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L’interculturel entre multiculturalisme et monoculturalisme. C Delarue

dimanche 11 septembre 2011, par Amitié entre les peuples

L’interculturel entre multiculturalisme et monoculturalisme.

Ce titre me vient de la lecture du dernier livre (1) de Gilles Verbunt, un spécialiste de la question tant en théorie qu’en pratique, dont l’éditeur a expédié un ouvrage au MRAP pour recension.

 L’interculturel comme pensée critique des modèles.

L’interculturel se situe de façon critique par rapport aux deux modèles actuellement adoptés, à savoir le multiculturalisme pratiqué surtout dans les pays anglo-saxons et le mono-culturalisme à la française.

S’il n’y a plus d’homogénéité culturelle comment continuer à vivre ensemble dans un même pays ? Avant de répondre il observe avec raison que « le modèle multiculturaliste des Etats-Unis est trop contraire à la tradition française pour être un successeur crédible. Le multiculturalisme garantit la diversité mais il a un point faible : il ne sait pas trop quoi faire des interactions entre les populations diverses ».

« Et si un successeur s’appelait : interculturel ? » avance l’auteur qui précise alors ce dont il s’agit : « Contrairement à ses collègues, il ne présente pas de système, d’utopie ou de modèle. Sa doctrine est encore inachevée. Il se présente plutôt comme une approche, une attitude, un projet, un processus, une orientation. »

L’interculturel a-t-il pour base des traits communs ? Dans toutes les cultures l’inceste est interdit. Mais cela n’empêche pas que sur la définition et l’extension de l’inceste les avis divergent. C’est la différence qui est commune !

 L’interculturel est politique !

L’interculturel est alors une perspective : oeuvrer pour que ces différences, loin d’empêcher le vivre-ensemble, enrichissent l’humanité. Dans cette perspective, ce qui tient une société ensemble est la citoyenneté. Cela suppose que les sociétés acceptent des règles communes qui ne concerne pas le mode de vie, les moeurs, l’expression religieuse, l’échelle des valeurs, le langage, mais les modalités du dialogue et la reconnaissance de la citoyenneté, prioritaire à toutes les sphères (politiques, économiques, sociale, idéologique, religieuse...). Cette citoyenneté est un cadre juridique qui permet la vie des populations différentes dans une même société ou sur un même territoire. La société interculturelle est ni d’ordre religieux, ni d’ordre culturel, ni d’ordre linguistique, mais d’ordre politique.

 In fine l’interculturel propose un métissage critique.

Le métissage n’est pas un bien en soi. Le phénomène est positif que s’il y a « franchissement des frontières fixées par l’appartenance ». L’interculturel libère des héritages qui enferment.

Christian DELARUE

1) Penser et vivre l’interculturel Gilles VERBUNT Chronique Sociale 16, 50 euros TTC France