Accueil > Altermondialisme > Altermondialisme / Internationalisme > Critiques, résistances et perspectives stratégiques > GILETS JAUNES : Acheter, un rapport social de solvabilité . Christian DELARUE

GILETS JAUNES : Acheter, un rapport social de solvabilité . Christian DELARUE

dimanche 18 novembre 2018, par Amitié entre les peuples

GILETS JAUNES : Acheter (ou non) : s’inscrire dans un rapport économico-social de solvabilité .

La colère peut être en gilet jaune (cet automne 2018) ou en gilet rouge (ce printemps 2018) contre les privilèges de classes en trois strates. Les Gilets jaunes semblent plus relativiser le rapport social ouvriers-employés / patrons pour évoquer beaucoup plus un rapport social de solvabilité (cf notre article précédent) et derrière une autre redistribution des richesses qui profite moins aux riches (cf les trois strates de riches : le 1%, le 0, 4%, le 0,1% en note) et plus aux classes modestes et moyennes.

Les « Gilets jaunes » portent leur colère du côté de la consommation marchande et pas du côté de la production . Avec la question du cout trop cher de l’essence (et au-delà des autres biens et services), on ne trouve pas un rapport social de production entre vente de la force de travail (salariée) et achat de cette force (par un patron). Il y a déplacement des enjeux du côté de la « circulation marchande ». Il n’est donc pas étonnant d’y remarquer l’absence des syndicats de travailleurs. Les partis politiques ont plus leur mot à dire même si les syndicats ne manquent pas de s’exprimer ici ou là.

Il n’est pas plus étonnant d’y voir toute la diversité des individus, y compris des patrons (peu nombreux), et pas que les petits patrons.

Pourtant on devrait y voir - hypothèse probable - une hiérarchie économico-sociale avec deux groupes sociaux en contestation de la vie chère, des prix élevés et des revenus contenus et deux autres groupes voire trois n’ayant pas besoin de cette contestation sociale par ailleurs assez floue. Devant même la circonscrire et la détourner.

C’est bien du côté du marché et de la capacité de consommation que se fait la différence entre les personnes à revenus modestes et moyens (deux niveaux) et les personnes aisées, voire riches (au-dessus), qui vivent elles sans problème de fin de mois et de plus peuvent pour certaines épargner un peu (en livret populaire) ou même placent leur argent en bourse (niveau trois). Les personnes à revenus modestes et moyens épuisent leur paie dans le mois. Elles n’épargnent pas ou quasiment pas, très peu. Elles sont rationnellement les premières à contester "toutes choses égales par ailleurs »… (pour simplifier le propos)

Vivre correctement suppose de disposer de certains accès : un habitat bien construit écologiquement, avec nombre de pièces utiles (en location ou propriété), une nourriture saine chaque jour, du chauffage en hiver, un accès aux soins, des moyens de communication, le tout sans connaitre de problèmes de fin de mois, c’est là être relativement aisé, sans nécessairement être riche (cumul de biens immobiliers plus portefeuille d’actions ou d’obligations). Pouvoir en plus épargner chaque mois sans se priver de l’essentiel c’est se doter progressivement d’un contenu patrimonial.

Il faut penser à faire état de celles et ceux qui sont pauvres et doivent mendier. Une personne à revenu très modeste (minima sociaux) peut encore faire des achats pour survivre. On voit aussi des smicard-es précaires survivre .

On devrait voir aussi, sauf récupération politicienne (attendue) que ce n’est pas la fiscalité de redistribution vers le bas qui est contestée - sauf à réclamer plus de tranches pour l’impôts sur le revenu (IR) - mais une fiscalité qui enrichie les riches. Les « Gilets jaunes » ne semblent pas contre l’impôt sur le revenu mais contre les taxes indirectes injustes et notamment la TIPP qui frappent plus ceux qui sont loin des centres ville et moins celles et ceux qui vivent en ville voire en centre-ville. Ce n’est pas une lame de fond poujadiste ou M5S même si on y voit des fascistes ou crypto-fascistes. Reste que le mouvement est gros d’une masse de prolétaires peu ou pas syndiqués et d’indépendants paupérisés.

Il manque à ce mouvement hétéroclite la revendication de services publics en capacité de satisfaire les besoins sociaux de toutes les classes sociales subalternes, le tout dans une perspective écologique.

A suivre et préciser...
Christian DELARUE