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Etat de privilèges et Etat de classe en Guyane !

dimanche 9 avril 2017, par Amitié entre les peuples

Etat de privilèges et Etat de classe en Guyane !

Peuple social de Guyane en lutte !

Sur la faiblesse de l’Etat social en Guyane (quasi-inexistant) et le fort Etat de privilèges et même véritable « Etat de classe » en Guyane, avec en plus les « privilèges de race » des Bekés, lire ci-dessous ce texte syndical de Sud Education Guyane sobrement intitulé : La Guyane aujourd’hui.

On peut parler aussi d’un territoire anciennement colonisé mais depuis longtemps ce territoire est devenu français. Ce territoire conserve encore, comme d’autres en Outre-mer, les séquelles du colonialisme dont le racisme en lien avec une fracture sociale forte entre une minorité de riches guyanais privilégiés (dont des békés) avec une couche sociale de fonctionnaires relativement aisés (ambiguïté : couche d’appui ou couche tampon ?) et le reste de la population guyanaise en position de peuple social méprisé et dominé au plan économique et social (la politique classiste d’austérité s’ajoute au racisme).

Quand à la volonté d’indépendance, elle n’existe plus vraiment. Des étudiants guyanais avaient crée à Paris, en 1955, le Comité guyanais d’action sociale et politique, qui prendra le nom d’Union du peuple guyanais (UPG, 1955-1965), premier parti nationaliste et autonomiste guyanais. Pendant 10 ans, l’UPG conteste la politique de l’assimilation et diffuse en Guyane les idées anticolonialistes. Mais un épisode de luttes armées a sapé les soutiens populaires (1). Il s’agit donc bien désormais d’une France périphérique, d’une France d’Outre-mer marquée par son histoire. On observe un mal-développement territorial très inégal, combiné à une fracture sociale, entre la métropole et la Guyane et au sein même de la Guyane. L’Etat social est minimaliste et l’Etat de classe pour les dominants très puissant.

Les mouvements indépendantistes guyanais | Une Saison en Guyane
http://www.une-saison-en-guyane.com/article/societe/les-mouvements-independantistes-guyanais/

Christian DELARUE

La Guyane aujourd’hui.

http://sudeducationguyane.org/spip.php?article647

La Guyane compte actuellement 330 000 habitants environ. La moitié de cette population a moins de 25 ans. Les personnes étrangères vivant en Guyane représentent 30 % de la population. Plus de 60 % de la population est issue d’une migration vers ce territoire durant les 30 dernières années (sans compter les migrations depuis la France hexagonale).

En Guyane, on parle dans les rues une quinzaine de langues : langues amérindiennes (teko, wayana, wayampi, kalina…), langues créoles (créole guyanais, haïtien, martiniquais, guadeloupéens...), langues des noirs-marrons – descendants d’esclaves africains ayant fui l’esclavage - (aluku, djuka, saramaka, paramaka, sranantango …), langues asiatiques (mandarin, hmong), brésilien, anglais, espagnol, néerlandais, français...

Il y a peu d’industries en Guyane. Le territoire possède des ressources minières (or, diamant…) dont l’exploitation est très opaque et aux mains d‘intérêts privés. Le principal employeur est l’état avec son lot de contrats précaires.
Les fonctionnaires ont une prime de 40 %, et tout le monde bénéficie d’un abattement de 40 % (impôts sur le revenu).

Les békés antillais (descendants des grandes familles des planteurs esclavagistes) détiennent le monopole des grandes enseignes présentes en Guyane.

L’état est propriétaire de 90 % du territoire ce qui entraine un problème de logements et d’accès à la terre.

Le coût global de la vie est plus élevé qu’en France, qu’en Guadeloupe et qu‘en Martinique ; les loyers sont plus élevés, l’essence plus chère, et comme il n’y a pas de commerce possible avec les pays frontaliers du fait des normes européennes, nous n’accédons qu’à des produits manufacturés importés et donc plus chers également.

Le smic est le même qu’en France hexagonale alors que les aides sociales sont légérement inférieures.

Le parc de logements sociaux est dérisoire par rapport aux besoins et l’habitat spontané, parfois sans accès à l’eau et à l’électricité, est monnaie courante. Les guyanais entre 19 et 25 ans sont souvent dans une situation de survie plus que de simple débrouille. 46% des jeunes de moins de 25 ans non scolarisés sont sans emploi.

De nombreuses communes ne sont pas accessibles par la route : seulement par avion ou en pirogue. Plusieurs jours de pirogue sont parfois nécessaires selon le niveau des fleuves.

La Guyane a la taille du Portugal, ou deux fois celle des Pays Bas.

En Guyane, par respect pour les pratiques coutumières de chasse, on peut se procurer une arme avec une simple pièce d’identité et sans permis de chasse. Beaucoup de gens vivent avec des armes chez eux.

30% de la cocaïne vendue en Europe a transité par le Surinam. La Guyane pays limitrophe est une victime colatérale de ce trafic.

La Guyane est le troisième site mondial de lancement satellitaire avec le centre spatial de Kourou, derrière Cap Canaveral et Baïkonour. Cependant les retombées économiques sont bien minimes en comparaison des bénéfices engendrées par le Grand Capital.

L’indice de fécondité est de 3,5 enfants par femme. C’est le plus élevé d’Amérique du sud.

Concernant l’école, 3000 élèves de 3 à 16 ans ne sont pas scolarisés faute d’infrastructures et de personnels. Plus de 9000 jeunes de 18 à 24 ans se retrouvent hors du système scolaire sans aucun diplôme. Plus de la moitié des élèves guyanais du second degrés sont boursiers (contre moins d’un quart dans l’Hexagone).

En Guyane 32,5% des familles vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Les enseignements ne tiennent quasiment pas compte du contexte local (interculturalité, plurilinguisme, histoire et géographie du territoire…)

L’Académie détient un des taux records de précarité de son personnel éducatif. 25% des enseignants sont non-titulaires.
Une grande disparité perdure à l’intérieur du territoire, en terme d’infrastructures et de personnels scolaires. Des situations dramatiques existent dans certaines communes (conditions de travail difficiles, absence de logement pour loger les enseignants, sites très isolés). Il faut également savoir que certains de nos élèves ont besoin de plusieurs heures de pirogues pour se rendre à l’école chaque jour.

A travers ce bref portrait non exhaustif, vous comprendrez pourquoi la situation socio-économique du territoire a conduit les guyanais à cette révolte populaire et à la grève générale !