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Interdire les licenciements en 12 idées. Tyco lutte

mercredi 6 mai 2009, par Amitié entre les peuples

INTERDIRE LES LICENCIEMENTS EN 12 IDEES - TYCO LUTTE

Une étude sur les licenciements réalisée à partir de la lutte de Tyco.

I - Sous forme de postscriptum :

Ce que montre cette étude, c’est la nécessité de s’attaquer aux choix économiques, sociaux, organisationnels qui conduisent aux décisions de fermetures d’entreprises. C’est la tension entre cette nécessité, qui place à un haut niveau l’intervention ouvrière, et la défensive du mouvement ouvrier à laquelle conduit cette même crise, qui nous semble la caractéristique principale de la situation.

Cette tension n’est surpassable que par l’instauration d’un rapport de force qui permette de dépasser les situations isolées d’entreprises : dans ce sens, l’exigence d’une loi interdisant les licenciements permet de centraliser les luttes locales, autour d’un refus commun de payer la crise.

La caractéristique qui définit la nouvelle période est l’imbrication des entreprises dans des réseaux de relations économiques qui traduisent les politiques menées depuis les années 1990 de sous-traitance et de masquer la relation d’employeurs derrière des relations économiques clients-fournisseurs ou donneurs d’ordre / sous-traitants. C’est aussi une imbrication déterminante dans la division internationale du travail. De ces deux éléments ressort une plus grande difficulté pour définir des solutions au niveau même d’entreprises, dans la définition par exemple de choix économiques différents. L’exemple de Tyco est à ce titre éclairant : produire d’autres types de connecteurs, pour de l’électroménager par exemple ? Mais des usines d’Espagne sont déjà sur ce créneau. Définir des choix propres aux établissements de France ? mais l’organisation du travail est définie par un centre de décision international, basé aux Etats-Unis. S’adresser à d’autres clients que les sous-traitants automobiles ? mais ceux-ci sont insérés dans des relations économiques avec les producteurs automobiles, qui dictent les lois économiques… ,

Ce texte vise à dépasser une référence à une « loi pour l’interdiction des licenciements », qui resterait à un stade propagandiste, sans être reprise par des salariés en lutte. Il faut en effet engager un dialogue, à partir des axes défendus par les syndicalistes et les salariés dans les entreprises. Pour ces salariés en lutte, le lieu de mobilisation est leur entreprise. Il pourrait exister une méfiance, il me semble, de la part de syndicalistes qui verraient la mobilisation sur les licenciements échapper aux salariés concerner et relever d’un « champ politique » extérieur.

Cordialement

Louis-Marie

II - Interdire les licenciements en 12 idées

1. Pour s’opposer aux licenciements dans une entreprise, il faut contester leur légitimité : les employeurs ne doivent pas avoir le droit de décider de nos vies, de notre avenir, l’entreprise ne leur appartient pas. C’est la seule façon d’entrainer tous les salariés et de construire un vrai rapport de force. L’idée d’un « statut du travail salarié » qui abandonnerait la défense de l’emploi ne peut nous aider.

2. Ces licenciements sont illégitimes. Pour se battre tous ensemble, et pas chacun dans son entreprise, contre les licenciements, nous défendons l’objectif d’une loi interdisant les licenciements qui permet de rassembler tout le monde. Nous refusons de payer la crise.

3. Les licenciements sont d’autant moins acceptables que la crise économique actuelle repose non pas sur un manque de rentabilité, mais sur la captation des fruits du travail de plus en plus grande, ce qui a réduit les débouchés pour les produits. La crise se traduit par une restriction des activités commerciales et industrielles, avec des capitaux financiers sur-accumulés et ne trouvant plus de débouchés rentables. Les capitalistes préfèrent licencier et restructurer pour garder leur taux de profit, plutôt que redistribuer leur argent.

4. Contester les choix de l’entreprise, c’est oser dire, dans une entreprise, qu’on peut faire des choix différents de ceux de l’employeur : quoi produire, comment produire, avec qui. Les salariés ont autant de légitimité que les employeurs pour dire leur mot. Le droit de véto des institutions représentatives des salariés est une exigence fondamentale.

5. Quand la quantité de travail se réduit, il faut réduire le temps de travail de tout le monde plutôt que licencier les salariés

6. Les plans de licenciement se traduisent par des primes de licenciement qui s’expriment en mois de salaire. Plutôt que recevoir une prime de 20 mois de salaire (dans le meilleur des cas), ne vaut-il pas mieux demander la continuation du contrat de travail, au moins pendant ces mois, pour tous les salariés ? Et même exiger le maintien du contrat de travail pour tous jusqu’à retrouver un emploi ?

7. L’entreprise donneuse d’ordre, la maison-mère des filiales est l’interlocuteur pour maintenir les emplois. On doit viser à construire cette solidarité de branche, de site, de lien économique entre les salariés. Cette démarche élargit le rapport de force.

8. Quand des entreprises disparaissent et ne peuvent assurer cette continuation du contrat de travail, un organisme financé par une cotisation de branche doit prendre le relais.

9. La masse des capitaux a augmenté en grande partie ces dernières années grâce à la baisse des salaires. Il faut exiger dans les entreprises en difficulté le retour des dividendes versées aux actionnaires depuis 10 ans (au moins).

10. Quand les tribunaux (civile, pénal, prud’hommes) décident que des licenciements économiques sont injustifiés, que les procédures n’ont pas été respectées, le(s) salarié(s) doit(vent) être réintégré(s) dans l’entreprise.

11. Il faut créer des emplois utiles pour répondre aux millions de salariés au chômage. Un temps plein doit être proposé à tou(te)s les salarié(e)s à temps partiel. Les salariés doivent bénéficier de la continuité des droits (revenu décent, logement, santé, formation, etc) qu’ils soient jeunes en recherche d’emploi ou salariés licenciés.

12. L’interdiction des contrats précaires, la réintégration des précaires licenciés depuis des mois (même quand ils étaient dans leur entreprise depuis des années) doit compléter l’interdiction des licenciements.