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L’Etat Israélien doit payer le prix de la justice s’il veut avoir la paix ! H Melchior

mercredi 16 juillet 2014, par Amitié entre les peuples

L’Etat Israélien doit payer le prix de la justice s’il veut avoir la paix !

Hugo Melchior Doctorant

La tragédie syrienne et ses 150 000 morts en trois ans, ses centaines de milliers de déplacés, de réfugiés, ses innombrables disparus, torturés, ses destructions de toutes sortes étaient parvenus à jeter le voile sur le conflit israélo-palestinien, bien que la trêve conclue entre le Hamas et Israël avait permis de prévenir le déclenchement d’une nouvelle escalade mortifère. Mais derrière ce calme relatif, rien n’avait changé sur le terrain. Depuis deux ans, la colonisation de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie avec la construction des dizaines de milliers de logements s’était poursuivie inexorablement, et ce alors que les Etats-Unis essayaient vainement, par la médiation de John Kerry, de relancer l’introuvable « processus de paix », en réalité jamais commencé. Dès lors, le terreau était toujours fertile pour que les torches se rallument à nouveau. Il aura suffit que l’ignominie s’invite de façon plus brutale que d’habitude dans le quotidien pour que le ciel de la Bande de Gaza s’embrase encore. Cette nouvelle offensive militaire d’envergure de l’Etat Israélien constitue un nouvel épisode dans l’histoire de ce conflit israélo-palestinien, qui apparaist plus que jamais comme la blessure inguérissable du Proche-Orient.

Depuis une semaine, les médias nationaux sont contraints de réévaluer quotidiennement le nombre de morts palestiniens. Déjà 162 en moins d’une semaine, alors que des centaines de blessés du côté palestinien complètent ce bilan provisoire. En plein mois du Ramadan, le sang continue à couler dru dans la bande de Gaza. Après deux ans d’accalmie relative grâce à la trêve, cette enclave palestinienne, prison à ciel ouvert dû autant au bouclage des frontières terrestres et maritimes par l’armée israélienne qu’à la fermeture du point de passage de Rafah à la frontière Egyptienne depuis l’avènement de thermidor en Egypte, doit vivre une fois encore à l’heure des bombardements meurtriers de l’armée israélienne. L’histoire se répète donc à deux ans d’intervalle. Seul le nom de l’opération engagée par Israël change. Cette fois-ci c’est « Bordure protectrice » au lieu de « Pilier de défense ». Les belligérants de ce conflit totalement asymétrique sont les mêmes qu’il y a deux ans.

D’un côté, le Hamas, toujours maître autoritaire de la bande de Gaza, bien que de plus en plus contesté au sein de la population civile qui espère retrouvera une crédibilité en incarnant la voie de la résistance contre l’occupant. Ainsi, le Hamas a pris la responsabilité, en réaction à la fois au supplice du jeune palestinien de 16 ans qui fut brulé vif par six jeunes extrémistes juifs en représailles de l’enlèvement et de la froide exécution de trois jeunes colons juifs, et à la mort de sept militants du Hamas dans le cadre de l’opération mortifère « Défense de notre frère » menée par l’armée isrélienne en Cisjordanie pour retrouver les hauteurs de l’enlèvement des jeuens juifs, de lancer des dizaines de roquettes à partir du 1er juillet en direction des villes israéliennes. Le Mouvement de la Résistance Islamique réclame également l’allègement du blocus qui étrangle quotidiennement la bande de Gaza depuis juin 2007 et la libération des prisonniers palestiniens que le gouvernement israélien a remis en cause au mois de juin 2014 après s’y être pourtant fermement engagé.

De l’autre, Israël, puissance occupante et colonisatrice, répond à ces multiples attaques à la roquette par des bombardements massifs, au prix de la mort inévitable de nombreux civils. Une fois encore le gouvernement israélien, dominé par les droites israéliennes, nationalistes et religieuses, est désireux de profiter de ce qu’elle juge comme une agression intolérable de ses citoyens par le Hamas pour porter à ce dernier un coup très dur. Bien plus que de rendre bien propre la bande de Gaza de sa présence nuisible, l’objectif pour les israliens est bien de lui faire payer le prix qui devrait le dissuader de persister à l’avenir dans la voie de la résistance armée. Soutenu par une large partie de l’opinion publique israélienne, le gouvernement sait qu’il a les coudées franches pour mener à bien son entreprise de sécurisation de la Bande de Gaza. La communauté internationale joue quant à elle sa partition habituelle. Appelant de façon incantatoire à un cessez-le-feu immédiat, elle n’a de cesse de renvoyer dos à dos la violence du Hamas et celle décidée par le gouvernement israélien comme s’il s’agissait de deux armées régulières. Elle refuse le plus souvent d’interroger l’origine de la violence politique du Hamas et des autres groupes armés palestiniens à l’encontre d’Israël, comme si cette violence n’était pas avant tout l’expression du droit à la résistance à l’oppression d’un peuple épuisé.

Depuis des décennies, les gouvernements israéliens successifs ont cherché à satisfaire en permanence ces deux exigences que sont la soumission continuée des territoires palestiniens à leur empire et le droit à la sécurité pour leurs propres citoyens. Le développement historique aura pourtant démontré à maintes reprises que ce droit à la sécurité tout à fait légitime pour les citoyens israéliens ne saurait être durablement satisfait tant que l’Etat juif d’Israël n’aura pas renoncé définitivement à ses prétentions territoriales, autant à ses colonies qu’à Jérusalem-Est, tant que les palestiniens ne disposeront pas de leur propre Etat avec une véritable continuité territoriale, ce qui au regard de la réalité de la colonisation apparait, aujourd’hui, comme une perspective de plus en plus chimérique. En effet, même résignés, mêmes fatalistes, nombre de palestiniens continueront à revendiquer d’Israël le respect de leurs droits inaliénables et parmi eux certains ne renonceront jamais à recourir à la violence politique pour parvenir à leurs fins. Il est certain, et cette nouvelle intervention contre la bande Gaza en est la preuve, le gouvernement israélien ne vivra jamais en paix tant que sa politique à l’égard des palestiniens continuera à être en permanence frappée du sceau de l’injustice, du déshonneur, de l’ignominie. Pour prétendre à une paix prolongée, le gouvernement israélien n’a d’autres choix que de consentir à payer le prix de la justice, aussi élevé fusse-t-il. Si rien n’est fait sur ce plan, les israéliens peuvent commencer dès à présent, comme l’avait très bien signalé un journaliste du Monde, à chercher le nom de la future opération militaire qui ne manquera pas d’intervenir à court, moyen terme. L’histoire baigue plus que jamais en Palestine.

Rennes le 15/07/2014 (modifié le 18/07/2014)