Accueil > Antisexisme - Féminisme > Reconnaissance (de soi , du groupe) / Mépris, réification, réduction. > Harcèlement moral : Réification et néantisation

Harcèlement moral : Réification et néantisation

dimanche 1er janvier 2017, par Amitié entre les peuples

HARCELEMENT MORAL : REIFICATION et NEANTISATION

1) Une pratique perverse

C’est au sein de son chapitre « Refuser la communication directe » (p65) de son célèbre livre sur le Harcèlement moral (1) que Marie-France Hirigoyen développe les quatre procédés pervers de harcèlement d’un individu : disqualification, discrédit, isolation, brimades.

Le refus de la communication directe passe par le refus d’expliquer son attitude. « On ne discute pas avec les choses », on ne saurait d’ailleurs même pas pouvoir saluer ce qui est « rien » ou devenu rien ! Une personne qui n’existe plus. Radicalement. Même sa dignité humaine est effacée. Ce qui est nommé néantisation, la réduction non pas à une chose mais à rien.

Lire : La néantification est pire que la réification.

http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/10/30/2287010_la-neantification-est-pire-que-la-reification.html

Il faut noter en comparaison que dans l’insulte ou l’injure la personne agressive s’adresse encore à quelqu’un. Elle lance des « strokes » négatifs (AT) des « signes de mépris » ciblés à une victime qu’elle reconnait encore comme personne humaine. Il peut s’agir néanmoins d’une personne humaine dégradée, humiliée, etc… ce qui ouvre des possibilités de ripostes judiciaires.

Avec la néantisation la personne n’est plus du tout reconnue, pas même par des reproches.

2) Aspect philosophico-moral : L’indignité à la personne humaine.

Exemple : Votre ex-amant(e) traverse la rue devant vous pour prendre le trottoir d’en face et vous évite ainsi manifestement c’est une première violence. Cela arrive parfois, mais ne doit certainement pas se répéter sans explication et surtout sans changement de comportement. Et de fait, il a souvent évolution vers une attitude plus conviviale, plus respectueuse de l’autre. Pas toujours. Il y a parfois crispation inouïe dans le négatif . La personne va alors passer à côté de vous la fois suivante sans vous saluer et sans plus s’embarrasser de manoeuvre de changement de trottoir. Cette seconde violence morale se nomme néantisation.

Il y a bien un problème mais vous ne savez pas lequel. Le problème devient conflit du fait des manoeuvres d’évitement puis de franches néantisations. La néantisation est une forme de déni de la personne de l’autre qui vient après l’évitement. On attaque la personne dans sa dignité même.

3) Le possible changement d’attitude... ou non

« Le conflit n’est pas nommé mais il est agi quotidiennement par des attitudes de disqualification. L’agresseur refuse d’expliquer son attitude » dit MFH. Il refuse des rendez-vous à deux comme à trois en présence d’un témoin. On peut ajouter : « Il refuse plus encore de changer d’attitude ». Car faute d’explication il peut y avoir évolution du comportement : l’individu passe de la fuite des interactions à des interactions minimales de convenance qui rassurent un peu celui ou celle qui était victime.

Mais il n’y a pas toujours cette évolution positive. On peut trouver au contraire une forte crispation comportementale qui s’étale durablement dans le temps, plusieurs mois, plusieurs années, ce qui signe le harcèlement moral.

4) Aspect psychologico-moral : les souffrances.

Dans la néantisation, la violence est forte, intense mais sans bruit, cachée. L’environnement ne s’aperçoit de rien. Sauf celles et ceux qui savent. Car les proches ne peuvent que s’apercevoir du malaise de la victime. Il est blême ou au contraire il éclate en sanglots. Le mépris fait souffrir.

5) Phénomène de groupe

Et puis comment ne pas dénoncer cela ? C’est tellement violent qu’il faut bien faire quelque chose. D’abord on y croit pas. On pense que c’est une erreur, une peur. Puis la néantisation se répète. La violence s’installe. Le mal aussi.

Il arrive même qu’elle soit menée en groupe. Il y a alors des complices. C’est encore plus grave, plus violent. Là la victime perd de son efficacité au travail. Elle subie la honte. Elle se culpabilise. Elle va essayer de réagir, de reprendre l’initiative pour clarifier la situation. Là elle peut être « poussée à la faute ». Et à ce stade çà devient compliqué. Il faut une aide d’un spécialiste. Les syndicats sont démunis, pas compétents sauf le syndicaliste CHSCT.

Christian DELARUE

2009

1) Le Harcèlement Moral : la violence perverse au quotidien | Marie-France Hirigoyen
http://www.mariefrance-hirigoyen.com/fr/ses-ouvrages/le-harcelement-moral