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L’altermondialisme : nouvelle déclinaison ou trahison du marxisme - C Delarue

vendredi 23 mai 2014, par Amitié entre les peuples

Du marxisme au sein de l’altermondialisme : la question de la conflictualité sociale !

Pour beaucoup la question ne se pose pas. Ce serait ni l’un ni l’autre. Le marxisme n’y serait qu’à « bas bruit », un mode d’analyse banalisé comme un autre, accessible au sein d’une « boite à outil » plurielle. C’est que l’altermondialisme ne fait pas nécessairement usage du marxisme dans ses théorisations. Il n’est pas interdit certes mais il n’est pas une référence « obligée » comme dans nombre d’organisations socialistes-communistes. Reste qu’il demeure fréquemment utilisé, notamment par les économistes mais pas seulement.

La critique ici porte sur un déplacement des conflits de classe qui déboucherait à une sorte de trahison du fait d’une réduction au 1% contre 99%.

La question du capital, l’oligarchie et le peuple-classe.

 Commençons par le capital.

Le capital est un rapport social de production entre capitalistes et travailleurs du privé (et du public dans le cadre de la reproduction élargie du capital soit un marxisme plus complexe que le marxisme le plus popularisé). Le capitaliste exploite la force de travail salarié pour dégager une plus-value. Le capitaliste possède les grands moyens de production, pas les travailleurs ! Le capitaliste qui exploite la force de travail des travailleurs peut être un petit capitaliste ou un gros.

 La notion du peuple-classe (Christian Delarue) ici.

Elle montre un déplacement de la lutte de classe sur une minorité de capitalistes. Le capital devient alors, sous l’effet du néolibéralisme, du poids de la finance, un rapport social original entre l’oligarchie rentière du 1% et le reste de la population nommée peuple-classe. On passe de l’ordre des classes à l’ordre des peuples mais ce peuple n’est pas un cercle attrape-tout comme le peuple nation par exemple. Encore que le peuple-nation a ses exclus mais les résidents non-nationaux.

 La critique.

« l’accent mis sur le capital financier et les rentiers du 1%, masque tous les autres capitalistes, notamment ceux qui sont sous le 1% au sein du dernier décile. C’est tout le problème de la théorisation altermondialiste et néomarxiste de Christian Delarue ».

 Ma réponse.

Le capital rentier du 1% est le plus nuisible mais de le viser principalement n’empêche nullement les syndicalistes ou les marxistes de cibler les autres capitalistes comme des exploiteurs de la force de travail salarié.

Et de fait les patrons sous le 1% d’en-haut, il y en a beaucoup à côté des cadres supérieurs (qui ne sont pas neutres) et des membres des professions libérales, qui sont essentiellement au sein du dernier décile. Et ces patrons du dernier décile d’en-haut sont aussi très importants dans la lutte de classe. Ce n’est pas à nier. J’évoque souvent l’idée de classe d’appui de l’oligarchie. Et je n’ai pas de % à donner !

Cette réponse peut apparaitre insuffisante.

Notons bien effectivement que l’on trouve aussi des petits patrons (et aussi des travailleurs indépendants) en-dessous du dernier décile. Un petit patron peut gagner moins de 3000 euros ou moins de 2500 euros net par mois et être un patron avec tout ce que cela implique en termes de rapport social. Ce n’est pas le revenu mensuel qui caractérise le patron ou le capitaliste. Je n’ignore pas cela. Mais comme altermondialiste je porte mon regard sur le niveau de conflictualité supérieur. Le peuple-classe est alors un enjeu de mobilisation et d’alliances en couches et classes sociales internes à ce peuples-classe.

Résumons  :

Il y a plusieurs niveaux de lutte de classe :

 celle de l’oligarchie, du 1% (contre le peuple-classe : travailleurs du privé et du public voir travailleur-patron des TPE) ;

 celle des capitalistes du dernier décile (contre les travailleurs et travailleuses du privé) ;

 celle des petits patrons à revenus inférieurs à 3000 euros net par mois ;

Les deux derniers niveaux relèvent de la tâche syndicale alors que celui de l’oligarchie contre le peuple-classe pose d’autres problèmes notamment d’alliance et a une autre dimension.

Christian DELARUE

La reconversion du trotskysme LCR à l’altermondialisme ATTAC ou CADTM.

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/090514/la-reconversion-du-trotskysme-lcr-laltermondialisme-attac-ou-cadtm

Le fétiche de la croissance, un dieu qui cache la prédation oligarchique !

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/110514/le-fetiche-de-la-croissance-un-dieu-qui-cache-la-predation-oligarchique