« Face à la propriété privée des moyens de production, il est temps qu’émerge une économie des communs » - Basta !
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« Face à la propriété privée des moyens de production, il est temps qu’émerge une économie des communs » - Basta !
Le projet de loi Pacte du gouvernement – Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises – se propose d’ajouter à la définition juridique de l’entreprise le fait qu’elle est responsable devant la société des conséquences sociales et environnementale de ses actions. Alors que la loi doit être discutée au Parlement à la rentrée, intellectuels et économistes de gauche et de droite se disputent depuis plusieurs semaines par tribunes interposées au sujet de la liberté d’entreprendre face à l’intérêt général, du bien commun et de la propriété privé. Le spécialiste de l’économie coopérative Benoît Borrits, chercheur militant et animateur de l’association Autogestion, apporte ici sa pierre au débat. Il a publié ce printemps aux éditions La Découverte, Au-delà de la propriété. Pour une économie des communs.
Dans une tribune publiée dans Le Monde le 15 juin, une quinzaine d’économistes, d’intellectuels de droite et d’entrepreneurs s’insurgeaient contre une éventuelle modification du code civil concernant les sociétés commerciales, qui leur demanderait de prendre en compte l’intérêt général et le « bien commun » [1]. Ils estiment que cette modification renforcerait le pouvoir de l’État et porterait atteinte à la propriété privée, présentée comme le rempart du faible contre le fort. Une vision fort éloignée de la réalité d’un État français qui, depuis des années, protège la propriété privée des moyens de production en maintenant artificiellement la valorisation des entreprises par une régression sociale acharnée.
Dans le récent débat sur la finalité de l’entreprise, certains proposent de modifier à la marge la définition de la société commerciale, dont l’objectif exclusif était la mise en valeur du capital, en y intégrant désormais la notion de conformité avec le bien commun. Cela a déclenché une réaction de la part de ces économistes, chef d’entreprise et philosophes – dont Luc Ferry et Michel Onfray. « On commence par le bien commun et on finit par le Comité de salut public », écrivent-ils. Leur tribune commence par questionner les notions de bien commun et d’intérêt général en indiquant que ceux qui les définissent sont « ceux qui ont le pouvoir ». Nous ne pouvons qu’être d’accord sur la mystification qu’opèrent ces notions, souvent définies par un État qui se prétend souverain et dont le caractère démocratique est largement discutable. Pourtant, c’est ce même État qui joue aujourd’hui un rôle essentiel dans le maintien de la propriété privée des moyens de production.