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Fonctionnaire et syndicalisme . Pour faire société . Christian DELARUE

samedi 14 avril 2018, par Amitié entre les peuples

Fonctionnaire(s) et syndicalisme : Pour faire société.

Courte réflexion générale sur un secteur professionnel spécifique mobilisant des notions structurantes.

http://amitie-entre-les-peuples.org/Fonctionnaire-et-syndicalisme-Christian-DELARUE?var

XX

Un fonctionnaire peut se syndiquer et agir collectivement comme tout autre salarié pour améliorer le niveau du salaire (du traitement), pour réduire le temps de travail sans perte de salaire, pour améliorer ses conditions de travail, ses relations avec son encadrement et de nombreuses autres choses encore . Il peut faire grève et manifester pour cela. Comme les autres travailleurs salariés ou presque ! En principe, rien de spécifique ou presque .

Mais que revendique-t-il de plus particulier ? En quoi le fait qu’il soit fonctionnaire et non pas travailleur salarié du privé peut l’amener plus aisément à défendre certains points et pas d’autres . C’est à cette question que ce court billet répond .

I - Une détermination structurelle sur fond de logique capitaliste :

On va partir de l’idée d’une différence structurelle fondamentale qui détermine des comportements :
 Une entreprise privée est orientée à travers la valeur d’échange - elle produit des marchandises (pas les services publics) - vers l’accumulation du profit.
 Un service public sans délégation produit de la valeur d’usage et rien pour le profit. Il produit également de la valeur monétaire non marchande ( s’ajoutant à la valeur marchande - 1 ). Le droit administratif ignore le profit et valorise l’intérêt général. Il est impossible d’ignorer cette distinction essentielle.

On remarque certes souvent que la logique capitaliste du profit d’abord tend à tout recouvrir concernant le champs des activités humaines. Il ne s’agit que d’une tendance certes forte et puissante mais non accomplie.

II - Fonctions et missions pour ce groupe social

 Il apparaît tendanciellement en conséquence que le fonctionnaire soit, de par ses fonctions spécifiques, aisément porté à défendre ses MISSIONS d’intérêt général là ou un travailleur du privé devra se soucier lui de préserver son emploi et son salaire tout en veillant à faire gagner de l’argent à l’entreprise privée qui l’a embauché . Le souci du profit est déterminant dans le capitalisme.

Pour un fonctionnaire la défense du service public est chose naturelle . Certes il peut y avoir de nombreux débats sur quelle défense et améliorations (renvoi) mais l’orientation générale est bien la défense d’une logique de service public (2), du moins pour ceux dont il est question ici. On trouve toujours des contre-exemples.

Chaque jour qu’il passe, pendant des années, des décennies mêmes, il voit que son travail est accompli, plus ou moins bien, pour satisfaire les BESOINS SOCIAUX et ce sans souci de profit . Il obéit au droit administratif et pas au droit commercial. Les logiques économiques existent mais sont secondes voire éloignées de son job ! Pourtant les logiques capitalistes et commerciales tendent bien et de plus en plus à recouvrir toute les activités de la société mais une différence demeure (que nous nous efforçons de souligner ici). Et elle a sa force historique et sociologique.

III- Conscience de construction d’une société

On ne saurait s’étonner qu’un fonctionnaire défendre naturellement les services publics et une pleine LOGIQUE de service public (2) . Ce faisant il défend un MODELE SOCIAL - pour partie existant et pour partie à construire - qui intègre là ou le marché laisse les insolvables sur la touche .

On voit incidemment qu’un fonctionnaire entend défendre la REPUBLIQUE, une République au sens de la chose de tous sans rejet des modestes et des insolvables voire des simples résidents sans papiers (voir plus loin) . Là encore c’est le souci de l’INTERÊT GENERAL qui prime (intérêt qui n’est pas celui calé sur le 1% d’en-haut). Défendre et développer les services publics avec des agents qualifiés au service de l’intérêt général est chose importante pour la satisfaction des besoins sociaux des populations, notamment des plus modestes.

IV - Travail du négatif : Destruction de la société et souffrance sociale

C’est pourquoi les fonctionnaires - et pas qu’eux - tendent à refuser une dynamique mortifère et ancienne - qui a bien plus de 35 ans - de RABOUGRISSEMENT des services publics . Ils voient - clairement ou confusément selon leur position (mais peu importe ici) - que les classes dirigeantes (nationales et de l’Union européenne) en collusion plus ou moins fortes avec la finance ne cessent de les pervertir et de les détruire petit à petit. Ce processus de long terme est un travail du négatif qui fait peur ou qui fait souffrir collectivement. Une hypothèse de « malaise social » qui amène à (re)étudier la SOUFFRANCE SOCIALE !

La destruction des services publics c’est bien THANATOS en action pour le plus grand nombre, c’est donc tout le contraire de la vie au sens de construction des APPUIS SOCIAUX pour le développement des jeunes (très jeunes et jeunes adultes - 18 à 28 voire plus) et au sens - pour les adultes bien « installés » - de la CIVILISATION SOLIDAIRE (pas de civilisation sans solidarité) .

DESTRUCTION CONTINUE : Ces services publics , tels qu’ils sont actuellement (pour ce que j’en sais), ne fonctionnent plus comme avant. Non pas que ce fut parfait jadis évidemment ! Reste qu’ils se sont profondément dégradés au fil des 30 dernières années .

La « tiers-mondisation des services publics » et de la société fait souffrir ! La souffrance sociale est celle des gens du peuple, des modestes, des précaires, des smicards, des peu solvables en général ! Il y a aussi - autre concept - la « désaffiliation des stables » qui furent jadis « inclus » dans la société salariale.

Le 1% d’en-haut ne souffre pas de la destruction des services publics car ce sont eux surtout qui veulent les privatiser, les marchandiser, les financiariser. Le tout pour les profits ! Cette guerre de la concurrence - concurrentialisme comme autre concept - empêche la JUSTICE SOCIALE, la lutte contres les inégalités sociales et ce faisant freine la COHESION SOCIALE. Mais d’aucuns s’en moquent.

V - Critiques d’une conscience, d’une mentalité-type :

Le modèle social peut être ethnocentré, national, et possiblement xénophobe car réservé aux nationaux. Il y a des fonctionnaires effectivement centrés sur la nation et peu ouverts à l’international mais ne généralisons pas. On trouve de tout.

La « mentalité » du fonctionnaire laisse aussi peut d’imaginaire disponible à l’auto-activité populaire d’en-bas. Son légalisme fort - nécessaire au maintien d’un Etat de droit - et son inscription bureaucratique forment un « obstacle épistémologique » ou disons un obstacle à une compréhension ouverte à ce qui surgit hors des règles : exemple l’usage des « communs » à NDDL comme « biens sans maître » . Il faut dire ici que la loi elle-même a changé : ces biens immobiliers jadis dit « sans maître » sont désormais depuis 2004, soit publics soit privés. Il n’y a plus de chose commune (« res communis »).

Christian DELARUE

Syndicaliste et membre du CA de Convergence des services publics.

1) Sur ce point voir les thèse de JM Harribey sur son site : http://harribey.u-bordeaux4.fr/travaux/valeur/index-valeur.html ).

2) Logique du marché contre logique du service public en 9 repères. par Christian Delarue - Attac 35 Ille et Vilaine

http://local.attac.org/35/dossiers-147/dossiers/Logique-de-marche-Logique-de/Logique-du-marche-contre-logique