires (le peuple-classe multicolore) de maintenir et développer de vrais services publics, avec une composante de services gratuits ou à bas tarifs. Pas de droits sans services publics . Répétons que le peuple-classe de Guyane comme de Métropole en a besoin et que les classes dominantes veulent elles, trop souvent, s’approprier et marchandiser ces services, les mettre à leur service (via le profit dégagé) au lieu de l’intérêt général. Construire les services publics (éducation, logement, santé, eau, énergie, transport, etc ) est donc nécessaire.

 Lutte contre tous les intégrismes religieux.

Dans l’ouvrage collectif « URGENCE ANTIRACISTE - Pour une démocratie inclusive » (Ed du Croquant - mars 2017) on peut lire, de ma part, une critique de l’islamisme qui est reliée à la critique des autres intégrismes religieux et qui s’insère dans un cadre de pensée progressiste, une pensée de gauche, tout à la fois en soutien des couches sociales modestes au plan économique, en critique de l’impérialisme et du colonialisme, avec une perspective de transition écologique. Il n’était notamment pas évident de trouver une telle critique dans ce livre, et ce à plusieurs titres dont celle concernant la loi de mars 2004.

L’intégrisme religieux est, il faut le répéter, une fraction interne à quasiment chaque religion, une (ou des) tendance(s) autoritaire(s) - qui peut avoir plusieurs niveaux -propre à quasiment toute religion ; tendance qui porte une vision archaïque du monde principalement orientée vers un renforcement du patriarcat. Il existe un très grand nombre de religion mais je parle ici des principales : catholique, protestante, orthodoxe, musulman, juif, etc.

Il est dangereux de ne pas critiquer l’intégrisme musulman car cela pousse des citoyens vers l’extrême-droite. Il est dangereux que ce soit seulement la droite qui critique l’intégrisme musulman et heureusement ce n’est pas le cas. Il est tout aussi dangereux de ne pas critiquer l’intégrisme catholique , ce que fait actuellement la droite pro-Fillon. Il est dangereux que ce soit seulement la gauche qui critique l’intégrisme catholique et heureusement ce n’est pas le cas.

Concernant la laïcité, il importe de voir qu’elle s’oppose aussi bien à l’intégrisme catholique (de droite) qu’à l’intégrisme musulman (de gauche) ou des autres intégrismes. Et en ce sens, il importe de défendre les mesures en France ou en Belgique ou ailleurs, qui interdisent les signes religieux ostensibles ou ostentatoires à l’école. Mais il ne faut pas en rester là. Il est impensable d’avoir en entreprise une réception client avec des signes religieux ostensibles : voile, kappa, croix catholique tout comme on interdit en réception client les badges syndicaux ou politiques !

Christian DELARUE

signataire de l’Appel collectif Soutien au peuple guyanais sur L’Humanité et Mediapart

"Depuis le 27 mars, les Guyanais, en lançant une grève générale illimitée qui a empêché le décollage de la fusée Ariane, se sont engagés dans un mouvement très déterminé pour dénoncer l’insécurité, le manque d’investissement et l’état délabré de leurs services publics, hôpitaux, écoles, un taux de chômage deux fois plus élevé qu’en métropole, et qui atteint 55% pour les jeunes de 15 à 24 ans, et 44 % de taux de pauvreté. La France a fait de la base de Kourou une vitrine scientifique spatiale de renommée mondiale, mais une grande partie de Guyanais estiment que les retombées économiques et sociales pour la population de 245 000 habitants de ce territoire, grand de 84 000 km2, sont insuffisantes.

suite sur :

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/130417/soutien-au-peuple-guyanais

http://www.humanite.fr/appel-collectif-soutien-au-peuple-guyanais-634877

par :

Nils Anderson, président du Conseil scientifique de Sortir du colonialisme

Adda Bekkouche, juriste, membre du CS d’Attac France

Martine Boudet, membre du CS d’Attac France

Christian Delarue, membre du CA du CADTM, militant altermondialiste et antiraciste

Patrick Farbiaz, porte-parole de Sortir du colonialisme

Evelyne Perrin,présidente Association Sang pour Sans

Louis-Georges Tin, président du Cran

co-auteurs de :

Urgence antiraciste –Pour une démocratie inclusive- (Collectif, Ed du Croquant, mars 2017)