L’Âge du capitalisme de surveillance, par Shoshana Zuboff -
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L’Âge du capitalisme de surveillance, par Shoshana Zuboff
Note de Jean-Marie NICOLLE sur La Sociale
Rien n’est gratuit en ce monde. On devrait s’étonner de la naïveté des internautes qui croient encore en la gratuité des services rendus sur le réseau, comme s’il n’y avait rien à payer pour écouter de la musique, voir des films, obtenir des renseignements médicaux, trouver des conseils de jardinage, etc. Qu’y a-t-il derrière cette apparente gratuité ?
Peu de gens connaissent l’organisation économique des sites web car les grandes sociétés du numérique se gardent bien de fournir des informations sur leurs véritables activités. Derrière l’écran lumineux qui verse généreusement des flots d’informations, il y a la face cachée et même assez sombre du marché numérique. Les véritables clients de l’internet ne sont pas les utilisateurs ordinaires du réseau, mais les usagers qui achètent d’autres services.
Lesquels ? Ce sont les produits transformés d’une matière première fournie gratuitement et à leur insu par les utilisateurs, à savoir leurs données personnelles. Google, Facebook, Amazon et Cie se sont spécialisées dans l’extraction des « data » et ont fait fortune grâce à leur exploitation. La communication des données personnelles est la nouvelle dîme par laquelle les internautes financent sans le savoir la pseudo-gratuité des services.
Shoshana Zuboff, spécialiste de psychologie sociale, analyse dans L’Âge du capitalisme de surveillance la jeune histoire de cette nouvelle industrie florissante et révèle les coups fourrés, les transgressions de la loi, tous les crimes contre la démocratie qui ont permis ce capitalisme de surveillance. Si son style est un peu lourd, encombré par le jargon des sciences sociales, si ses explications sont un peu longues et répétitives (l’ouvrage fait 850 pages !), si ses analyses politiques et philosophiques manquent d’ampleur, il n’en demeure pas moins que son enquête, qui suit pas à pas l’évolution des grandes sociétés de l’Internet, nous livre une documentation considérable (les notes occupent 100 pages). Son mérite est d’avoir obtenu des renseignements essentiels sur des pratiques soigneusement occultées par le bien commode secret industriel.