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Expérience du racisme : les seconds concernés - Christian Delarue

lundi 29 juin 2020, par Amitié entre les peuples

Expérience du racisme : les seconds concernés

On évoque parfois à propos de la lutte antiraciste l’expression « les premiers concernés » - à la place de « racisés » - pour nommer les personnes subissant la discrimination raciste (1) .

Les « réellement discriminé.e.s » - et non pas un groupe humain déclaré en bloc « racisé » hors expérience du racisme (des personnes de couleur de peau noire n’ont pas nécessairement connu le racisme et c’est heureux) - sont effectivement plus sensibles que les autres au problème du racisme et donc les premier.e.s à pouvoir dire ce dont il s’agit (même si la façon dont ils ou elles disent n’empreinte pas toujours la forme universaliste de l’antiracisme déterritorialisé et c’est d’ailleurs ainsi que les victimes de discriminations se font traiter de racistes).

Les autres sont également divisés puisqu’on trouve les « seconds concernés » (ceux non victimes de discrimination mais qui les voient et les refusent), les « concernés abstraits » (antiracisme de principe ou de loin ) et d’autres encore qui peuvent participer partiellement au déploiement du racisme. Car tout cela n’est pas séparé en cases étanches : il peut y avoir passage d’un état à un autre.

« Second concerné », je le fus jadis - il y a bien longtemps - en région parisienne quand plusieurs fois dans la semaine la police demandait (sur une plateforme de liaisons du métro ) les papiers de mon jeune collègue des Impôts venu d’un DOM mais jamais à moi. Ce n’était pas toujours le même policier. Ce n’est pas le policier qui est donc à mettre en cause subjectivement - comme raciste - mais une pratique professionnelle. Cette expérience personnelle n’est pas que la mienne. Si elle est collective et que des Métropolitains (blancs) ont déjà été témoins de ce genre d’expérience du racisme et choqué de cette injustice alors l’idée de « seconds concernés » dispose d’une certaine validité.

Depuis, on m’a dit que des « jeunes blancs à capuche » pouvaient connaître les interpellations à répétition. Cette remarque ne me semble pas devoir invalider mon propos précédent.

Le racisme indirect ne réside pas seulement dans la police. On le retrouve dans d’autres secteurs de la vie quotidienne.

Christian Delarue - Mrap

1) Environ 16% de la population (mais les chiffres du Tableau origine sont anciens de 2008-2009) seraient victimes de discrimination. C’est beaucoup !

INED : Extrait 2008-2009 : « 16% des personnes en France se disent avoir été discriminées ou harcelées dans les 12 derniers mois et 28% avoir été témoins d’une personne se faisant discriminer ou harceler. »

https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19574/183.fr.pdf