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Des axes programmatiques féministes clairs et chiffrés par Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes

dimanche 19 mars 2017, par Amitié entre les peuples

Des axes programmatiques féministes clairs et chiffrés par Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes

L’avenir paraît sombre. Dans un certain nombre de pays d’Europe, les partis d’extrême droite sont à la porte du pouvoir ou en très nette progression. Trump tente de détricoter méthodiquement le peu d’acquis sociaux dont disposent les États-Unien-nes-s. L’époque des révolutions est révolue, l’ère de la réaction est en marche. La France ne manque pas à l’appel de ce futur pas du tout désirable. Marine Le Pen est tellement assurée d’être présente au second tour de la présidentielle que personne ne livre plus bataille, soulignait le Monde dernièrement. Les programmes des candidat-e-s parlent de choses sérieuses : l’Europe et l’austérité, l’avenir de la planète, le changement de République, le partage des richesses, le revenu universel, etc. Une fois de plus, les inégalités entre les femmes et les hommes ne sont pas une priorité programmatique. Tu me vois venir, cher lecteur (pas chère lectrice, j’espère) – « la voilà qui recommence avec ses vieilles lubies ». N’empêche que, au risque de se répéter, les femmes sont 52 % de la population, donc nous sommes la majorité et non pas une minorité ou une catégorie. Que nous sommes depuis des millénaires supposées être inférieures et que l’importance que l’on nous accorde dépend purement et simplement du rapport de forces que les féministes réussissent à créer. Que dans chaque point du programme des candidat-e-s, il devrait y avoir une analyse de l’impact que celui-ci exercerait sur les femmes et les hommes, et des mesures pour assurer une égalité effective. La loi générale de 2010 sur les retraites a, par exemple, plus affecté négativement les femmes.

Les femmes sont les premières touchées par l’austérité, ce sont elles qui constituent la majorité des pauvres… Las, vous avez l’impression d’avoir entendu ce discours cinquante mille fois. Alors, pourquoi accepter de laisser perdurer une oppression, une exploitation, une domination dont on connaît par cœur tous les tenants et aboutissants ? Parce que, entre autres, elle touche personnellement les individus ; parce que, par exemple, rentrer du boulot, quand on a la chance d’en avoir un, pour se poser les pieds sur le canapé, c’est tellement plus agréable que de passer encore quelques heures à assurer les tâches domestiques. La production domestique est évaluée par l’Insee en 2010 à 33 % du PIB, 60 milliards d’heures de travail, ça vous dit quelque chose ?

Bien sûr, il y a des chapitres égalité femmes-hommes dans les programmes, mais ils sont incomplets, parcellaires, ne prennent que très moyennement en compte les revendications des féministes et relèguent une fois de plus les femmes dans un chapitre catégoriel. Nous avons fait grève le 8 mars pour l’égalité et présenté toute une série de revendications. Les associations féministes et des syndicats portent ces revendications. Ce qu’il faudrait faire est donc connu. Une partie du plan de rattrapage des écarts salariaux entre les femmes et les hommes, que nous préconisons, pourrait être financée avec l’argent du Cice, par exemple.

Mais, attention, la présidentielle est un moment propice aux grandes promesses sans lendemain. Les féministes le savent tellement qu’elles ne veulent même pas, cette année, interpeller les candidats, mais décrypter leurs programmes à l’aune de leurs revendications. Il nous faut des axes programmatiques clairs et chiffrés.

Pour terminer, il y en a une qui a compris l’intérêt de parler des droits des femmes, c’est Marine Le Pen, qui escompte gagner des voix ainsi. Son programme sur le sujet est vide, raciste, sans mesure concrète. Elle a gommé tout ce qui fâchait, notamment avec sa nièce Marion Maréchal (revenu parental, adoption prénatale, pas un mot sur l’avortement). Démagogie éhontée…

Alors, à quand un-e véritable candidat-e féministe ?

Comment mettre la transformation sociale à l’ordre du jour des élections de 2017 ? (4) | L’Humanité

http://www.humanite.fr/comment-mettre-la-transformation-sociale-lordre-du-jour-des-elections-de-2017-4-633314