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Injonctions d’un communiste unitaire. Réponse de C Delarue à R Martelli

dimanche 7 juin 2009, par Amitié entre les peuples

Injonctions d’un communiste unitaire

Première réponse à Roger Martelli, lecteur du livre « De gauche ? », et sur « ce qu’il fait sien » (et non pas sur ce qui l’interroge)

http://www.communistesunitaires.net/images/pdf/cerises35.pdf

I - Ces injonctions sont abruptes, c’est pourquoi elles suscitent une brève réaction.

1 ) «  La gauche doit se déprendre de la fascination de Marx et Lénine  ». Réponse : c’est fait depuis longtemps hélas ! Son regain qui concerne plus Marx que Lénine, est modéré et fort différent de la période antérieure à 89-91.

2) «  La gauche doit retrouver les voix des socialistes d’avant 1948, de Proudhon, de Fourier ou de Leroux, voire relire le solidarisme de Célestin Bouglé et de Léon Bourgeois  ». Réponse : Le néo-solidarisme, l’économie plurielle et l’économie sociale et solidaire (ESS) n’ont que des vertus de transformation sociale marginale et non de transformation socialiste. Il faut combiner nationalisations offensives et coopérativisme.

II - Outre ces injonctions, reste des appréciations divergentes.

«  La gauche se corrompt dans le reniement, mais s’essouffle dans la répétition  » est-il écrit. Certes mais il n’est pas dit qu’elle répète beaucoup plus dans le reniement plus que dans le retour au léninisme et au guévarisme ! Qui est visé par le stigmate bolchevik ou guévariste ?

«  La gauche ne se définit ni par la primauté au »social« , ni par la priorité supposée au sociétal  ». Sans sombrer dans le populisme (1) la gauche se doit d’offrir un bouclier social. Si elle ne le fait pas qui se chargera de la mission ? Pas de populisme pour autant ce qui signifie maintien de la critique du racisme, du sexisme, de l’autoritarisme.

«  Son objectif est la lutte pour la désaliénation  ». Certes, mais qui définit l’aliénation ? Et puis est-ce les rapports sociaux et les relations humaines qu’il faut changer car porteur d’oppressions et de dominations ou les individus eux mêmes ? Ne sommes-nous pas fondamentalement ambivalents ? Ne faut-il pas prendre pour cible les « dispositifs abstraits » (JM Vincent) au-dessus des humains qui les réifient, les aliénent ? Pour défendre l’être humain il faut donc combattre tous les fétiches divers - le dieu rentabilité en est un, l’impôt indolore en est un autre - mais en conservant le point de vue de classe, du peuple-classe. Il y alors quelque chose de complexe dans ce combat ou l’ennemi secondaire est aussi notre ami . De cette dialectique, de cette phronésis particulière, on a pour injonction de ne « pas taper trop fort » pour le dire de façon imagée. Il s’agit de lutter contre l’idéologie et contre les pratiques sociales ou politiques oppressives mais de respecter les personnes notamment en tant qu’elles subissent elles aussi la domination économico-sociale. Je pense ici à la solidarité avec le sud qui peut amener à critiquer l’islamisme. Mais d’autres situations sont envisageables sous la même approche.

L’émancipation est un combat collectif qui passe donc par le débat, les négociations et les procédures démocratiques. Ce qui ne signifie pas absence de rapport de force bien au contraire mais il importe surtout d’annoncer franchement la perspective (le néo-socialisme par exemple quitte à préciser les objectifs intermédiaires) et d’avoir la ferme volonté politique d’établir d’autres relations, de changer les rapports sociaux.

Christian Delarue
Altermondialiste et antiraciste

1) Contre le populisme montant.
ou *L’affermissement d’une politique pro-bourgeoise contre le peuple-classe*

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article698