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Intégrisme et contradictions de Sakina AÏT AHMED

lundi 14 juillet 2008, par Amitié entre les peuples

Ce texte de Sakina AÏT AHMED a été publié dans le journal algérien EL Watan lors des années sombres en Algérie où des femmes et des hommes ont été fauchés par des intégristes parce qu’ils étaient journalistes, médecins, femmes de ménage, enseignantes....et qui ont refusé le port obligatoire du voile !

Intégrismes et contradictions !

Notre propos ici, est d’essayer de partir de faits concrets , pour tenter de comprendre pourquoi les textes
du Coran qui ont été interprétés et élaborés après la mort du prophète Mahomet, suscitent tant de débats.
Comment faut-il procéder pour faire en sorte que l’Islam comme toutes les autres grandes religions soit compatible avec la modernité ?

Le sujet est complexe. Il nécessite une analyse raisonnable,loin des préjugés ou des p r o v o c a t i o n s
inutiles.
Prenons l’exemple du Code de la famille proclamé en 1984 en Algérie, qui est un mélange de Droit Civil et de Chariâ (voie de Dieu)
Si on prend l’article 4 qui célèbre les vertus du mariage comme “ Un contrat passé entre un homme et une femme, dont le but est de fonder une famille sur la mansuétude et l’entraide, de protéger moralement
les deux conjoints ”.
Simultanément, le contenu de ’article 8, met à mal cette idée de “ paix et d’entraide entre les époux ” puisqu’il “ est permis de contracter un mariage avec plus d’une épouse dans les limites de la Chariâ si le motif est justifié ”.

On peut noter le flou de ce propos.Quelles sont précisément ces justifications ? En principe,seuls la séparation, le divorce ou le décès du conjoint justifieraient vraiment un remariage !

En réalité c’est une manière détournée, même si le mot n’est pas prononcé de légaliser la polygamie. Car il est ajouté plus loin “ Les conditions d’équité réunies et après information des précédentes
et futures épouses ”. Le futur conjoint peut se faire représenter par “ un mandataire pourvu d’une procuration pour conclure le mariage ”. La femme “ a le droit à la présence obligatoire d’un tuteur matrimonial chargé d’accepter ou d’empêcher le mariage. ”

Le chapitre qui traite “ des empêchements du mariage ”, nous livre une série d’articles 23 à 31) qui sont un ensemble d’actes prohibitifs, concernant uniquement la femme. Il faut citer notamment l’article 31 qui
stipule “ qu’une algérienne ne peut épouser un non musulman”.
Si le non musulman est très amoureux, il nelui reste plus qu’à se convertir.

Quand on sait que l’apostasie dans le cas d’un musulman est punissable de mort ! Belle contradiction et fait d’intolérance.

Dans le chapitre qui traite “ des droits et obligations des deux onjoints ” on remarque une série d’articles de type injonctif qui scellent la soumission économique et morale de la femme : “ Le devoir d’obéissance de l’épouse à son mari qui de plus doit lui accorder des égards en sa qualité de chef de famille ”. Combien cette conception des rapports entre conjoints est rétrograde !

La femme est en état de soumission totale à son maître. Nous sommes dans la dialectique maître/esclave ! N’est-ce pas là une porte ouverte à tous les abus ? Par ailleurs, “ La femme est dépendante de son mari qui doit subvenir à ses besoins en fonction de ses possibilités ”. Cette orientation est en contradiction totale avec la politique de scolarisation massive des filles, d’un gouvernement “ socialiste et révolutionnaire ”.

Ce n’est pas une surprise si aujourd’hui un grand nombre de femmes diplômées, qui ont eu accès à un emploi, sont les premières à subir les méfaits de la compression des effectifs. Sans oublier les propos des intégristes qui, au plus fort de leur pouvoir, proposaient de renvoyer les femmes dans les foyers pour attribuer leurs emplois aux chômeurs
 !
Dans le chapitre qui traite du divorce, le législateur octroie aux femmes la possibilité de demander le divorce en cas d’absence de consentement. L’article 52 stipule “ Si le juge constate que le mari aura abusivement usé de sa faculté de divorce et si le droit de garde des enfants est dévolu à la femme et qu’elle n’a pas de tuteur pour l’accueillir, il lui est assuré, ainsi qu’à ses enfants, le droit au logement selon les possibilités du mari. ” Mais voilà qu’il est ajouté plus loin “ est exclu de la décision le domicile conjugal s’il est unique ”. L’affaire est entendue, comme souvent, la femme et ses enfants se retrouvent à la rue !

Le chapitre 2 traite des effets du divorce : “ Au décès ou après une simple disparition de son mari ou si elle est divorcée la femme doit observer une retraite légale de quatre mois et dix jours dans le domicile conjugal. Elle ne le quittera qu’en cas de faute immorale dûment établie. ”

Aucun article ne prévoit de restrictions pour le père si la mère venait à disparaître ou d’une période “ de retraite ” du père en cas de divorce. La garde prolongée de l’enfant n’est accordée que si la mère ne
se remarie pas.

Ce Code de la Famille est totalement inégalitaire. Il porte atteinte à la dignité des femmes. Il constitue un ensemble de règles qui font de la femme “ une mineure à vie ”.Pour ne pas charger le sujet nous passons sur les successions et les dispositions testamentaires qui constituent un maquis d’articles où on retrouve les mêmes aberrations.

Cet aperçu, sur un point fondamental qui traite des rapports entre la femme et l’homme, interpelle l’ensemble des théologiens éclairés et des intellectuels musulmans et autres, sans aucune exclusive, pour une étude approfondie et critique des textes religieux qui n’ont d’immuable qu’une interprétation à un moment précis de l’histoire de l’être humain.

Il est utile de préciser que toutes les religions ont connu des moments sombres de leur histoire. L’instauration de la laïcité qui consacre la séparation du religieux et de la politique est un principe universel. La pratique ou non de la foi est personnelle et relève du domaine du privé. La laïcité protège les citoyens des dérives fascistes et permet“ le vivre ensemble ” chacun avec sa foi ou non et sa culture qui sont autant d’éléments enrichissants.

Des gouvernements qui utilisent la religion pour conforter leur pouvoir devraient le méditer et prendre les dispositions nécessaires pour encourager l’émergence de vraies démocraties pour l’instauration d’ETATS REPUBLICAINS ET LAICS !

Sakina AÏT AHMED