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Identité nationale : Le mythe de la République du centre. C Delarue

jeudi 7 janvier 2010, par Amitié entre les peuples

Identité nationale : Le mythe de la République du centre.

version modifiée le 8 janvier 2010

On n’évoquera pas ici ni le bide du « grand débat » sur l’identité nationale ni la xénophobie et le racisme qui en est sorti fin 2009 .

Voir : STOP ! C’est du sommet de l’Etat que vient la xénophobie et le racisme.
et surtout l’appel pour la suppression du ministère de l’identité nationale et de l’immigration.

D’autres questions sont ici abordées dont celui du mythe de la République du centre qui refait surface plus de 20 ans après que trois auteurs - F. FURET, J. JULLIARD et P. ROSANVALLON - aient espéré avec elle la fin de « l’exception française » par trop turbulente. Ce mythe centriste ignore le fait de la lutte des classes tout en ne percevant pas le capitalisme là ou il est.

I - Identité nationale : Deux mythes pour une République droitière.

Le site officiel du « grand débat » sur l’identité national relance deux mythes, celui de l’identité nationale à la place des appartenances diverses et celui de la République du centre.

A) Le premier mythe porte sur l’identité, les identités.

Ce mythe cache la profondeur de la crise des identités Ce thème propice à toutes les manipulations est éminemment subjectif, quoique lié à l’inscription sociale diversifiée des individus au sein des composantes que sont la famille, la société, la région, la nation, le continent européen, la planète. Ces champs territoriaux différents avec leurs traits spécifiques structurent la représentation des individus de façon très variables. Du coup ce sont les parcours de vie qu’il faudrait analyser pour parler sérieusement sur le sujet.

A la place des identités, il serait préférable d’évoquer les multiples appartenances d’un individu . La notion d’appartenance ouvre vers d’autres formes de sociabilité qui sont la multiculturalité et même le métissage. Elle permet de penser l’ouverture au monde. Et de « créer des ponts, pas des murs » ! (cf campagne), de forger une amitié entre les peuples-classe . C’est une notion transitoire entre celle d’identité qui recèle crispation et fermeture et d’autres notions telle celle de métissage. Mais cette ouverture est libre sans chemin tracé d’avance. Elle permet notamment de manier esprit critique et relativisme culturel selon des modalités spécifiques à chacun.

 Pour les migrants. Il y a des freins à la reconnaissance de la multi-appartenance. Celui qui a vécu durablement en Outre-mer puis assez longtemps en métropole pourra dire ce qu’est la discrimination raciste en France alors qu’un blanc de métropole n’aura rien à en dire si ce n’est par solidarité lorsqu’il voit par exemple des contrôles systématiques des individus non blancs. Pour ce métropolitain blanc la multi-appartenance se fera de façon plus aisée. L’immigré du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne s’est forgé lui aussi une identité différente selon les générations et le moment de sa venu en France. Lui aussi pourra évoquer la discrimination raciste longtemps méconnue de la République qui d’un côté glorifie les droits de l’homme mais de l’autre assure l’extension des colonies ou sa perpétuation après les indépendances.

 Pour les femmes. Dans ces parcours de vie le devenir homme ou femme passe par des représentations différentes ne serait-ce que par l’adoption de préceptes religieux différents appliqués avec plus ou moins de rigueur. Faire la promotion de la mixité de genre dans l’égalité et la réciprocité ne crée évidemment pas la même femme (et le même homme) que celle qui doit de génération en génération vivre la séparation et la vie au sein de la famille hors travail et hors citoyenneté. Mais les féministes ne cessent de dire que l’égalité posée en principe restent à conquérir en fait. Le machisme n’est mort nulle part ! Difficile donc de tirer ici des leçons nettes et fermes en terme d’identité.

 Quand au métropolitain lui même, sa conception de l’identité sera fort variable aussi. Le travail est un puissant vecteur de formation d’identité et d’appartenance. Travailler dans le public a pu créer durablement depuis 1946 une mentalité différente de celle des travailleurs du privé mais la modernisation mise en place depuis 1989 par Rocard et ses successeurs a bien changé la donne même s’il existe toujours une forte résistance à l’idéologie de l’entreprise. Une résistance qui constitue rien moins qu’une base d’appui pour la construction d’une République socialiste (1). Il y a donc la un élément de construction social spécifique assez puissant mais qui n’est pas le seul. Ainsi, la place dans la hiérarchie sociale peut aussi modifier grandement les perceptions et représentations.

Cette référence à la position sociale vient perturber la distinction précédente entre public et privé. On est pas français pareillement avec un SMIC et avec 6000 euros par mois ou beaucoup plus. Au total, sauf si vous venez de procéder à une étude sociologique fine sur le sujet, vous ne pouvez rien dire du bricolage que chacun se fait des multiples appartenances qui conditionnement la vie d’un individu.

B) République du centre, tendance bourgeoise !

Le second mythe porte sur la dimension économico-sociale de la politique menée par les divers gouvernements de droite comme de gauche. La République française s’attacherait au-delà des équipes présidentielles en place à «  concilier compétitivité et solidarité  ». On aurait dit jadis « concilier liberté et égalité dans la fraternité » . On retrouve là le mythe de la République du centre.

 Mythes du passé : Etat social crée d’en-haut pour tous.

Ce qui caractériserait l’exception française serait l’habileté historique de la classe dirigeante à tenir un équilibre entre les principales forces sociales, d’une part celles généralement possédantes qui réclament toujours plus de liberté pour entreprendre afin de créer un dynamisme économique favorable à la croissance et d’autres part les forces sociales subordonnées qui ne peuvent suivre ce dynamisme et qui réclament des protections et des institutions de solidarité pour plus d’égalité. La République du centre serait parvenu à imposer au fil du temps un compromis social historique caractéristique de la Nation française métropolitaine (sans les colonies) avec d’un côté la liberté d’entreprendre et de commercer et de l’autre des mécanismes forts d’égalité et de fraternité. On sait que ce compromis vertueux"n’a jamais existé réellement et que ce qu’on nomme Etat Providence post 1946 - pour la seule métropole - n’a pas été créé sans luttes sociales. On sait aussi que cet Etat social tombe en ruine depuis trente ans, plus doucement en France que dans la Grande-Bretagne de Thatcher et les USA de Bush mais que Sarkozy (2) est venu faire le travail de destruction tel que préconisé par Kessler (cf annexe).

 Mythe du présent : La spécificité du néolibéralisme ignorée.

Présenter le néolibéralisme simplement comme un retour au libéralisme des origines relève d’une vision faussée. J’ai aussi soutenu cette vision des choses par facilité mais c’est faux. Cette assertion revient à dire que les libéraux du XIX ème siècle voulaient étendre le marché le plus possible et là ou ce n’était pas possible ou souhaitable qu’ils voulaient en remplacement y introduire la logique marchande, ce qui est le propre du néolibéralisme .

Le néolibéralisme c’est l’extension de la sphère du marché mais aussi et surtout c’est l’introduction de la logique marchande dans les services publics y compris ceux qui demeurent en propriété publique et qui ne sont pas privatisés, y compris ceux qui continuent de fournir une production de valeur d’usage et non pas une production de valeur d’échange. La réforme de l’Etat en France entreprise en France depuis 1989 par Monsieur Rocard et d’autres à sa suite procède de cette logique néolibérale. L’extension de la logique marchande au sein d’institutions non marchandes s’apparente à ce que Pierre Dardot et Christian Laval appellent une « rationalité marchande au-delà du marché ». Cela constitue la spécificité du néolibéralisme. Le néolibéralisme est donc plus que l’idéologie du capitalisme débridé de toute entrave. Il est plus que ce qu’en disent Luc Boltanski et Eve Chiapello qui le voient comme « Le Nouvel Esprit du capitalisme » sa « justification ». Pour Pierre Dardot et Christian Laval , "le néolibéralisme étend bien la rationalité marchande à toutes les sphères de l’existence humaine, mais il n’impose nullement que tout soit marché. Ils écrivent aussi (p18) : L’essentiel est que la norme du marché s’impose au-delà du marché.

Une République sociale et même socialiste est possible en faisant reculer la propriété privée et le marché et en déployant la Sécurité sociale, les services publics et la démocratie mais aussi en valorisant d’autres normes. Ce qui est affaire de luttes...

II - C’est la lutte de classe qui recouvre la société pas le capitalisme.

La proposition est vrai si l’on comprend le capitalisme comme les institutions au service de la logique de profit. Mais les autres institutions non capitalistes peuvent d’une part être perverties par des logiques qui viennent des sociétés anonymes et d’autre part être mise au service de ces sociétés anonymes. La logique capitaliste tend à tout recouvrir.

Aout 2007 la crise financière frappe. Elle s’étend. La droite va s’employer à camouffler la crise et à protéger ses responsables. Des sommes faramineuses vont être dégagées et affectées aux banques et ce sans conditions ni contrôles. Ce qui est le lot quotidien du travailleur - respecter des procédures et être contrôlé - n’est pas appliqué aux plus grands responsables de la crise systèmique.

A) Le sale boulot de la droite : protéger la bourgeoisie et soumettre plus encore le monde du travail.

Le capitalisme - un gros mot jadis - fait sa réapparition chez les idéologues officiels. Les économistes libéraux avaient oubliés le terme sauf pour parler de feu l’URSS. Les politiques ne sont immédiatement employé à nous faire croire que serait un mode de financiarisation qui ferait problème. Va-t-on revenir sur les lois Bérégovoy de 1986 ? Que non ! Le problème est devenu mondial la solution doit être mondiale. Mais le G20 patine.

1 - Entourloupes à destination des travailleurs

 Le capitalisme ne se réduit pas au capital financier. Le capitalisme est de retour. On en parle beaucoup depuis la crise financière. Mais on ne saurait réduire le capitalisme aux marchés financiers . Le capitalisme comme mode de production et de distribution n’est pas nouveau. Ce qui nouveau c’est le néolibéralisme. Nous y reviendrons.

  Le mauvais capitalisme financier parasitaire sur la saine économie productive. Ne pas critiquer la capitalisme à sa racine entraine une attitude qui vise à en corriger les excès. Pour « moraliser » le capitalisme il faut alors distinguer faussement un bon capitalisme productif - celui du capital industriel et du capital commercial - d’un mauvais, le capitalisme financier parasitaire. Cette distinction n’a en rien débouché sur des mesures concrètes. Ce fut un discours pour blanchir le capitalisme en focalisant sur les banquiers et les financiers - réellement responsables de la crise il est vrai - et surtout les quelques traders montrés du doigt par la presse durant les dernières années. Ils ont été les boucs émissaires bien visibles d’un système très opaque.

2 - Collusion et connivence autour de la logique de profit maximal.

Sans l’encadrement de contrainte managériale calé sur le surprofit financier (les 12 %) dans les entreprises productives et commerciales la crise la crise financière ne serait pas devenue crise économique et crise sociale. Ce que l’on nomme l’oligarchie financière n’est rien sans le patronat de connivence pour l’intensification du travail débouchant sur le déclassement social généralisé frappant employés, ouvriers et cadres moyens.

Ces dirigeants économiques malgré leurs différences de position dans le champ économique - les uns dans la finances, les autres dans la production et la grande distribution -, obéïssent à une même logique de profit maximum à court terme. Cette logique est fondamentale. Elle traverse le monde de la finance et le monde des entreprises privées celles cotées en Bourse mais les autres aussi. La question des entreprises coopératives est différentes. Elles obéissent en principe à d’autre règles mais de fait elles subissent une forte contamination plus encore sans doute que les services publics. La logique de profit des différents propriétaires du capital est transversale et puissante. Ils forment une même classe sociale dominante qui a pour nom bourgeoisie.

Ceci dit, le capitalisme ne recouvre pas toute la société puisqu’il existe des zones hors logique de profit (au sens stricte du terme), hors appropriation privée, hors logique marchande. Il est néanmoins largement dominant. De plus sa logique profonde est en extension et tend à tout recouvrir avec des normes de profitabilité et d’efficacité issues du capitalisme. La peste capitaliste se déploie sur l’ensemble des activités humaines et sur la nature. Une contagion redoutable.

Cette logique ne se déploie pas toute seule. Il lui faut des acteurs sociaux : MEDEF, grands patrons, UMP, journalistes appointés, etc...

3 - L’extension du marché et de sa logique est une lutte de la classe dominante.

On comprend que la lutte de classe elle, se déploie partout, y compris au cœur de la famille. Le harcèlement ou le licenciement patronal « déprime » des familles entière. Comme outil de résistance au capitalisme et base d’appui du socialisme, il y a la sécurité sociale, les services publics, le code du travail qui limite les heures de travail, qui pose un smic, il y a l’impôt sur les revenus et celui sur les société, il y a le statut des fonctionnaires . Ce n’est pas rien . Mais toutes ces institutions sociale sont sous pressions, démantelées, reconfigurées, viciées, réduites dans ses facultés d’offrir du bien-être social, donc à protections limitées. Mais ces protections existent encore en France plus que dans d’autres pays qui en Europe ont subi une lutte de classe sévère, particulièrement dure, buschienne, thathchérienne. Mais comme le disent les néolibéraux (qui sont plus que des libéraux classiques), Sarkozy est arrivé, le zorro du MEDEF. Il accomplit toute chose égale par ailleurs, la tâche de Bush et Thatcher en écoutant Kessler .

B) Les forces politiques d’alternative et de transformation doivent montrer une autre voie.

Ces forces politiques se nomment la gauche . Mais c’est quoi la gauche aujourd’hui ? N’allez pas dire sérieusement qu’il s’agit de celle de DSK au FMI ou de son clone à l’OMC. La crypto-gauche PS a subi la mondialisation néolibérale, a cédé à l’OMC, à l’UE et à préparé le terrain à la droite pour une part et a fait le sale boulot pour une autre. Le monde du travaille encaisse de l’ouvrier au cadre. Les plus hauts cadres supérieurs se font couche d’appui du capital. Ils poussent un management à la pression qui vire au harcèlement. Les salaires ne cessent de baisser alors que les profits ne cessent de monter. La finance pompe la force de travail pour les paradis fiscaux et derrière l’hyper-classe.

Si la droite et le patronat mène la lutte sur tout les fronts alors les syndicats et partis de gauche doivent organiser la riposte tant en « contre » qu’en « pour », et sur tous les fronts et avec autant de détermination que le MEDEF et Sarkozy. On sait que c’est ici que le bas blesse.

La CFDT et le PS propose qu’un léger transfert financier vers les plus pauvres sans recomposition de la hiérarchie des revenus et sans trop bouger les règles du travail et la fiscalité. La CGT, la FSU et SUD Solidaires sont plus offensifs avec le reste de la gauche politique mais la division subsiste sur l’attitude par rapport à l’Union européenne et la mondialisation capitaliste. S’agit-il de changer l’Europe vers un contenu social et environnemental fort ou s’agit-il d’opèrer une déconnexion du marché mondial Europe comprise ?

Christian Delarue

1) Les résistances à l’Administration-entreprise et son alternative socialiste.

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article969

2) Lire ici Le sarkozysme en France, une politique pour la bourgeoisie et contre le peuple-classe.

KESSLER ou le raccrochement de la France au monde de la finance et des affaires.

La célèbre doctrine KESSLER à l’adresse des politiques et entendue pas Nicolas SARKOZY mérite d’être reproduite. Les propos de Denis KESSLER, alors numéro 2 du MEDEF, aux côté d’Ernest Antoine SEILLIERES, ont été repris par Challenge du 4 octobre 2007 : « Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! Les modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie, (....). Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »

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