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« Je lutte de classe » : Deux livres sur le politique de Philippe CORCUFF

mercredi 17 octobre 2012, par Amitié entre les peuples

« Je lutte de classe » : Deux livres sur le politique de Philippe CORCUFF, enseignant à Sciences po Lyon

1 - B+A BA philosophique de la politique pour ceux qui ne sont ni énarques, ni politiciens, ni patrons, ni journalistes.

Ed Textuel 2011 (140 pages, 9, 90 euros)

L’introduction annonce qu’il s’agit de « redonner des couleurs philosophiques à une politique radicalement émancipatrice ». Un avertissement précise qu’il s’agit d’un antimanuel de philosophie politique. En effet l’auteur développe une philosophie populaire et non conformiste qui évacue d’emblée certains lecteurs qui risquent d’en être agacés . Sont nommés les politiciens, les patrons et les journalistes. Philippe Corcuff place son b+a = ba dans le sillage des universités populaires à visée émancipatrice. Après la présentation d’un patchwork de chansons, de films et de polars servant de pédagogie de la philosophie de la politique il développe son propos final : "De la critique des logiques dominantes aux logiciels alternatifs. Il fournit là des pistes pour une critique sociale renouvelée.

Emancipation : Trois traditions sont convoquées : le républicaine, la socialiste et la libertaire.

Philippe Corcuff écrit : « Pour Kant, Lumières et émancipation sont associées : »c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui même responsable« Et d’ajouter : »L’état de tutelle est l’incapacité à se servir de son entendement sans la conduite d’un autre« . Il faudrait toutefois préciser que l’effort pour »penser soi-même« inclut une composante du »penser contre soi-même« , c’est à dire une mise à distance de ses propres préjugés et de ceux de ses divers groupes d’appartenance. La pensée socialiste a ensuite pointé les conditions sociales entravant ou facilitant une telle émancipation individuelle. Karl Marx et Friedrich Engels avancent ainsi dans L’idéologie allemande : » Dans l’activité révolutionnaire, la transformation de soi-même coïncide avec la transformation des circonstances extérieures". Citant ensuite Alain Accardo et Christian Arnsperger il propose d’associer deux traditions émancipatrices, la républicaine et la socialiste. Deux points sont à retenir :
1) Emancipation des individus, dans la logique des Lumières, des préjugés et du poids des traditions héritées, dans un processus de conquête d’une plus grande autonomie individuelle ; et
2) Participation à la création de conditions collectives d’émancipation par rapport aux ordres dominants (capitalisme et autres formes d’oppression) dans la logique de lla critique sociale des XIX et XX siècles.

A propos, de l’apport libertaire, il cite Michel Onfray : « Le pédagogue libertaire travaille à son effacement personnel et cultive la puissance interrogative ». Il poursuit avec l’apport des université populaires.

Une citation de Ludwig Wittgenstein (1946) : « Les concepts peuvent alléger ou aggraver le mal, le favoriser ou l’empêcher » (prise in fine p 121)

2 - Les grands penseurs de la politique

La 2 nd edition en main est de 2005

A destination des étudiants, Philippe Corcuff avait déjà publié un ouvrage de même format (128 pages) chez Nathan puis chez Armand Colin intitulé « Les grands penseurs de la politique » sous-titré « Trajets critiques en philosophie politique » avec :

en I - Anthropologie et philosophies politiques : de la « nature humaine » à la cité,

en II - Domination et justice (les critiques de la domination et les théories de la justice),

en III - La philosophie politique, entre fondements et déconstruction.

Son dernier auteur cité est Wittgenstein (1889 - 1951). Les premiers étaient Platon et Aristote. L

Pour clore cette note voici une citation prise dans la conclusion : « Hardt et Négri abordent de front la question de la pluralité humaine. Mais leur combinaison de marxisme et de nietzschéisme risque de juxtaposer les inconvénients de ces deux courants intellectuels : d’une part, celui d’une vision plus homogène de l’ordre établi que les marxistes (l’Empire) et, de l’autre, celui d’une vue émiettée des luttes sociales empruntée à la tradition nietzschéenne (la Multitude). Le monde existant apparait trop cohérent et les forces de résistance trop éclatées. » (p121)

Note de Christian DELARUE