Accueil > Altermondialisme > Altermondialisme / Internationalisme > Critiques, résistances et perspectives stratégiques > L’Âge du capitalisme de surveillance, par Shoshana Zuboff -

L’Âge du capitalisme de surveillance, par Shoshana Zuboff -

mardi 16 mars 2021, par Amitié entre les peuples

L’Âge du capitalisme de surveillance, par Shoshana Zuboff

Note de Jean-Marie NICOLLE sur La Sociale

Rien n’est gra­tuit en ce monde. On devrait s’étonner de la naï­veté des inter­nau­tes qui croient encore en la gra­tuité des ser­vi­ces rendus sur le réseau, comme s’il n’y avait rien à payer pour écouter de la musi­que, voir des films, obte­nir des ren­sei­gne­ments médi­caux, trou­ver des conseils de jar­di­nage, etc. Qu’y a-t-il der­rière cette appa­rente gra­tuité ?

Peu de gens connais­sent l’orga­ni­sa­tion économique des sites web car les gran­des socié­tés du numé­ri­que se gar­dent bien de four­nir des infor­ma­tions sur leurs véri­ta­bles acti­vi­tés. Derrière l’écran lumi­neux qui verse géné­reu­se­ment des flots d’infor­ma­tions, il y a la face cachée et même assez sombre du marché numé­ri­que. Les véri­ta­bles clients de l’inter­net ne sont pas les uti­li­sa­teurs ordi­nai­res du réseau, mais les usa­gers qui achè­tent d’autres ser­vi­ces.

Lesquels ? Ce sont les pro­duits trans­for­més d’une matière pre­mière four­nie gra­tui­te­ment et à leur insu par les uti­li­sa­teurs, à savoir leurs don­nées per­son­nel­les. Google, Facebook, Amazon et Cie se sont spé­cia­li­sées dans l’extrac­tion des « data » et ont fait for­tune grâce à leur exploi­ta­tion. La com­mu­ni­ca­tion des don­nées per­son­nel­les est la nou­velle dîme par laquelle les inter­nau­tes finan­cent sans le savoir la pseudo-gra­tuité des ser­vi­ces.

Shoshana Zuboff, spé­cia­liste de psy­cho­lo­gie sociale, ana­lyse dans L’Âge du capi­ta­lisme de sur­veillance la jeune his­toire de cette nou­velle indus­trie flo­ris­sante et révèle les coups four­rés, les trans­gres­sions de la loi, tous les crimes contre la démo­cra­tie qui ont permis ce capi­ta­lisme de sur­veillance. Si son style est un peu lourd, encom­bré par le jargon des scien­ces socia­les, si ses expli­ca­tions sont un peu lon­gues et répé­ti­ti­ves (l’ouvrage fait 850 pages !), si ses ana­ly­ses poli­ti­ques et phi­lo­so­phi­ques man­quent d’ampleur, il n’en demeure pas moins que son enquête, qui suit pas à pas l’évolution des gran­des socié­tés de l’Internet, nous livre une docu­men­ta­tion consi­dé­ra­ble (les notes occu­pent 100 pages). Son mérite est d’avoir obtenu des ren­sei­gne­ments essen­tiels sur des pra­ti­ques soi­gneu­se­ment occultées par le bien com­mode secret indus­triel.

Suite sur
https://la-sociale.online/spip.php?article602