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Empreinte écologique . A Pollonghini

mercredi 22 juillet 2009, par Amitié entre les peuples

Empreinte Ecologique par Alain POLLONGHINI

Source : ATTAC 06
mercredi 17 décembre 2008

Sans toujours nous en rendre compte, nous avons en commun avec les tribus primitives le fait que notre consommation exploite un « territoire » de la planète. L’empreinte écologique d’une population traduit en chiffres cette dépendance.

Qu’est-ce que l’empreinte écologique d’une population ?

Elle peut être définie comme la surface de la planète, exprimée en hectares, dont cette population dépend, compte tenu de son mode de vie, pour ses besoins :

• en produits du sol (surfaces pour l’agriculture, la sylviculture) et en zones de pêche,
• en terrains bâtis ou aménagés (routes et infrastructures),
• en forêts capables de recycler les émissions de CO2 (empreinte énergie) et plus généralement en surfaces d’absorption des déchets.

La surface d’empreinte écologique peut être calculée pour l’ensemble de l’humanité, pour un pays, pour une région ou une ville, pour un ménage (sur la base de ce qu’il consomme), pour un poste de consommation finale (alimentation, logement, transports…), etc.

Par extension, on peut calculer l’empreinte d’un objet (un ordinateur, une voiture, un meuble en bois exotique) en considérant la surface moyenne liée aux ressources nécessaire à l’extraction et au transport des matériaux, à sa fabrication, son fonctionnement et son élimination. Il n’est pas, en fait, d’activité humaine qui n’ait un impact écologique et qui ne se traduise par une mesure en terme d’empreinte.

L’empreinte écologique est mesurée en hectares de surface de la Terre nécessaire pour répondre à ces consommations.
Pourquoi parle-t-on d’empreinte écologique aujourd’hui ?

La popularisation de cette notion s’est faite à partir de la définition de l’empreinte « carbone » et la mesure de sa contribution au réchauffement climatique.
Par ailleurs, s’est développée la prise de conscience que les activités humaines avec leur extraordinaire développement au cours des 50 dernières années finissaient par avoir un impact à la fois sur l’environnement des hommes et sur les ressources de la terre.
Soulignons que, mise à part la disparition des ressources en énergie fossile qui ne se renouvellerons pas, les écosystèmes terrestres sont capables de recycler une partie de nos déjections (gaz carbonique…).
Combien d’hectares, combien de Terres ?

La consommation alimentaire annuelle moyenne d’un Français exige 1,6 hectare dans le monde. Son empreinte totale (alimentation, logement, transports, autres biens et services) est de 5,6 hectares.
Pour un habitant des Etats Unis, on obtient 9,6 hectares, record du monde.

Les conclusions des études d’impact des activités humaines peuvent se résumer ainsi :

Premier résultat :
Depuis 50 ans, toutes les surfaces composantes de l’empreinte écologique mondiale ont progressé, mais c’est « l’empreinte énergie » qui a le plus augmenté

Deuxième résultat :
L’empreinte écologique « supportable » par la planète était de 2,9 hectares par personne en 1970, et elle n’a cessé de diminuer sous l’effet de la progression de la population, de la régression des terres arables, des forêts, des ressources des zones de pêche, etc.
Elle est passée à 2 hectares en 1990 et elle n’est plus que de 1,8 hectares en 2003.
À l’inverse, l’empreinte écologique moyenne des hommes a fortement progressé depuis 1960, passant de 70 % de la surface du globe utilisable à des fins bio-productives en 1961 à plus de 125 % en 2003. Si ce dernier chiffre est exact, il signifie que, dès à présent, l’humanité emprunte chaque année à la nature 25 % de ressources renouvelables de plus que les flux annuels de régénération naturelle de ces ressources.
En d’autres termes, on consomme le capital.

Troisième résultat :
Le chiffre de 1,25 planète recouvre de fortes inégalités, compte tenu du fait que la majorité des habitants du monde a une empreinte écologique très faible, en raison d’un niveau de vie et de consommation très réduit.
Si tous les habitants de la planète avaient le mode de vie des Américains, le calcul montre qu’il faudrait environ cinq planètes pour y faire face. Si tous avaient le niveau de vie moyen des Français, il en faudrait près de trois, chiffre cité par Jacques Chirac au sommet de la terre de Johannesburg en 2002.

Quelles que soient les incertitudes de telles mesures, elles témoignent sans aucun doute du caractère « non soutenable » du modèle de développement occidental.

Conclusion

Cette comptabilité s’appuie sur les modes de consommation et sur les techniques de production qui sont aujourd’hui en vigueur.
Ce point est essentiel, en effet d’autres modes de vie non régressifs et d’autres technologies de production (par exemple les énergies renouvelables, l’agriculture faiblement consommatrice de l’eau des nappes phréatiques et n’épuisant pas les capacités naturelles des sols…) peuvent réduire fortement l’empreinte écologique sans compromettre des objectifs jugés fondamentaux de la civilisation en termes de qualité et de diversité de l’alimentation, des logements, des déplacements, des soins médicaux, etc.

Mais la question de la poursuite indéfinie de la croissance matérielle est posée par ces constats.
Ceci éclaire le discours ambiant du monde politique et économique qui dans grande majorité ne jure que par la croissance.