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Faire de la pudeur corporelle une violence sexyphobique et sexiste. C Delarue

vendredi 27 juillet 2018, par Amitié entre les peuples

Faire de la pudeur corporelle une violence sexyphobique et sexiste .

Au nom de la pudeur corporelle (différente de la réserve dans l’expression verbale) ou de la décence (cf à une norme collective variable), assimilées l’une et l’autre (malgré les différences) à une vertu, il faudrait absolument que tous et toutes cachent son sexe - tant celui masculin que celui féminin, et ce en toute occasion, y compris sur les plages. Ce serait de plus nuisible pour les enfants.

Cela n’est pas absolument certain mais c’est assez généralisé (sauf à San Francisco jadis). Mais il s’agit là uniquement de ce qu’on appelle les « caractères sexuels primaires » qui seraient donc presque partout cachés... sauf chez les animaux et chez les nudistes ou naturistes (considérés comme des animaux par certains islamistes et d’autres).

La pudeur pour soi n’est pas la pudibonderie offensive et réactionnaire qui s’offusque bien au-delà de ces organes sexuels primaires chez autrui.

Car pour les individus - hommes et femmes - les plus austères et sévères il faudrait aussi cacher tout ce qui attire peu ou prou les hommes soit les seins (sauf les petits et encore), les fesses (donc le string mais aussi les pantalons moulants), les bas ou les collants fins mais encore d’autres différences secondaires comme les talons aiguilles, les jupes au-dessus des genoux et plus encore les mini-jupes. Les boucles d’oreille sont aussi à bannir. Liste à compléter ! Bref c’est la chasse sexyphobique complète à tout ce qui est vu comme féminin ou comme sexy ! Rien ne doit échapper à la volonté de banalisation et uniformisation.

Concernant la pudeur, la montée en force du nudisme et du naturisme dans les années 60 à 90 a relativisé fortement deux idées fausses, celle d’une pudeur naturelle (elle est construite et contextuelle) et celle d’une pudeur en soi signe de civilisation . Ce n’est pas qu’en soi les nudistes soient des personnes progressistes. Ils sont évidemment comme les autres c’est à dire possiblement réactionnaires et possiblement progressistes.

Il faut noter que cette montée en puissance du nudisme et du naturisme se remarque à la fin des dictatures à justification religieuse très conservatrice dans le sud de l’Europe (Portugal de Salazar, Espagne de Franco, Grèce des Colonels) mais aussi à l’Est de l’Europe, notamment en Pologne (catholicisme très réactionnaire) mais pas seulement. Car la pudibonderie vient surtout (pas seulement loin de là) d’une interprétation austère et intégriste des religions, surtout celle catholique mais les autres aussi dans leur forme intégriste.

Christian Delarue

M. Foucault, Histoire de la sexualité, 3 vol., Paris, 1976-1984 ; « Loi de la pudeur », dans id., Dits et écrits 1976-1979, Paris, 1994.