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Double polarisation : Le 1% d’en-haut contre le peuple-classe 99% et peuple social 90%.

samedi 13 février 2016, par Amitié entre les peuples

Double polarisation : Le 1% d’en-haut contre le peuple-classe 99% et peuple social 90%.

La notion de « double polarisation » date de plus de 20 ans puisque François Chesnais l’a théorisé dans son livre « La mondialisation du capital » (Syros 1994). Au plan économique mondial on constate que la polarisation géographique d’ordre économico-politique entre le Nord (il dit la triade) et le Sud se double d’une polarisation interne à chaque Nation entre sa classe capitaliste dominante et ses travailleurs résidents. Il existe une formule qui résume ce constat « il y a du »nord« au »sud« et du sud au »nord". L’altermondialisme a popularisé à cette fin, le clivage économico-politique entre le 1% d’en-haut dominant et le peuple-classe 99% d’en-bas dominé.

Autrement dit il faut se garder d’une notion simpliste de l’impérialisme qui verrait les Nations du sud totalement dominées par les Nations du nord. Dans cette vision, dite campiste, de la domination impériale on ne voit plus le clivage interne et l’existence des classes dominantes aussi bien au sud qu’au nord. De la « double polarisation » du monde, il ne reste alors qu’une seule « tout le nord contre tout le sud ». On trouve aussi dans le même ordre idée campiste la vision d’un impérialisme des USA (qui ?) contre le reste du monde ! Cette vision du monde est erronée. Il y a bien un impérialisme des classes dominantes des USA (élites politiques et dirigeants des firmes multinationales) mais son peuple-classe n’est pas lui impérialiste.

Les peuples nations du sud sont aussi divisés que ceux du nord. D’une façon différente qu’au nord certes puisqu’on va parfois distinguer, selon les formations économiques et sociales, une classe capitaliste nationale tournée vers la production nationale d’une classe capitaliste dite compradores non seulement tournée vers les marchés mondiaux mais soumise à ces marchés. Cette distinction subtile amène à des solidarités nouvelles avec les « bourgeoisies nationales » en plus de celle à l’égard des peuples-classe 99% .

Au nord on constate aussi une « double polarisation » : les élites dominantes, au plan économique et politique, mènent un politique de domination, d’exploitation contre deux niveaux , d’une part contre 1) le peuple-classe qui représente les 99% d’en-bas et qui est donc, en quelque sorte, l’envers du 1% d’en-haut, que Thomas Picketty nomme dans son dernier livre la « stratosphère » et d’autre part et de façon plus ciblée 2) le peuple social qui représente les 90% d’en-bas. Au sein du dernier décile d’en-haut se trouve une couche sociale très hétérogène faite de cadres supérieurs salariés, de professions libérales, de patrons d’entreprises qui sont très bien rémunérés et qui disposent d’un patrimoine immobilier qui les distingue dit Thomas Picketty des 90% du peuple social . Ces membres du dernier décile sont, pour partie, les classes sociales « relais » ou les « classes d’appui » - pour le dire comme Nicos Poulantzas - du 1% d’en-haut et du système capitaliste.

Au titre des classes sociales d’appui on trouvera aussi, de façon complémentaire, au sein du peuple social (les 90% donc), un petit patronat qui veille à l’accroissement de l’exploitation de la force de travail salarié, notamment par une augmentation du temps de travail (travaillisme) et contre toute idée de nouvelle RTT (réduction du temps de travail). Ce petit patronat souvent victime de la finance soutient politiquement le syndicat des grands patrons - le MEDEF en France - et ses revendications.

Il faut aussi compter parfois avec un effet communautaire d’entreprise qui masque les rapports sociaux internes, un effet « grande famille » qui crée une sorte de brouillage des intérêts divergents, et qui voit dans des petites entreprises les ouvriers et employés suivre leurs patrons plutôt que les syndicats de travailleurs salariés qui agissent pour la satisfactions des intérêts matériels et moraux des travailleurs salariés. C’est ainsi que l’on a pu voir en Bretagne, du temps des « Bonnets rouges », des salariés très exploités, payés entre le SMIC et 2000 euros net par mois, aller en manifestation derrière des patrons payés eux de 2 à 10 fois plus et pour des revendications qui font travailler plus sans être payé plus : du genre 39 heures hebdo payées 35 heures ! Grave manipulation ! L’exploitation de la force de travail salariée est neutralisée idéologiquement par une soumission à la défense des intérêts patronaux.

Enjeux

De cette polarisation peut naître une dynamique vers une autre démocratie (que celle réellement existante), volonté qui va réduire le pouvoir oligarchique d’en-haut pour le transférer beaucoup plus au peuple-classe 99% multicolore, nouvelle démocratie nécessairement combinée à la construction de la justice sociale et donc à la diminution des inégalités sociales produite par le système capitaliste néolibéral qui donne trop de place à la finance.

Christian DELARUE

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