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L’auto-entrepreneur prolétaire, un travailleur indépendant sans code du travail

dimanche 6 décembre 2009, par Amitié entre les peuples

L’auto-entrepreneur prolétaire (1), un travailleur indépendant sans code du travail

Tel est le travailleur qu’aime la droite et le MEDEF !

L’auto-entrepreneur, une bonne aubaine pour le capitaliste d’entreprise moyenne ou grande qui bénéficie de ce travail-là via le droit des affaires. Il est vrai que le sigle PME permet d’amalgamer la petite entreprise et la moyenne et dans la petite celui qui est seul de celui qui peut encore disposer d’un ou deux salariés. La crise pousse aux distinctions.

Des entreprises à taille humaine ! La première entreprise de France ! L’artisanat, le lieu privilégier de l’embauche des apprentis non qualifiés en formation ! La petite entreprise a eu le vent en poupe ces dernières années. Même l’altermondialisme a fait l’apologie de l’artisanat comme conforme au développement durable. Au salon bio de Guichen la micro-entreprise vente son commerce équitable. L’affichette de promotion des circuits courts permet l’arrivée de commerçants qui sur les stands se comportent comme des commerçants traditionnels, le regard rivé sur les prix.

Le vent tourne à la misère pour les plus petites. Car la très petite entreprise est fragile. La fragmentation nuit aussi bien au salariés qu’au petit patron. L’artisan, le commerçant et le petit patron dont il s’agit sont ceux qui ont pour particularité de n’embaucher qu’un très faible nombre d’employés ou d’ouvriers : deux ou trois.

Avant la crise, les revenus des petits patrons étaient assez élevés - au-dessus de 3000 euros par mois en moyennes souvent beaucoup plus. L’Insee a communiqué en octobre 2009 le revenu moyen des patrons de PME : 58 260 euros nets par an, soit 4855 euros mensuels. Certains d’entre eux faisaient travailler dur leurs employés et les payant peu. Quand le patron dit travailler plus de 12 heures par jour pendant 6 jours on comprend que cela le rende « exigeants » (2) pour reprendre un bel euphémisme connu. Le salaire des employés montait peu au-dessus du SMIC dans beaucoup de petites entreprises alors que les horaires dépassaient les 35 heures. C’est dans ces catégories sociales que l’on trouve les individus qui rechignent le plus à payer les impôts. La crise n’a rien changé à cette attitude.

Avec la crise surgit les licenciements. Le petit patron devient travailleur indépendant (2). Le petit patronat qui n’avait que deux salariés et qui les licencie se retrouve auto-entrepreneur avec un revenu allant du SMIC à un fois et demi le SMIC. Le revenu moyen des entrepreneurs /indépendants /(92% des cas) s’élevait en 2005 – dernière année connue dans les statistiques de l’Insee – à 22 100 euros nets par an : 1842 euros par mois. La chute est dure. Regardez votre patron-coiffeuse qui avait un grand salon, un beau 4X4 et une belle maison sur la côte. Elle est seule désormais et elle doit travailler ailleurs dans une unité plus petite. Les exemples ne manquent pas.

Si il y a un petit patronat hyper-exploiteur il y a aussi un petit patronat « patriarcal » qui conçoit son entreprise comme une petite famille qu’il faut maintenir. Ils souffrent de licencier .
cf . Mesurer le stress du petit patron et la « souffrance du licencieur »
http://eco.rue89.com/2009/10/30/mesurer-le-stress-du-petit-patron-et-la-souffrance-du-licencieur-123946

Le modèle du travailleurs indépendant dans un mode de production capitaliste dominant est fragile. Il importe de défendre la notion de bouclier social (3) et fiscal.

Christian Delarue

1) Prolétaire au sens de couche sociale disposant d’un revenu permettant au mieux de modestes économies en fin de mois (autour de 3000 euros par mois en 2010 en France). Le prolétaire au sens « classiste » ou marxiste est celui qui vend sa force de travail pour vivre. Il est souvent les yeux rivés sur sa fin de mois. Il est donc souvent mais pas toujours un prolétaire au sens d’une conception stratificannioniste.

2) L’entrepreneur ou l’individu appelé à se concevoir comme une entreprise
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/l-entrepreneur-ou-l-individu-60888

3) Bouclier social : Baisser les revenus des uns, augmenter les salaires des autres.
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article873

CES : Pour un grand mouvement de RTT en Europe pour le monde du travail.
http://www.legrandsoir.info/CES-Pour-un-grand-mouvement-de-RTT.html