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Egypte, ne pas se réjouir trop vite ! F Benslama

lundi 8 juillet 2013, par Amitié entre les peuples

Fethi Benslama

NE PAS SE RÉJOUIR TROP VITE… RAISON POLITIQUE GARDER

Ceux qui se réjouissent de ce qui s’est passé en Égypte, momentanément conclu par un coup d’État militaire, devraient tempérer leur joie et prendre un peu de temps pour réfléchir. Ce pays va entrer dans une période très dangereuse, car les forces islamistes, dépossédées du pouvoir, ne vont pas se contenter de faire des prières et caresser leurs barbes. Même s’il fallait mettre un terme au gouvernement désastreux de Morsi, il aurait mieux valu accepter sa proposition, de dernière minute, de former un gouvernement d’union nationale. Les frères musulmans auraient été affaiblis et les démocrates se seraient ouverts des possibilités d’un redressement du pays dans la légalité. Qu’est-ce qu’un démocrate qui se présente dans les bagages des militaires, comme El Baradaï ? Quel avenir démocratique, lorsqu’on arrête des gens pour appartenance au parti qui avait gagné les élections ? Nous revenons au même point calamiteux : ou bien les militaires ou bien les islamistes. C’est ça la révolution ?

Ceux qui espèrent le même scénario en Tunisie, se trompent d’acteurs, de décor et de film. Non pas qu’un soulèvement du peuple soit impossible, mais s’il se produisait, il ne pourrait se conclure par une simple éjection des islamistes du pouvoir à l’égyptienne. Qui le ferait ? Il n’y a aucune force structurée qui serait en mesure de se hasarder dans une telle aventure. Si une explosion populaire avait lieu en Tunisie, ce qui n’est pas exclue, elle affaiblirait considérablement Ennahda, l’obligerait à aller vers un gouvernement d’union nationale, le contraindrait à céder sur les points litigieux de la constitution, ce qui hâterait la tenue d’élections que ce parti pourrait perdre à cause de sa déroute politique. Ce scénario possible est plus proche de la réalité tunisienne. Il aurait pu se réaliser d’ailleurs, après l’assassinat de Chokri Belaïd. Même lorsque la légitimité d’un pouvoir élu est périmée, on ne s’en débarrasse pas n’importe comment. Les Tunisiens doivent garder précieusement la voie politique qui est la leur, ne pas devenir des perroquets égyptiens, ne donner aucun prétexte à la violence qui guette.

F. Benslama • Vendredi 5/07/13.

Le devoir de tamarroud tunisien

La société civile a le droit de s’insurger pacifiquement et d’appeler à la restauration de la légitimité démocratique issue de la révolution, puisque depuis le 23 octobre 2012, l’Assemblée constituante et le gouvernement ne sont plus dans la légalité issue des élections. Ils enlèvent à tous les Tunisiens le droit de choisir ceux qui les gouvernent. Il s’agit donc d’une insurrection pour restaurer un droit fondamental, que le pouvoir a confisqué, et non de changer un pouvoir légitime qui a abusé de sa légitimité comme en Égypte. L’insurrection civile n’a pas besoin de coup de force, celle d’une armée, ou d’une milice, mais peut recourir à des actions de désobéissance, ou à des manifestations spectaculaires régulières. Il faut que les partis politiques cessent de tergiverser et appellent à ce type d’action. Souvenons-nous de Ghandi, de Martin Luther King, de Mandela… Demandons aux petits narcisses qui dirigent ces partis d’arrêter de faire les leaders de pacotille à la télévision et de se décider à sauver la démocratie et le pays. Le pouvoir a peur maintenant, il sue de trouille. C’est le moment. Leaders de tous les partis cessez d’être les dealers de l’illégitimité.

F. Benslama • Dimanche 07/07/13