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Diffamation de la religion ou le blasphème complément de la laicité.

dimanche 24 janvier 2010, par Amitié entre les peuples

DIFFAMATION DE LA RELIGION OU LE BLASPHEME COMME COMPLEMENT DE LA LAICITE ;

Ce n’est pas Dieu qui importune les mécréants, ce sont les religions !

Les religions n’aiment pas les hommes réels et encore moins les femmes.

Suite de : « Régime de tolérance ou l’affrontement possible des expressions ». C Delarue mardi 9 février 2010

En tant que dispositifs se plaçant au-dessus des humains, de la société civile, voire de la société politique, il importe de les rabaisser à leur juste place. Tel est la fonction de la laIcité et du blasphème par les mécréants. Les deux dispositifs se complètent.

La religion ne va plus de soi partout. Elle est contestée pour son influence . Mais on peut combattre la religion tout en lui accordant la liberté d’existence.Pas trop.

* La religion toujours présente mais toujours contestée.

Sa vocation première consiste d’abord à convaincre de l’existence de Dieu, de son Dieu. L’entreprise allait de soi jadis dans un monde beaucoup plus superstitieux qu’aujourd’hui et sans communication entre les continents donc bien souvent avec une offre monopolistique à savoir un seul Dieu proposé. Mais la mondialisation des échanges a mis les « Dieu » en concurrence. Il y a donc désormais plusieurs religions donc plusieurs « Dieu » avec autant de récits de validation de la croyance. Il n’en demeure pas moins un relatif enracinement des religions.

Petit détail, toutes ces religions si souvent en concurrence se mettent d’accord au moins sur un point capital l’incroyance. Aucune n’aime Darwin ! Peu intègrent le marxisme ou la psychanalyse. Quand aux libertins, ce sont des mécréants.

Ajoutons qu’il ne suffit pas aux religions d’insuffler un mythe il leur faut aussi poser des symboles sacrés et des rituels d’entretien de la croyance . Les religions fonctionnent plus au sacré et aux rituels pour discipliner les esprits et les corps qu’au simple déisme spirituel. Il ne suffit d’ailleurs pas de croire en Dieu comme à une idée supérieure abstraite, il faut adhérer au réctit des croyances. Celle-ci sont enseignés très tôt aux enfants pour incruster le système de croyance global.

C’est pourquoi les grandes religions disposent en général d’un appareil professionnel, très souvent masculin, de diffusion de la doctrine religieuse. Il est aussi chargé du contrôle la bonne application de la doctrine tant en interne qu’en externe. Cette dernière doctrine régit dans le détail les modes de vie et de relation entre hommes et femmes. Mais elle sort du quotidien en posant voire imposant à l’égard de la société civile comme de la société politique ses visions du monde. D’où l’importance de la laïcité pour brider le pouvoir des religions. A défaut sa tendance naturelle est d’occuper tout le terrain normatif.

* Politique variable des religions à dominante conservatrice.

La religion organisée peut produire politiquement et socialement ici ou là, des luttes collectives d’émancipation. Cela a été le cas en Amérique latine avec la théologie de la libération. Cela a été aussi le cas dans les pays de l’Est stalinisés. La portée émancipatrice fut ici très réduite mais réelle. Depuis lors nul ne parle plus d’éradiquer les religions.

Mais elles sont toujours contestées tant au plan du système de croyances qui invalide la raison humaine qu’au niveau organisationnel, puisque une bureaucratie ne vie que pour la reproduction du système de croyances. En outre, les religions ont souvent défendu un ordre moral austère, voire réactionnaire « Travail, Famille, Patrie » qui s’est largement accommodé du capitalisme et de l’entreprise productiviste derrière le travail, du sexisme et du patriarcat derrière la famille, du colonialisme et du sécuritarisme derrière la patrie. Elles ont aussi largement participé à des croisades ou des guerres ou des régimes dictatoriaux.

* Apologie de mécréant pour le blasphème.

Ainsi on peut encore dire en France (mais des textes sont prêts pour les interdire) : je conchie les églises, les mosquées et les synagogues. Ce qui n’autorise pas les bombages racistes sur les bâtiments. On peut dire (mais pas le faire) cracher sur les voiles, les kippas, et les calottes comme sur les képis, les médailles militaires, la cocarde tricolore ! Je pisse sue la Bible, le Coran, la Torah et autres livres sacrés. Tout dépend du contexte . Car le sacré peut et doit être désacralisé et rabaissé pour qu’il ne soit pas imposé aux humains qu’il faut réhausser. Pour réhabiliter les humains, homme et femmes, il est parfois nécessaire de haïr les fétiches.

On reprendre ici avec Jean Ziegler et contre J Bauberot la formule de Jean-Paul Sartre : « Pour aimer les hommes, il faut haïr ce qui les opprime » Et la religion même non intégriste peut et doit être critiquée en ce sens. La réaction critique n’est pas dirigé fondamentalement contre un groupe d’hommes ou des individus mais contre les mécanismes de l’oppression. L’exercice n’est pas toujours aisé. On peut toujours commettre une faute. Il faut alors rectifier le tir.Le droit de caricature de la religion n’est pas plus absolu que le droit de religion. La caricature a des limites.

Christian Delarue

NB : J Bauberot aime à citer A Leroy-Beaulieu et la haine de la religion. Il le fait encore dans un texte récent ou il appelle à une laïcité de sang froid : « En 1902, le politologue Anatole Leroy-Beaulieu montre, dans son ouvrage : Les Doctrines de haine, l’antisémitisme, l’antiprotestantisme, l’anticléricalisme, comment, des deux côtés, on refuse le statut de »vrai Français« à ses adversaires. Pourtant, si les haines de la droite nationaliste sont assumées, la transformation de l’anticléricalisme en doctrine de haine est contraire à l’idéal républicain. Clemenceau le proclame à la tribune du Sénat : »Je repousse l’omnipotence de l’Etat laïque parce que j’y vois une tyrannie. Pour combattre la congrégation, nous faisons de la France une immense congrégation.« Et Aristide Briand prône une laïcité »de sang-froid".