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« Des moratoires sur les dettes, en Europe aussi ! » Samir Abi

jeudi 8 juillet 2010, par Amitié entre les peuples

Samir Abi « Des moratoires sur les dettes, en Europe aussi ! »

http://www.humanite.fr/

Par Samir Abi, secrétaire général d’Attac Togo, membre du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde, présent au FSE d’Istanbul
«  Ce qui se passe actuellement dans toute l’Europe provoque de la frustration jusque dans les pays du Sud. Face aux États-Unis, puissance économique mais dénuée de modèle social, c’est l’Europe qui donnait l’exemple chez nous : on veut une protection sociale, de meilleures conditions de travail. Vos plans d’austérité risquent de fragiliser nos luttes contre des gouvernements qui vont les utiliser pour justifier les politiques menées depuis des décennies. À rebours, on peut regretter que les Européens ne s’inspirent guère des batailles menées dans les pays du Sud contre les plans d’ajustement structurel… Au Nord, les citoyens se contentent d’une solidarité à distance, d’un peu d’aide humanitaire, mais ils ne répondent pas à nos luttes par des luttes. Les politiques d’austérité qui s’annoncent en Europe créent une situation déplorable, mais tout n’est pas perdu si nous parvenons à converger.

Avec le CADTM, nous proposons un moratoire sur les dettes publiques. L’expérience historique nous prouve que les pays qui, à certains moments de leur histoire, ont gagné ce moratoire sont parvenus à s’en sortir, à se développer… On a pu le voir au Mexique, par exemple, qui a profité d’un moratoire il y a des dizaines d’années pour développer des services publics et des éléments de protection sociale. Face à une crise aujourd’hui gigantesque, généralisée et s’apparentant à un véritable cataclysme dans de nombreux pays, nous devons viser la création de moratoires. Cela doit nous permettre d’étudier les causes et les origines de la dette, de faire un grand audit public afin de ne pas reproduire les causes de cette crise systémique… Quelle est la part de dette légitime, qui sert à financer le bien-être collectif, et quelle est la part illégitime, celle de la dette odieuse, qui est utilisée contre nous ? Nous le savons bien et nous le disons en Afrique depuis des années : les banquiers et les rentiers qui ont financé les dettes en Europe comme chez nous ne mourront pas si les États ne les remboursent pas. En revanche, des citoyens du monde entier meurent sous les effets des plans d’austérité liés au remboursement 
de ces dettes.

Propos recueillis par T. L.