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« L’idée d’un peuple comme classe » de Jacques BIDET

mardi 10 avril 2018, par Amitié entre les peuples

« L’idée d’un peuple comme classe » de Jacques BIDET

Note sur le livre : « Eux » et « nous » ? Une alternative au populisme de gauche de Jacques BIDET - Professeur émérite. (Février 2018 - Ed KIME collection « Philosophie en cours » )

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D’emblée (p 12) l’auteur, théoricien marxiste, pose la question en lien avec la période : « Que veut-on en définitive ? Refondre la gauche ? Ou rassembler le peuple ? Ou bien est-il possible de dépasser cette alternative. Mais quel sens donner aujourd’hui à ce mot « gauche » ? Peut-on même encore en faire usage ? Et de quel peuple s’agit-il ? »

La « gauche d’alternative » (différente de la "gauche d’alternance ») essaie tout à la fois de « rassembler toutes les forces populaires et toutes les causes d’émancipation dans une lutte commune qui puise sa dynamique aux sources de la démocratie » . Exercice difficile. Jacques Bidet s’inscrit dans cette démarche mais sans en rester à une compréhension « politiste » qui n’est que l’envers de celle ancienne de type « économiciste ».

Thèse : « Il n’y a pas d’homologie entre la structure de classe et le théâtre des partis »

De cette reconstruction théorique de ces deux termes - théorie des classes et théorie des partis - va naître « l’idée d’un peuple comme classe » (p 13). D’ou le titre de l’excellent article de Florian GULI paru dans l’Humanité (1)

Il reprend le terme de « peuple-classe » , terme que j’utilise depuis longtemps mais sans référence à une idée de « classe fondamentale » (d’en-bas) mais plus en fonction du « classisme » d’une classe dominante au sens classique de la lutte de la classe des possédants et dominants (Bensaid), classe assimilée aux riches du 1% d’en haut (2).

Mais là, on s’éloigne au moins deux fois de Jacque Bidet . Le signaler va permettre de mieux saisir les différences de conception.

1) La structure de classe de Jacques Bidet ne dit rien sur les riches du 1% et la revendication d’une autre redistribution fiscale et d’une autre politique salariale qui limite les revenus des riches . L’excès de richesse patrimoniale et des revenus n’est pas son problème. Du moins, cela n’entre pas sa théorisation. Et cela se comprends fort bien eu égard au niveau de théorisation entrepris.

2) Je me préoccupe, pour ma part, assez peu de parler de « classe dominante bi-polaire » - thèse qui ne manque pas de pertinence - bien que pour moi l’idée d’une « division du eux » soit aussi une préoccupation (récente et sans trop d’illusion) mais non théorisée, plus de l’ordre d’un discours invoquant tout à la fois Gramsci (bloc de classes et contre-hégémonie) et Bourdieu (« main gauche » de l’Etat - Etat social distribuant de la valeur d’usage via les services publics). Jacques Bidet théorise un pôle dur proprement capitaliste (fondé sur la propriété) et un pôle des compétents-dirigeants au service du capital (fondé sur l’organisation). Quid des sur-salaires pour les compétents du 1% ?

Pour Jacques Bidet, l’unité de la classe dominante est problématique. Il dit qu’elle est « vulnérable ». Et elle l’est d’autant plus que la classe populaire n’est pas chez lui classe subalterne et soumise mais classe disposant aussi de certains pouvoirs historico-sociaux et donc d’une certaine puissance d’agir, et ce malgré ses divisions en fractions. Il fait donc du peuple-classe des sans privilèges une « classe fondamentale ».

Il y a un enjeu final à cette théorie : le « nous » de la « classe populaire fondamentale » ou du « peuple-classe » des sans privilèges peut comprendre, moyennant une certaine politique, une partie du « eux ». La chose n’est pas donnée d’emblée. Il faudrait en débattre avec l’auteur.

Le « peuple-classe » peut-il s’ériger en peuple-nation avec l’appui des compétents d’en-haut, par exemple en introduisant de l’appropriation publique (contre le pôle « capital ») pouvant déboucher à l’aide du processus de démocratisation étendu sur de l’appropriation sociale ? On a là notamment l’idée d’un étapisme passant de l’institution d’un pôle public bancaire qui accompagnerait une démarche syndicale et populaire de socialisation des banques (par en-bas).

Le plan du livre  :

Partie I : LA STRUCTURE MODERNE DE CLASSE

CH 1 : Le pôle « capital » de la classe dominante
CH 2 : Le pôle « compétence » de la classe dominante
CH 3 : La classe populaire : strates, fractions, fractures

Partie II : LA STRUCTURE POLITIQUE DE L’ETAT NATION

CH 4 : L’Etat et la Nation : sujet et subjectivité
CH 5 : Le théâtre moderne des partis : un duel triangulaire

Partie III : HORIZON ET ORGANISATION DU « TIERS-PARTI »

CH 6 : Le populisme, le commun, le communisme.
CH 7 : La puissance de la forme association

Christian DELARUE

1) Essai. Le « peuple-classe » comme alternative - humanite.fr - Amitié entre les peuples
http://amitie-entre-les-peuples.org/Essai-Le- peuple-classe -comme-alternative-humanite-fr

https://humanite.fr/essai-le-peuple-classe-comme-alternative-652650

2) Classe dominante et oligarchie contre peuple souverain et peuple-classe.
http://mouvements.info/classe-dominante-et-oligarchie-contre-peuple-souverain-et-peuple-classe/