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Hyperpatriarcat historique français et européen : sexoséparatisme catho-bourgeois du XIX ème siècle.

samedi 9 décembre 2017, par Amitié entre les peuples

Hyperpatriarcat historique français et européen : sexoséparatisme catho-bourgeois du XIX ème siècle.

A propos du contre-mouvement réactionnaire se développant depuis plus de 30 ans au sein du monde musulman et moindrement chez les juifs (les haredim sont aussi des croyants très réactionnaires) j’ai montré dans plusieurs textes qu’il militait pour un sexoséparatisme spécifique (cf rappel fin de texte). Il importe aussi de voir ce qui existait en Europe au XIX ème siècle et jusqu’à la fin des dictatures du sud de l’Europe vers la fin des années 1970, un peu plus tôt en France, au milieu des années 60 .

XX

Dans leur « Introduction aux études sur le genre » de Laure Bereni, Sébastien Chauvin, Alexandre Jaunait er Anne Revillard « l’idéologie des sphères séparées » est abordée (page 220 et 221 de la seconde édition) pour la période post 1804 (le Napoléon « sexoséparatiste » contre un 1789 plus en République égalitaire et anti-patriarcale). Il y est bien précisé qu’il ne s’agit pas seulement d’une idéologie (décrite dans un encart) sans application pratique mais d’un véritable « modèle » d’assignation des femmes à la sphère domestique, « modèle de double sphère » bien inscrit dans une pratique sociale légitimée par l’Eglise et par divers idéologues se réclamant de la science !

Et ce modèle sexoséparatiste ne fut pas effectif qu’en France, il s’est déployé dans toute l’Europe et dans le monde du fait du colonialisme, et avec l’appui lourd et efficace de la religion catholique particulièrement pugnace pour cet enfermement des femmes. La dimension textile n’est pas absente non plus : les femmes doivent sortir très couvertes ! Le catholicisme n’est à cette époque qu’une vulgaire apologie dictatoriale du patriarcat rigoriste avec une forte dimension anti-sexualité. La masturbation y est plus proscrite que la prostitution. On ne doit pas trop aimer les plaisirs sexuels y compris avec sa propre épouse. Le divorce est interdit. On ne doit connaitre qu’un seul homme et une seule femme dans sa vie. Les expériences sexuelles hors du couple sont vivement condamnées par l’Eglise . Sauf la pédophilie : « Lors de la réunion de la conférence des évêques de novembre 2006 figuraient à l’ordre du jour le mariage, la contraception, la »sainte communion » et l’homosexualité, mais pas les abus sexuels commis par le clergé« écrit l’altermondialiste Susan George dans »La pensée enchaînée" (Fayard octobre 2007). Le seul modèle concevable est hétérosexuel. Il n’y a pas que l’Eglise catholique a condamner l’homosexualité et le libertinage car la société est alors largement, au plan des moeurs, de type très autoritaire et très répressive.

On doit au mouvement féministe la conquête d’une réduction du patriarcat historique avec des droits reconnus juridiquement et de plus en plus socialement pour les femmes tant au plan de la citoyenneté que du droit au travail ou au droit de pouvoir apprécier une vie sexuelle d’orientation hétéro ou homosexuelle sans subir pour autant le sexisme et le viol. Ces conquêtes féministes se sont internationalisées et répandues de part le monde au début des années 70. On pouvait donc voir dans de nombreux pays les femmes dehors et sans voile. Il était aussi devenu possible pour les femmes (et les hommes), grâce à la contraception, de connaitre le plaisir sexuel. Il a certes fallu promouvoir une éducation sexuelle tant l’ignorance des générations antérieures était générale. On avait encore à la fin des années 60 des générations entières de femmes et d’hommes coincées dans une culpabilité et un rigorisme archaïque qui empêchait toute émancipation.

Ce mouvement de libération a certes été partiellement récupéré par le capitalo-patriarcat mais pour autant il ne s’agirait pas de tout lâcher des conquêtes féministes et de revenir au XIX siècle en pire. Ce que nous proposent et imposent les intégrismes religieux d’aujourd’hui. Ceux musulmans surtout mais les autres aussi.

La notion d’hyperpatriarcat correspond bien à cette volonté de rétablissement d’un patriarcat archaïque via un harcèlement sexyphobique continu et constant . Ici il faut noter une alliance non dite avec le machisme ordinaire dont l’image ci-dessus donne une idée de l’oppression sexiste courante.

La forme courante du sexoséparatisme islamique est de contenir les femmes à la maison avec les enfants en limitant fortement les sorties hors du foyer familial . Les sorties doivent impérativement se faire sous hypertextile (voile et jupe ras du bitume) et accompagnées du frère ou du mari. Ce sexoséparatisme voulu par les intégristes religieux d’aujourd’hui militent pour la construction d’un hyperpatriarcat ou les femmes sont soumises, non libres, enchaînées aux tâches ménagères et éducatives. Une éducation patriarcale qu’elles sont chargées de reproduire. Sans ce travail de reproduction systémique du patriarcat par les femmes le patriarcat subirait un démantèlement qui aboutirait à un patriarcat réduit, celui que les femmes ont obtenu en Europe à la fin des dictatures du sud de la France.

Christian DELARUE

XX

De nos jours en Pologne (Monika Karbowska) ou aux Etats-Unis (Susan George ci-dessous) le conservatisme est devenu contre-mouvement réactionnaire.

Si les positions progressistes se sont développées au sein des religions dans les années 60, notamment avec la « théologie de la libération » (qui a ses limites en matière de moeurs) il faut bien souligner le retour de l’ idéologie conservatrice et réactionnaire de la religion - pas forcément catholique - sous la forme d’un intégrisme religieux, de plusieurs intégrismes religieux .

Citons pour les Etats-Unis de la fin du XX ème siècle : « La pensée enchaînée - Comment les droites laïques et religieuses se sont emparées de l’Amérique » de Susan GEORGE (Ed Fayard oct 2007) : p187 :

Voici ce qu’écrit il y a dix ans Susan George : "Les hommes monothéistes ne semblent jamais se satisfaire de simplement croire en leur Dieu, de le louer, de l’adorer, de l’implorer et parfois de lui offrir des sacrifices : il y a chez eux ce besoin obsessionnel de prouver son existence, de déchiffrer sa volonté et d’imposer aux autres peuples de se prier, de gré ou de force, à ses prétendues lois. Livré à lui-même, le monothéisme semble, du point de vue historique, destiné à devenir une excuse pour d’innombrables guerres, chasses aux sorcières, croisades sanglantes et meurtres.

Les croyants en appellent toujours à ce Dieu dont les préoccupations semblent centrées sur la terre, aux commandements qu’ils auraient émis à des époques reculées ou aux traces qu’il laisserait derrière lui comme autant de signes à interpréter. Ce sont souvent des signes de nature littéraire, comme les histoires bibliques. Les croyants qui sont des êtres humains, ont un besoin désespéré de justifier leurs propres préjugés et désirs en faisant valoir l’approbation de leur Créateur ; ils ont aussi besoin de lui pour condamner les pratiques dérangeantes, « déviantes »,comme ils disent, surtout sur le plan sexuel. Le Créateur opportunément ne les contredit jamais".

Elle précise encore à raison : « Dans les religions monothéistes, on sait cependant que Dieu a établi des règles particulièrement strictes concernant qui peut jouir des plaisirs de la chair, avec qui, à quel âge, sous quel régime légal, et avec quelles conséquences - s’il y en a - en terme de reproduction ».

fin de citation
http://amitie-entre-les-peuples.org/Critique-de-l-obsession-autoritaire-et-anti-sexe-de-la-religion-S-GEORGE

XXX

Rappel sur le SEXOSEPARATISME

Il y a TROIS SORTES de non-mixité hommes-femmes : Une est sexoséparatiste (sexiste).

1 - La non-mixité TECHNIQUE avec l’exemple des salons de coiffure (sauf exception ou l’on trouve une intention différente)

2 - La non-mixité FEMINISTE ponctuelle, pour favoriser l’expression des femmes contre l’oppression sexiste et patriarcale.

Les reunions non mixtes des feministes qui luttent contre le patriarcat et l’hyperpatriarcat des integristes religieux ne relevent pas du sexoseparatisme qui lui est par définition imposé aux femmes par les hommes (et des femmes ) pour les exclure de certains lieux voire de partout sauf la maison. Il s’accompagne de la volonte de les mettre sous hypertextile lorsqu’elles sortent de chez elles.

Les femmes de toutes couleur de peau du peuple-classe multicolore et multitextile peuvent venir parler entre elles de leur oppression sexiste, celle des hommes mais aussi de certaines femmes ainsi que celle des integristes religieux de tout poil.

3 - La non-mixité IMPOSEE PAR DES HOMMES (et des femmes aussi, celles défendant le patriarcat) de façon sexiste, que je nomme, s’agissant de l’idéologie déployée, sexoséparatisme hard et soft.

Le volet « hard » est la réclusion à la maison ou l’exclusion de certains lieux, le volet « soft » (peu soft en fait) est complémentaire et concerne la sortie sous hypertextile obligée, souvent depuis le jeune âge. (cf ici Intégrismes religieux mais pas seulement)

Il n’y a pas forcément une idéologie rétrograde de déployée (à critiquer) mais factualité par des choix opérés « en silence » souvent ( et souvent cachés, ce qui oblige à travail de recherche scientifique ou de journalisme d’investigation) - qui vont dans le sens d’une non-mixité socio-culturelle et patriarcale. On parlera alors de « sous-culture sexoséparatiste » qui peut être (ou non) de portée sectorielle, sectorisée pas globalisante et généralisée . CF par exemple : Sous-culture sexoséparatistes des 100 grands patrons !
http://amitie-entre-les-peuples.org/Sous-culture-sexoseparatistes-des-100-grands-patrons

pour aller plus loin :
Le sexoséparatisme comme forme de sexisme.
http://amitie-entre-les-peuples.org/Le-sexoseparatisme-comme-forme-de-sexisme-C-Delarue