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L’oligarchisation stérilise la vie démocratique et casse les protections sociales. C Delarue

samedi 31 décembre 2016, par Amitié entre les peuples

L’oligarchisation stérilise la vie démocratique et casse les protections sociales.

Chantal Mouffe (1) évoque le processus d’oligarchisation en lien avec ce qu’elle et d’autres appellent la post-démocratie (2), soit pour le dire plus explicitement « démocratie rabougrie » qui est la « démocratie réellement existante » comme on disait jadis le « socialisme socialement existant » plus proche du « socialisme de caserne » que d’un « socialisme démocratique ».

Avant de développer ce fil a-démocratique et même anti-démocratique (gouvernance autoritaire d’urgence) il importe de faire le lien, du fait de la montée du capitalisme financiarisé, entre oligarchie néolibérale et pouvoir des élites bancaires (Thierry Brugvin d’ATTAC - 3) ou la « bancocratie » (Eric Toussaint du CADTM). La question de la dette est ici déterminante pour orchestrer une véritable guerre anti-sociale contre les peuples-classe. Celle de l’appropriation sociale des banques aussi comme perspective.

 Double mouvement

L’oligarchisation, comme le fétichisme est double mouvement. Pour parler de fétichisme, à suivre Alain Bihr notamment, il faut bien un double mouvement : avec d’une part la surélévation d’une abstraction ou d’un dispositif surplombant au-dessus des humains (du moins une grande majorité d’humains), d’autre part le rabaissement des humains qui se soumettent.

L’oligarchisation est elle le processus sur plusieurs annèes de renforcement de l’oligarchie et du pouvoir de la toute petite minorité d’en-haut contre le peuple, pas essentiellement contre un peuple identitaire ou ethno-national (bien que ce soit possible) mais surtout contre le peuple-classe, soit contre l’immense majorité d’en-bas (beaucoup plus de 99% d’en-bas).

Puisqu’on parle en terme de processus et non d’ état (fixe), il y a des dynamiques contradictoires à souligner. Il faut ajouter que si l’oligarchisation augmente en prenant de la puissance et en s’élevant bien au-dessus du peuple alors la démocratie s’affaiblie nécessairement. Si à l’inverse l’oligarchie perd de son pouvoir dans la société on peut penser, sans que ce soit automatique, que la démocratie va devenir tendanciellement plus participative et surtout plus soucieuse des différentes couches sociales du peuple.

La démocratie ne se réduit pas à l’élection d’élus, avec certains élus devenus au fil des ans des professionnels de la politique - sorte de caste politique - ainsi qu’on l’a vu avec les deux candidats de la primaire de droite (Juppé et Fillon) en 2016, qui cumulent chacun les mandats horizontaux et verticaux depuis 40 ans ! soit depuis 1976 !

Il n’y a pas de démocratie respectueuse du peuple dans sa diversité sans justice sociale et plus largement sans approfondissement de l’égalité - Chantal Mouffe le répète aussi - ce qui suppose aussi, outre l’aspect socio-économique, une configuration sociétale ou le sexisme et le racisme sont fortement limités.

 La concentration et la transnationalisation

L’oligarchie est ultra-puissante au niveau mondial (cf « La Caste » note de lecture sur ce site et Le règne de l’oligarchie d’A Cotta chapitre IV ) et forme une sorte d’hyper-classe au-dessus d’une humanité-classe si on veut garder l’idée de rapport .

Mais le processus d’oligarchisation est aussi transnational. Il y a, en lien avec la mondialisation néolibérale, comprise comme période du capitalisme financiarisé mondial, renforcement oligarchique dans chaque formation nationale mais aussi au niveau supra-national (Union européenne ou ce processus est très fort mais ailleurs aussi sur d’autres continents) et au niveau infra-national, dans les régions ou le processus de notabilisation est plus faiblirais néanmoins réel (Grémion).

 Construire l’en-bas pour riposter

La perspective pour les peuples-classe est de lier plusieurs combats, notamment combat démocratique avec combat social, mais aussi écologique, antisexiste, antiraciste, anti-intégrisme religieux de plus en plus. On n’est pas là, à priori, sur une logique populiste de gauche mais c’est bien d’en-bas, du peuple-classe que l’on part pour conquérir le pouvoir démocratique et social.

On ne peut plus, semble-t-il, isoler la question démocratique de celle des conquêtes sociales venant des forces populaires historiques en lien avec les syndicats, les partis de gauche, les associations. Ce qui suppose de penser la démocratisation comme la mobilisation populaire (via les « corps intermédiaires » comme on dit en science politique) du peuple-classe dans sa diversité (multicolore ou pluriel) qui en même temps qu’il s’exprime démocratiquement dit aussi ce qu’il veut en terme de contenu, de projet. Ce qui suppose débat puisque on trouve des positionnements différents.

Christian DELARUE

1) Chantal Mouffe évoque l’oligarchisation ici dans ce débat : Faut-il construire un populisme de gauche ? - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=rl36XZ5LTJk

Chantal Mouffe - L’illusion du consensus (2016, France Culture) - YouTubeRetour ligne automatique
https://www.youtube.com/watch?v=basdE0TpgTg

2) La remise en cause sournoise de la démocratie : la postdémocratie
http://www.toupie.org/Textes/Postdemocratie.htm

3) Le pouvoir illégal des élites Thierry Brugvin - YouTube
https://www.youtube.com/watch?v=QC57I9iBPeE

Note sur « LE REGNE DES OLIGARCHIES » * d’Alain COTTA - Amitié entre les peuples
http://amitie-entre-les-peuples.org/Note-sur-LE-REGNE-DES-OLIGARCHIES

pour le Québec : L’oligarchisation tranquille | Benjamin TremblayRetour ligne automatique
http://quebec.huffingtonpost.ca/benjamin-tremblay/oligarchisation-tranquille_b_5137622.html

CUMUL VERTICAL et HORIZONTAL des MANDATS STOP : TROP c TROP ! - AELP - BELLACIAO
https://bellaciao.org/fr/spip.php?article152501