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Division du eux : Elites de service public et élites marchandes et capitalistes.

samedi 11 novembre 2017, par Amitié entre les peuples

Division possible du « eux »

Elites de service public et élites marchandes et capitalistes.

Comme d’autres, à propos de « stratégie contre-hégémonique » je divise souvent un « eux et nous » sur une base VERTICALE soit en-haut (sous des noms divers) et en-bas, le peuple-classe ou les 99% voire pour certains les 90%. Cela se distingue de la division« eux et nous » sur un axe HORIZONTAL : soit « dedans-dehors » ou les nationaux et les étrangers. Ce schéma me servait, en première approche (pas que çà) antiraciste et antifasciste, bien avant les débats récents sur Laclau et Mouffe pour distinguer populisme de droite et populisme de gauche. Mais passons sur ce débat ici. Mieux vaut lire en termes de réflexion stratégique : « La gauche, le peuple et la stratégie contre-hégémonique » (Christian Delarue) - Les blogs d’Attac
https://blogs.attac.org/contre-hegemonie/democratisation/article/la-gauche-le-peuple-et-la-strategie-contre-hegemonique-christian-delarue

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Ici il y a rupture relative avec ce schéma paradigmatique pour penser autrement dans une perspective anticapitaliste et pro-socialiste. Il n’y a pas abandon du principe de conflit vertical, ni volonté de passer à la construction d’un bloc qui serait surtout élitaire avec simplement des classes populaires d’appui au dispositif d’en-haut.

Commençons par une citation d’Olivier Rey (1) : « Appartenir à une élite, c’est aussi savoir qu’il n’y a d’honneurs légitimes que proportionnés aux services que l’on rend, aux devoirs auxquels on s’astreint. Au lieu que pour les prétendues élites actuelles, politiques ou financières, le pouvoir est d’abord une façon de s’affranchir des règles communes. »

Le terme élite ne revoie que très secondairement désormais à son sens ancien d’élite intellectuelle , de penseur, de philosophe de la société ou d’intellectuel organique. Les élites sont surtout les personnes qui occupent le sommet de la hiérarchie, tant dans la société civile que dans l’appareil d’Etat. On use plus souvent de nos jours, à l’exception d’un Thierry Brugvin, (sociologue du CS d’ATTAC) du terme oligarchie (cf « Le règne des oligarchies » d’Alain Cotta - Plon). Mais conservons ici le terme élite qui est plus large .

Je prends comme piste et hypothèse qu’il y aurait à distinguer - avec d’autres critères complémentaires tout à la fois nécessaires mais rendant les convergences difficiles (écologie, antiracisme, antisexisme, laïcité, etc) - au sein des élites entre les élites de service public (et pro-service public) et les élites marchandes et-ou pro-capitalistes. Encore faut-il pouvoir les distinguer !

Servir le mieux que l’on peut la valeur d’usage et la satisfaction des besoins sociaux ce n’est en principe pas la même chose que d’occuper tout son temps à servir la valeur d’échange - autrement dit penser constamment à utiliser ce qui est produit, utile ou non, voire néfaste, pour vendre (marchandisation) et surtout vendre pour faire du profit, de très gros profits s’agissant des firmes multinationales. Dans un cas on a une élite qui sert l’intérêt général dans la mesure ou elle le peut, eu égard au contexte qui fait pression contre, et dans l’autre on a une élite qui se sert d’abord et qui serre les coudes collectivement comme classe dominante. Ici le terme élite venu de la science politique rejoint un certain marxisme ou la sociologie des Pinçon-Charlot.

Autre chose, il y a des élites assermentées qui chaque jour se font un souci de ce qu’est le droit et la justice et essaient de s’y tenir alors qu’elles sont comme les autres : faillibles. Mais un scrupulum (le petit caillou dans la chaussure) leur signale, en fonction de leur expérience professionnelle, les « sorties de route » du droit pour corriger la pratique . A l’inverse, d’autres élites sont elles spécialisées dans le camouflage des malversations pour les firmes multinationales et les très riches. Ainsi, une grande partie des avocats d’affaires gagnent de très gros honoraires à favoriser la dissimulation fiscale.

In fine, on a aussi une mentalité ou une conscience différente en termes de justice sociale : les premières élites sont certes aisées au plan du contenu patrimonial mais ne sont ordinairement pas dans l’obsession d’accumuler des richesses matérielles diverses, contrairement aux autres élites. Ces autres, n’en ont jamais assez, au-delà du « look » qui peut être trompeur .

Le problème politique et stratégique du militant est de repérer ces élites de faire alliance avec une fraction progressiste ou d’émancipation sociale. Ce qui suppose une nette démarcation pas toujours visible dans la « vraie vie », vu d’en-bas ! Il y aurait trop de collusions et de mélange des genre pour une telle mise en oeuvre . A débattre .

D’ou le retour à la démarcation première entre « en-haut et en-bas » qui reflète un écart de position sociale et une difficulté à prendre contact et discuter avec ces élites de progrès social et populaire.

Christian DELARUE
Membre du CA de Convergence des Services publics
(Expression personnelle)

1) Olivier Rey – Le Système, les élites et le peuple – Miscellanées

https://miscellanees01.wordpress.com/2017/01/20/olivier-rey-le-systeme-les-elites-et-le-peuple/

Sur un modèle de service public, des réflexions anciennes :

 Logique du marché contre logique du service public en 9 repères. par Christian Delarue - mardi 27 septembre 2005,

https://local.attac.org/35/dossiers-147/dossiers/Logique-de-marche-Logique-de/Logique-du-marche-contre-logique

 La longue résistance du service public à la marchandisation et axes de rupture. - Attac 35 Ille et Vilaine
https://local.attac.org/35/dossiers-147/dossiers/Logique-de-marche-Logique-de/La-longue-resistance-du-service