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Gilets jaunes : Casse sociale , répression policière, sur-pénalisation judiciaire. Christian DELARUE

dimanche 7 avril 2019, par Amitié entre les peuples

Gilets jaunes : Casse sociale , répression policière, sur-pénalisation judiciaire

Image Basta CD

Ce mouvement de contestation et de propositions s’est déployé de façon autonome et ce depuis la mi-novembre 2018 en investissant les rond-points et en manifestant les samedis hors tout encadrement syndical.

Il se réunissait à St Nazaire ce week-end des 5, 6 et 7 avril 2019 - en même temps que les préposés à la préparation du G7 à Dinard St Malo - pour décider de ses positions concernant les élections européennes et discuter d’autres points. Nous y reviendrons avec Pascal Franchet ou Marie-Claire Nouvian .

Ce mouvement est critique de l’austérité tant celle de l’Union européenne - ou le concurrentialisme est la règle impitoyable tuant toute solidarité - que celle nationale qui n’est pas moins austéritaire.

 Contre la « casse fondamentale »

L’idée centrale largement partagée est que les Gilets jaunes sont un mouvement social d’en-bas de contestation forte de la mal-vie (aspects social et territorial), de l’austérité, de de la casse sociale autrement dit de la violence économique d’en-haut contre les classes sociales modestes, celles aux fins de mois difficiles (moins de 2000 euros net par mois). Il porte positivement en lui la justice sociale, territoriale et fiscale en lien avec la justice.

Ce mouvement critique aussi la « démocratie réellement existante » accaparée par les oligarchies, les élites politiques et économiques, les médias mainstream pour construire positivement une autre démocratie dont le RIC serait une pièce maîtresse. Il y a donc besoin, outre le volet social, d’une autre démocratie en France et plus encore en Europe, besoin aussi d’une autre République réellement sociale et laïque, avec des services publics implantés au lieu d’être détruits. Besoin enfin d’une transition climatique et environnementale vers ce que certains - pas tous - nomme un écosocialisme.

 Deux populismes : populisme d’extrême-droite et populisme de gauche.

Ce mouvement a pu être contesté car certains de ses membres défendaient un nationalisme xénophobe anti-migrants mais aussi antIsémite. Dans cet contestation j’ai pu personnellement entendre la juste critique de l’antisémitisme aller de paire avec le refus des migrants . La xénophobie liée aux thèses du Grand remplacement se porte bien ! En tout cas on ne saurait cacher qu’une partie du mouvement est infiltré par des éléments d’extrême-droite. Mais il ne s’agit qu’une petite fraction du mouvement, qui ne peut imposer ses positions au reste du mouvement.

Par ailleurs le populisme d’extrême-droite n’est nullement critique du néolibéralisme. Marine Le Pen acclimate le capitalisme financiarié, productiviste (produire toujours plus selon le marché) et travailliste (casse des 35h au lieu d’aller vers les 32H) à la sphère nationale. Elle ne défend pas la justice territoriale avec des services publics implantés de façon équilibrée sur le territoire national.

Quand au populisme de gauche des Gilets jaunes il n’a rien à voir avec les théorisations de Chantal Mouffe. Grosso modo ce populisme de redistribution - moins pour le 1%, plus pour en-bas - s’oppose au 1% d’en-haut qui accapare tout du fait d’une politique favorable au lieu de payer l’ISF pour s’acquitter de la justice fiscale.

 Répression policière, sur-pénalisation judiciaire.

Ce mouvement a enfin subi une très forte répression policière et judiciaire, la plus importante depuis mai 68. La sur-pénalisation d’en-bas est à mettre en lien avec la sous-pénalisation d’en-haut, notamment avec les affaires Benalla et Crase de l’été 2018 et de son rebondissement fin 2018 avec l’affaire Mediapart.

Lire sur Basta :

Pour quels faits et à quelles peines de prison, des centaines de gilets jaunes ont-ils été condamnés ? - Basta !
https://www.bastamag.net/Pour-quels-faits-et-a-quelles-peines-de-prison-des-centaines-de-gilets-jaunes

Le traitement des gilets jaunes par la justice renforce « l’idée qu’il y a les puissants d’un côté, et les autres » - Basta !
https://www.bastamag.net/Le-traitement-des-gilets-jaunes-par-la-justice-renforce-l-idee-qu-il-y-a-les ?

Extrait : "Les peines prononcées par les tribunaux sont-elles plus sévères que d’habitude ? Oui, selon Laurence Roques du Saf, qui souligne de nombreuses condamnations à de la prison ferme pour les primo-délinquants (citoyens qui n’ont jamais condamné et sont confrontés à la justice pénale pour la première fois de leur vie, ndlr). « Ce qui est très rare ! » La présidente du syndicat des avocats pointe aussi les nombreuses interdictions de se rendre sur un territoire ou de manifester. « Au Saf, on a calculé que entre 1995 et 2018, 33 personnes ont été concernées par des peines complémentaires d’interdiction de manifester. Les juges utilisaient cette disposition avec beaucoup de parcimonie. Depuis novembre 2018, on est à plusieurs centaines de personnes. Ce sont clairement des peines politiques, qui posent un vrai problème démocratique. »

Christian DELARUE
Altermondialiste