L’école républicaine en soumission des pratiques de la lex mercatoria ? C Delarue.
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L’école républicaine en soumission des pratiques de la lex mercatoria ?
Promouvoir le gout d’entreprendre mais hors du marché et du profit !
L’école dite républicaine devrait sous peu venir avaliser et conforter les pratiques de la lex mercatoria. A écouter les médias du matin, on apprend que le ministre socialiste Vincent Peillon veut rapprocher plus encore l’Ecole de l’entreprise (1). La tendance n’est pas que française et ne date pas d’aujourd’hui.
Le désir d’entreprendre en capitaliste offensif ne fait pas recette.
C’est une tendance qui a lire l’Express (un entretien Mérieux-Pébereau de 2005) se heurte à la mentalité dominante des classes populaires. Citons le propos : « Les chefs d’entreprise ont de quoi s’arracher les cheveux. Les jeunes Français ne rêvent pas de créer leur boîte ni d’être patrons. Non. 40% des 20-25 ans souhaitent devenir... fonctionnaires, selon l’enquête publiée le mois dernier par la Confédération générale des petites et moyennes entreprises. Quant aux lycéens, interrogés par l’Association Jeunesse et entreprises sur le métier qui les attire le plus, ils ne répondent pas »commercial« , »responsable de maintenance de production« ou »conducteur de fabrication« - trois métiers jugés des plus prometteurs par les entreprises. Ils veulent être enseignants (78%) ou architectes (70%). »
Mais la tendance lourde bien enclenchée à la fin des années 70 par les « socialistes » français était de marginaliser les conceptions du monde en termes de rapports sociaux et de dévalorisation ce qu’on appelait jadis les « humanités » (dont le sens s’est perdu auprès des jeunes générations) au profit d’une autre moins agonistique, plus consensuelle et dominante qui était et reste l’Entreprise, le nouveau fétiche qui surplombe les sociétés contemporaines. On sait aussi que les décennies qui ont suivies ont vu les partis sociaux-démocrates avaliser la marchandisation du monde et l’OMC comme institution légitimante de la nouvelle lex mercatoria.
L’école derrière la lex mercatoria et le profit !
La lex mercatoria est le droit des marchands et des possesseurs de capitaux qui sont les grands entrepreneurs des temps modernes. Ce droit d’entreprendre et de faire du commerce sous régime capitaliste néolibéral est le leur. Il leur permet l’exercice légal d’un réel et important privilège de classe qui s’exerce contre les prolétaires (ceux et celles qui vendent leur force de travail pour vivre) et très souvent aussi contre la nature.
La vision républicaine des sociétés est à priori contraire à la logique néolibérale qui favorise les intérêts privés d’une minorité de grands possédants car elle défend et promeut l’intérêt général et le bien commun. De la res publica à la res communis il y a une réelle proximité de pensée et d’action. La République n’ignore pas totalement la logique marchande mais elle privilégie surtout l’économie non-marchande et les services publics car ces derniers ont pour mission la satisfaction des besoins sociaux dans le respect de la nature. Ils doivent permettre la réalisation des DESC, soit les droits économiques, sociaux et culturels en tenant compte des nouveaux droits protecteurs de la nature. En d’autres termes, l’économie non marchande satisfait la valeur d’usage et non la valeur d’échange qui sert elle, en société capitaliste, au gonflement des profits via l’exploitation du travail salarié. Signalons ici une exception, celle des sociétés coopératives qui ont un statut particulier qui fait que le travail salarié tout comme l’entrepreneuriat y sont différents qu’au sein des sociétés anonymes, surtout celles qui font appel public à l’épargne.
Christian DELARUE
1) Dans un entretien accordé aux Echos publié le 3 octobre, Vincent Peillon insiste sur l’importance des entreprises dans l’orientation des élèves. Il les invite à pénétrer dans les classes.