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Eléments - I - sur le féminisme institutionnel en Tunisie.

mardi 1er février 2011, par Amitié entre les peuples

Eléments - I - sur le féminisme institutionnel en Tunisie.

A l’heure ou plusieurs organisations féministes tunisiennes ont manifesté, samedi 28 janvier 2011, à Tunis, pour réclamer l’inscription de la laïcité et de l’égalité totale entre les hommes et les femmes dans la nouvelle Constitution de leur pays ( ) il apparait utile de porter un regard sur le passé.

Quel est l’état de la modernisation du pays en Tunisie relativement à la situation des femmes ? Notes issues de « Féminisme d’Etat tunisien » : 50 ans plus tars, la situation des Tunisiennes par Anna Manatschal in
Politorbis 2010 La situation des femmes dans le monde arabe.

La Tunisie montre un paradoxe qu’il convient de noter à l’heure de la
révolution tunisienne de janvier 2011. Alors que Bourguiba et Ben Ali
instaurent un régime autoritaire et autocratique ils favorisent l’un et
l’autre la promotion de l’émancipation des femmes.

Un fait majeur doit être préalablement évoqué : La Tunisie a connu avec Tahar Haddad promoteur d’un islam libéral une modernisation des rapports de genre qui a débouché en 1930 une modification du statut de la femme et du Code du statut personnel. Tahar Haddad refusait aussi que l’on fasse pression sur les jeunes filles pour les voiler car cela avait des effets nuisibles sur les femmes adultes et sur toute la société. Sa nièce, la féministe Radhia Haddad, fut par ailleurs la cofondatrice, en 1956, de la plus ancienne organisation féministe de Tunisie toujours en activité, l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT).

La présidence Bourguiba (1957- 1987) et le « Féminisme d’Etat ». Il
poursuivit une politique de planning familial qui encourageait les
femmes à avoir moins d’enfants et leur donnait accès à la contraception. Avec 2, 1 enfants par femme, le taux de fécondité est le plus bas du monde musulman. Les femmes tunisiennes ont eu le droit de vote dès 1959. En 1981 Bourguiba édicta face à l’islam intégriste un décret interdisant le port du voile dans les administrations, les écoles et les universités et d’une manière générale dans les lieux publics.

La présidence Ben Ali (1987 - 2010) a instrumentalisé la thématique des femmes en lien avec l’islam radical et le terrorisme afin de refuser la liberté d’expression. Il a effectivement du interdire en 1991 le parti islamiste Ennahda mais l’islamisme s’est néanmoins renforcé sous l’influence de courants venus de l’étranger, notamment du ahhabisme saoudien. Si Bourguiba voyait un conflit entre religion et émancipation de la femme, Ben Ali, lui, pensait la complémentarité : l’émancipation de la femme doit se faire dans les limites de l’islam et ne pas les dépasser. La doctrine est limpide. L’Etat tunisien de Ben Ali se réclame d’un « Islam éclairé », « centré sur la modération ».

Etat de la modernisation : Les femmes tunisiennes bénéficient de certains droits mais elles sont soumises à une forte pression de de la société, plus dans les campagnes que dans les grandes villes, plus au sud qu’au nord. Dans les campagnes l’assignation à un rôle traditionnel est plus prégnant. Ce conservatisme est renforcé par la crise économique et par le chômage des femmes. La modernisation est de surface. Et les islamistes ont une responsabilité importante dans la mesure ou ils défendent la complémentarité des rôles et non l’égalité. Sous leur pression, les rues se masculinisent car les femmes doivent se faire accompagner par un homme et les femmes qui vivent seules sont mal vues.

DLR

Les féministes Tunisiennes réclament un Etat laïque et l’égalité des droits
Par Hakim Arabdiou

http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/les-feministes-tunisiennes-reclament-un-etat-laique-et-legalite-des-droits/2524