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L’islamisation de la société française expliquée au FN et à une fraction de l’UMP. C Delarue

jeudi 29 mars 2012, par Amitié entre les peuples

POSTCOLONIALISME

L’islamisation de la société française expliquée au FN et à une fraction
de l’UMP.

17 mars 2012

Une population venue du Maghreb et d’Afrique s’est installée
provisoirement en France à l’appel du patronat français qui avait besoin de main-d’œuvre solide et pas chère. C’est là une des manifestations des privilèges du colonialisme pour les capitalistes. Cela a encore des effets aujourd’hui et pour toute la société française.

Le fait que cette installation des immigrés recrutés soit conçue comme provisoire a entrainé un effacement des marqueurs culturels. Pour autant, ces populations ne venait pas du néant mais de pays à culture musulmane forte et historique. Et évidemment, ils n’entendaient pas abandonner, par grand volontarisme, en quelques mois, des pratiques ethno-culturelles si fortement ancrés. Ce n’est que du fait de la perspective du retour au pays que ces travailleurs migrants ont masqué à l’extérieur une culture religieuse qu’ils entretenaient néanmoins en interne, notamment auprès de leurs enfants. Voilà une première vérité, pas évidente, à rappeler à celles et ceux qui aiment Marine Le Pen mais aussi Guéant et Hortefeux.

Ensuite et pour le dire brièvement , en 1974, le gouvernement siffle la fin de ce régime. C’est peu à peu une politique contraire de retour qui va s’imposer. Mais de tels mouvements historiques ne se commandent pas d’autorité. Si une partie des immigrés sont retournés chez eux (j’ai oublié le nombre) une large fraction est resté sur le territoire. Ce qui a changé et va encore plus changer par la suite c’est que les femmes et les enfants viennent du sud rejoindre leurs maris. Cela est connu. Vous appelez cela « immigration de peuplement ». Mais elle est normale et attendue dès lors que les travailleurs immigrés restent en France car ils y travaillent depuis longtemps. Il faut rappeler pour être concret qu’ils ont fait des logements en grand nombre comme des routes et des autoroutes. Bref, ils ont véritablement construit la France et plus durement que certains français et pour moins de salaire. C’est plus un grand « merci » qu’un ignoble « casse toi » qui convient non ! Si vous n’êtes pas d’accord je ne discute plus. Inutile. Mais c’est une seconde vérité.

Il y a donc eu une dynamique d’installation étalée sur le temps qui a
fait que ces populations ont cessé d’être des immigrés à proprement
parler. Ils sont devenus des résidents français durablement établis. Ils
travaillent en France, y paient les impôts, y perçoivent normalement des prestations, obtiennent parfois la nationalité française... et affiche
désormais - pas tous mais une partie - leur culture musulmane qu’ils
cachait jadis.

Il y a donc eu un processus paradoxal ou l’intégration des immigrés de
la vieille génération n’a été qu’apparente - thème de la "mise en
réserve culturelle" (Bastenier 2004) - et ou celle des générations
suivantes a été contrastée
c’est à dire qu’une partie a entérinée la
démarche d’intégration apparente des parents en s’assimilant réellement à la société dans laquelle ils avaient grandi alors qu’une autre a souhaité conserver ses références identitaires et ethniques tout en se considérant comme français à part entière. Ce que l’on a appelé la « marche des beurs » en 1983 se rapporte à une double revendication d’intégration qui exige d’une part la citoyenneté politique pleine et entière et d’autre part le bénéfice de l’Etat social à égalité de droits. Mais une partie des marcheurs, plus minoritaire et surtout moins mise en avant par les médias posait des revendications ethno-culturelles qui ne se manifesteront plus fortement que plus tard.

Cette contradiction s’est reflété aussi dans le discours savant. Du
moins c’est la perception que j’en ai comme militant qui suit depuis
longtemps ces problématiques. La sociologie d’inspiration durkheimienne insiste plus sur les aspects « intégration » qui sont réels et en corolaire elle critique le racisme existant dans la société française, alors que la sociologie de l’immigration porte elle plus son regard sur ce qui perdure venant du passé pour in fine le défendre. Enfin une sociologie de l’ethnicité, qui en quelque sorte a pris la suite de la sociologie de l’immigration (qui n’est pas dominante), tente elle de montrer la réalité de la culture musulmane dans les quartiers ou les
musulmans sont implantés : mosquées, viande halal, femmes voilées,
barbus, épiceries exotiques, etc... Ici la critique ne porte plus
principalement sur l’existence du racisme - trop évident - mais sur la
conception même de la République qui masque son ethnicité dominante.

Ici, au plan des conclusions plus engagées, certains se contentent -
comparativement à d’autres - d’en appeler à l’ouverture y compris en terme de citoyenneté déconnectée de la nationalité et de reconnaissance relative de la diversité, en politique notamment, et dans l’égalité (face à la fermeture dans l’inégalité) alors que d’autres, plus radicaux, vont plus loin en exigeant, un peu comme en Grande-Bretagne ou au Canada, l’abandon de la laïcité et des références républicaines universalistes. Le danger de cette dernière position est de laisser passer l’islamisme avec l’islamisation, avec la reconnaissance d’une altérité ethno-culturelle.

L’islamisme (radical) quoique minoritaire est dangereux. Or il est une composante de la branche qui a eu surtout une réaction ethno-culturelle (dans les années 80 et après) plus qu’une réaction de type démocratique et sociale face à la domination globale subie. Entendons-nous bien je ne privilégie pas uniquement la « bonne solution » de la revendication en terme de droits citoyens et sociaux. La diversité culturelle a ses droits et la laïcité est aussi une protection pour tous les croyants et les incroyants. Simplement, je vois qu’il existe en France et en Europe un fort néo-racisme anti-musulman qui s’appuie sur l’amalgame entre les islamistes (radicaux) et le reste des musulmans obéissant à un islam plus égalitaire et démocratique, et ce quoiqu’on pense du contenu de l’islam.

Christian DELARUE MRAP 35